+ de sports
Retour

+ de sports

Xiaoxin Yang, une pongiste en or

JEUX MÉDITERRANÉENS – D’une facilité déconcertante en Algérie, Xiaoxin Yang a offert à Monaco sa première récompense suprême. 

La nuit tombe à Oran. Harassée par trois jours de compétition et un contrôle antidopage de deux heures à la descente du podium, Xiaoxin Yang s’allonge dans son lit et s’endort sans avoir à compter les moutons, la médaille d’or soigneusement disposée sur sa table de chevet.

« J’étais vraiment fatiguée, s’excuse-t-elle dans un large sourire. Je n’avais pas le temps de faire la fête ni de me changer les idées. Je pensais déjà à la prochaine compétition, une semaine après. » Le professionnalisme à son paroxysme. Pas le temps d’apprécier le chemin parcouru, ni la prouesse qu’elle venait de réaliser. 

A 34 ans, la pongiste a remporté le métal le plus précieux des Jeux méditerranéens (25 juin au 6 juillet). Le seul qu’il manquait à la Principauté, récompensée de l’argent à trois reprises (2009, 2018) et du bronze (1963) en quinze participations dans la compétition.

« C’était le meilleur remerciement possible pour le Souverain, Madame Lambin-Berti et toutes les personnes qui m’entourent, insiste la porte-drapeau de la cérémonie d’ouverture. Je savais que Monaco attendait cette médaille. J’étais consciente qu’elle était à portée de main à condition que je maintienne mon niveau. » 

Et depuis sa qualification directe pour les derniers Jeux olympiques, Xiaoxin Yang n’est pas descendue de son petit nuage. La progression se lit dans ses résultats (finaliste du WTT Contender de Tunis) et se traduit par une ascension fulgurante au classement mondial. Positionnée au 44e rang lorsqu’elle composte son ticket pour Tokyo, 32e au sortir de l’édition japonaise en juillet, elle s’est, depuis, installée dans le top 10.

La revanche de Tarragone 

Ses victoires autoritaires en phase de groupes contre l’Algérie et la Tunisie (4-0) témoignent de sa supériorité : « Les deux premiers matches étaient faciles, c’est vrai. Ils m’ont permis de m’habituer à l’environnement et d’avancer dans le tableau sans trop me fatiguer. La France, en revanche, c’était une autre paire de manches. » La Monégasque a bataillé face à Camille Lutz, lâchant deux sets (4-2). Les seuls qu’elle a concédés en huit rencontres. 

Même son adversaire en finale, Jieni Shao (Portugal), a été réduite au silence (4-0). A Oran, il y avait Xiaoxin Yang et les autres. « J’étais la mieux classée, certes, mais mes adversaires n’avaient rien à perdre, rétorque la pongiste. Je suis montée en puissance au fil des matches, je me suis sentie très forte mentalement. J’étais obnubilée par cette médaille d’or que je voulais tant. » 

Il y a quatre ans, elle avait trébuché sur la dernière marche, sèchement battue (0-4). La Monégasque avait accouché dix mois auparavant et s’était présentée en Espagne avec peu d’entraînements dans les bras : « J’ai décliné physiquement à la fin du tournoi. Avec la médaille d’argent, j’avais la sensation de rester sur ma faim. Alors, oui, on peut percevoir ma victoire à Oran comme une revanche de Tarragone, même si je ne peux pas me satisfaire d’un seul succès. » 

Le sujet est clos. Xiaoxin Yang n’est pas du genre à ressasser trop longtemps les vieux souvenirs. Elle préfère aller de l’avant. Ça tombe bien : Paris 2024, c’est demain. Son classement actuel pourrait la dispenser de qualifications. « Je suis très contente d’être 10e, mais si je peux monter encore plus haut, je ne me priverai pas », lance-t-elle avec assurance.

De là à imaginer un parcours fou dans la capitale française, il n’y a qu’un pas. Avec sa pongiste en or, la Principauté a appris à rêver. Et pas seulement à la nuit tombée.

Jérémie BERNIGOLE-STROH et Delphine SAUSSIER

Publié le 08 Juil. 09:12