De retour en juin après le succès rencontré par sa première édition en 2023, la Monaco Slalom Cup a réussi son pari de s’inscrire dans le calendrier du Pro Tour. Place désormais au développement de l’évènement, avec l’introduction d’un concours de figures.
« Nous souhaitons que la compétition perdure. » Lorsque nous avions quitté Alexis Keusseoglou sur les rives du Lac du Vaudois en juin 2023, celui qui portait le projet de la Monaco Slalom Cup avec Grégoire Desfonds rêvait de voir cet évènement international s’inscrire durablement dans le calendrier du Pro Tour. Son souhait a été entendu et exaucé. La compétition organisée par la Fédération monégasque de ski nautique (FMS) et sponsorisée notamment par APM Monaco est revenue pour une deuxième édition avec tout un lot de nouveautés et un prize money alléchant (30 000 $ pour les slalomeurs).
Il faut dire que les commentaires des 35 stars mondiales conviées l’an dernier étaient unanimement élogieux. « Ils nous ont tous fait de bons retours, que ce soit sur les conditions d’accueil, le plan d’eau et l’attention portée aux moindres détails », se félicite Alexis Keusseoglou. « Ça nous a demandé beaucoup de travail, mais le pari a été réussi », complète son père Aleco, patron de la FMS.
Des noms et des champions
Contrairement à l’an dernier, la Monaco Slalom Cup s’est déroulée sur deux jours, toujours en milieu de semaine, les 25 et 26 juin. Un changement nécessaire puisque le programme sportif s’est renforcé d’une nouvelle épreuve très spectaculaire. « On a décidé d’organiser une compétition de figures, qui est relativement facile à mettre en place. De plus, il n’y a qu’une manche professionnelle en Europe, il y avait un créneau à prendre », argumentent les organisateurs.
Les huit meilleurs figuristes masculins et féminins du moment ont donc débarqué dans le Var. Parmi eux, Louis Duplan-Fribourg. « Chaque compétiteur a deux fois 20 secondes pour faire le plus de figures possibles. Le premier parcours consiste à exécuter des sauts périlleux et des rotations au-dessus de la corde qu’on tient avec les mains. Plus la figure est compliquée, plus elle rapporte de points. Le retour se fait avec la corde accrochée au pied. Cela devient un peu plus artistique, ça ressemble à de la danse classique », explique l’Isérois de 24 ans.
En octobre dernier, à Orlando (Floride, États-Unis), Louis Duplan-Fribourg est devenu le deuxième Français de l’histoire sacré champion du monde de ski nautique (en combiné, c’est-à-dire slalom et figure) après le grand Patrice Martin (12 titres mondiaux entre 1979 et 1999). C’est d’ailleurs non loin de Roquebrune-sur-Argens que cette passion familiale pour la glisse a débuté : « Mon grand-père et ma mère quittaient Grenoble pour Antibes durant l’été, et ils ont vu des gens faire du ski nautique. Ils ont essayé et ont adhéré. Ma mère en a fait sans prétention. Avec mes deux petits frères, on s’est retrouvé sur des skis dès nos 2 ans. On a adoré ça et on s’est mis à la compétition. »
Les records du monde ont tremblé
Louis Duplan-Fribourg connaît bien le Lac du Vaudois pour s’y être entraîné « plusieurs fois ». Il n’est pas le seul. « C’est un plan d’eau chargé d’histoire. Les plus passionnés d’entre nous savent que de très bons figuristes se sont illustrés ici par le passé », clame Alexis Keusseoglou.
La nouvelle génération a bien failli en écrire une nouvelle page. En effet, dès la première manche, Matias Gonzalez et Erika Lang ont signé de très gros résultats qui les ont respectivement placés à 310 et à 330 points des records du monde de la discipline. « Chez les hommes, la marque de référence est déjà tombée quatre fois en un an et demi, dont deux fois depuis le mois d’avril, alors que le précédent record datait de 2011, s’extasie Louis Duplan-Fribourg, qui ne s’attend pas à un exploit sur le Vaudois cette année. Les premiers à avoir atteint 10 000 et 12 000 pts sont français (Patrice Martin et Nicolas Leforestier). Notre pays est à la pointe dans cet exercice. Nicolas a inventé au moins 80 % des figures, c’est lui qui m’a tout appris. » L’Isérois a vu juste. Si Lang a amélioré son score au deuxième passage, il demeurait insuffisant pour battre les 11 360 pts qu’elle a compilés en mai 2023.
Gonzalez, lui, s’est imposé en tapant à nouveau 12 410 unités. Le Chilien, 15 ans, s’est déjà fait une place au soleil au sein de l’élite. « Le ski nautique est normalement un sport à maturité tardive, mais la nouvelle vague est très impressionnante. Patricio Font, l’actuel champion du monde en figure, a conquis son premier titre à 17 ans ! » raconte Louis Duplan-Fribourg qui, avec 11 210 pts lors de son dernier passage, décrochera la cinquième place.
Pas de bis repetita pour Winter
A défaut d’avoir un record du monde, Alexis Keusseoglou et Grégoire Desfonds espéraient deux « belles finales » de slalom. Ils les ont eues. Le tour de force de la FMS et des organisateurs, sur cette deuxième édition, aura été de réunir une nouvelle fois l’élite mondiale de la discipline.
Fidèle à elle-même, la n°1 Regina Jaques n’a pas souhaité traverser l’Atlantique tandis que Whitney McClintock Rini, vainqueure l’an dernier, a jeté l’éponge pour blessure. Qu’importe, leurs concurrentes ont profité de leur absence et Jaimee Bull a décroché la timbale. La Canadienne fut la seule participante à franchir une bouée à 55 km/h avec une corde de 10,25 mètres.
Chez les hommes, le suspense a duré plus longtemps car les neuf finalistes ont boxé dans la même catégorie (corde de 10,25 m à 58 km/h), même s’il y avait un monde d’écart entre les quatre premiers et le reste du peloton. William Asher, Cole McCormick et Nate Smith ont rendu la vie dure à Frederick Winter, détenteur de la couronne monégasque. « La première édition avait été fantastique, il aurait été vraiment dommage de ne pas revenir, nous raconte le Britannique avant la grande finale. Je me rends dans tellement d’endroits dans le monde chaque année que je peux vous assurer que cet évènement fait partie des meilleurs. En plus, c’est sur ce lac que j’ai disputé ma première compétition internationale en 2003, j’avais 14 ans et c’était spécial pour moi. »
Vingt-et-un an plus tard, le Vaudois ne lui a malheureusement pas porté chance. En lice pour un second succès de rang, Frederick Winter a pris tous les risques et a chuté dans la dernière ligne droite. Verdict : fémur cassé et une deuxième place derrière l’inusable William Asher et ses 42 printemps (six bouées). Opéré dans la foulée et forfait jusqu’en 2025, le champion du monde en titre est revenu deux semaines plus tard au Centre international de ski nautique de Roquebrune-sur-Argens, sa bonne humeur en bandoulière. Nul doute qu’il arborera le même sourire l’an prochain pour la troisième édition de la Monaco Slalom Cup. « On a une petite idée de nouveauté en tête, mais il faut aussi savoir prendre son temps pour développer notre compétition et la pérenniser. C’est toujours notre ligne directrice », promet Alexis Keusseoglou.
A Roquebrune-sur-Argens, Jérémie Bernigole