La cote de popularité de Joan-Benjamin Gaba, révélation des Jeux olympiques de Paris 2024, a explosé. Le judoka s’en accommode et ne souhaite pas s’arrêter en si bon chemin.
En ce 27 octobre, Joan-Benjamin Gaba décroche rarement son regard du smartphone qu’il tient d’une main, en attendant l’heure de son prochain entretien. Comme si le natif du Chesnay (Yvelines) se sentait tout petit au milieu des stars du sport et du faste monégasque. Une impression qu’il confirme sans ambages : “J’apprécie de me retrouver aux Sportel Awards, à Monaco, mais je n’ai rien à faire ici. Ce n’est pas mon monde.” Il faut croire que si. Le judoka de 23 ans a pris une nouvelle dimension en éclaboussant les Jeux olympiques de Paris 2024 de son talent.
Il a refusé le PSG
Méconnu du grand public malgré une médaille de bronze décrochée aux Championnats d’Europe en avril dernier, celui qui pointait alors au 35e rang mondial dans la catégorie des -73 kg s’est présenté sur la pointe des pieds sur les tatamis de l’Arena Champ de Mars. Il en est ressorti médaillé d’argent en individuel et couvert d’or dans l’épreuve par équipe aux côtés de Teddy Riner et de Clarisse Agbegnenou. “Des gens m’arrêtent dans la rue pour discuter ou me demander une photo. Certains avouent même ne rien comprendre au judo, confie, amusé, le matelot de la Marine nationale. Mais je vous rassure, ma consécration ne change rien du tout, je reste toujours le même.” Une vidéo devenue virale sur la toile, montrant Joan-Benjamin Gaba en train de célébrer sa médaille d’argent… dans un fast-food, atteste ses dires. Dernier exemple en date : en septembre, Le Parisien a rapporté l’intérêt du Paris Saint-Germain, club de Teddy Riner, pour cet espoir du judo tricolore. La tentative s’est avérée vaine, le judoka désormais n°11 mondial prolongeant son contrat avec le Judo Club Chilly-Mazarin Morangis : « Je confirme avoir discuté avec le PSG, mais j’ai préféré rester dans mon club car je suis uniquement intéressé par la performance. Il est important pour moi de me sentir à l’aise dans ma vie d’athlète et d’être libre dans mon fonctionnement. »
Le coup de génie puis la révolte
Cet été, les Français ont été captivés par ce jeune homme hors du commun, à la fois insouciant et audacieux, possédant une confiance inébranlable et prêt à déboulonner les monuments de son sport. Hifumi Abe peut en témoigner : alors que le Japon menait 3-1 contre la France en finale par équipe, le double champion olympique nippon a été balayé par Joan-Benjamin Gaba au terme d’un combat palpitant, celui de la bascule. Révoltés, les Bleus ont finalement triomphé (4-3). “Le geste que j’ai réussi face à Abe (un kata-guruma), je l’ai appris deux semaines avant”, dévoile, hilare, le double médaillé. “Si vous me demandez de le reproduire devant vous, j’en serais incapable.” On creuse un peu le sujet, et l’intéressé finit par expliquer l’origine de ce coup de génie : “J’ai été intrigué par la facilité avec laquelle un judoka exécutait le kata-guruma sur le circuit international. J’ai décrypté le mouvement en regardant des vidéos et, comme je passe mon temps à créer des scénarios dans ma tête, je me suis imaginé le réussir à mon tour en combat. Je me suis même vu inscrire le point décisif grâce à cette technique !” Conscient d’inspirer les enfants, tout comme lui l’a été par le nouvel entraîneur du Judo Club Monaco Loïc Piétri, Joan-Benjamin Gaba vise désormais un sacre olympique en individuel, ainsi qu’un titre de champion du monde “pour confirmer” : “Je suis encore un jeune judoka, je dois continuer à progresser pour devenir un leader. J’ai impressionné les gens aux JO, mais je n’ai pas été surpris de réussir. Je sais ce dont je suis capable. Il me fallait juste du temps et la bonne opportunité pour le prouver au plus grand nombre.”
Jérémie Bernigole
