Amoureux de la Principauté où il réside depuis toujours, le pilote allemand Maro Engel sort d’une année 2024 faste, qui l’a vu remporter de nombreux titres avec Mercedes-AMG. Il rêve désormais de participer aux 24 heures du Mans.
L’avant-veille, il était au Rwanda pour recevoir un prix lors de la cérémonie annuelle de la FIA. Au sortir d’une saison éreintante, il aurait pu céder à la facilité en acceptant l’idée d’un entretien téléphonique pour évoquer son insolente réussite en 2024, année où il a été au sommet de son art. Mais Maro Engel, pilote allemand sacré champion du monde GT pour la deuxième fois de sa carrière avec Mercedes-AMG, tenait à répondre à nos questions en personne, dès son retour à Monaco, sa terre d’adoption depuis 1989. Un pays qui l’a vu grandir, se marier, devenir père, et surtout s’épanouir en tant que pilote qui, à 39 ans, est toujours aussi déterminé à conquérir de nouveaux sommets.
Vainqueur de la Coupe du monde FIA GT, de la Sprint Cup et du titre global du GT World Challenge Europe, troisième du DTM après sept podiums… Le compte est bon ou on oublie des victoires ?
Non, non, le compte est bon. (Il sourit.) Il m’a fallu attendre mes 39 ans pour enchaîner autant de succès, mais j’ai toujours cru en ma capacité à y parvenir. J’ai vécu l’une des plus belles saisons de ma carrière, si ce n’est la plus belle.
Quelles sont les raisons de cet état de grâce en 2024 ?
Je crois beaucoup au travail. Lorsqu’on s’investit pleinement, les résultats suivent. Je ne compte pas les heures d’entraînement. Cette saison n’est donc pas le fruit du hasard. J’ai le sentiment de ne jamais avoir aussi bien piloté que cette année. Même dans les moments où les choses semblaient mal engagées, j’ai su rester dans le coup, et la chance m’a parfois souri.
Si vous ne deviez retenir qu’un seul succès ?
C’est un peu comme demander de choisir entre sa mère et son père. (Il rit.) En termes de prestige, je choisirais le sacre en Coupe du monde, car il a été assez inattendu. Nous avons réussi à gagner avec une voiture qui était, pour une fois, en deçà des attentes. La course elle-même ressemblait à un scénario de film. A deux tours de la fin, j’étais troisième, avec une pénalité de cinq secondes à purger. Les deux leaders imprimaient un bon rythme… jusqu’à ce qu’ils s’accrochent ! J’ai profité de l’aubaine et, sur une piste humide, j’ai réussi à gagner huit secondes d’avance, sur un circuit où les gains au tour se comptent en dixièmes de seconde. Cette victoire est un bel exemple de ma détermination.
Deux semaines plus tard, vous remportez les 6 heures de Djeddah, une course qui vous assure le titre du GT World Challenge Europe.
Le week-end avait mal débuté avec la sortie de piste de mon coéquipier, qui a contraint notre équipe, Mercedes-Winward Racing, à réparer les dégâts dans la nuit. Derrière, on a réalisé la course parfaite. Ce succès a d’autant plus de valeur dans le monde du GT, une catégorie extrêmement compétitive. En GT, le concept de domination n’existe pas, contrairement à la F1 où Max Verstappen a remporté 19 des 22 courses en 2023. Chez nous, vous ne verrez jamais un pilote survoler autant la saison. Les voitures sont presque toutes au même niveau, ce qui rend chaque course imprévisible.
Et à chaque fin d’épreuve, vous rentrez invariablement à Monaco. Quels liens vous unissent à la Principauté ?
Monaco, c’est ma maison. Cela fait trente-cinq ans que j’y vis. J’y ai grandi, je m’y suis marié, j’y ai vu ma fille naître. Je me sens pleinement monégasque, mon cœur est rouge et blanc. D’ailleurs, je pense que la Principauté a en grande partie conditionné ma carrière de pilote.
Pourquoi ?
Comme d’autres enfants attendent Noël toute l’année, moi, je trépignais de revoir les F 1 au mois de mai. J’apercevais les paddocks depuis l’Ecole internationale. En classe, je rêvais des voitures que je voyais défiler à très grande vitesse sous mes fenêtres. Au-delà de ça, j’ai rencontré de très grands champions durant mes années de formation. Des personnalités qui ont marqué ma carrière et ma vie. Monaco influence le sport auto, et son image de marque dépasse le simple cadre de la compétition. Vous n’avez pas remarqué que plusieurs pilotes professionnels sont originaires de la Principauté ? Nico Rosberg, l’un de mes amis d’enfance, a grandi ici, comme Jacques Villeneuve. Sans parler de Charles Leclerc, qu’on m’a présenté au Gerhard’s Café comme un futur champion quand il avait 9 ou 10 ans.
Nourrissez-vous encore des rêves ?
Bien sûr. Je suis d’avis qu’il faut toujours viser haut et aspirer à disputer les plus belles courses du monde, comme les 24 heures du Mans. Ce serait un véritable rêve de participer à cette épreuve légendaire, et de la remporter. Mercedes va faire son retour au Mans après 25 ans d’absence. Je ne sais pas si j’aurai l’honneur de prendre part à l’édition 2025 au volant d’une Flèche d’argent. Mais une chose est sûre, cela reste un objectif et une de mes priorités. Il me manque aussi un titre en DTM, après ma troisième place au classement général cette saison. Vous voyez, il m’en reste, des choses à accomplir !
Propos recueillis par Jérémie Bernigole