Les amateurs du petit écran le connaissent pour sa carrière sur les plateaux télé, mais en plus d’être un sportif accompli, le Monégasque Marc Toesca vient d’ajouter une nouvelle corde à son arc, celle de préparateur mental.
A Monaco, nombreux sont ceux qui ont dû le croiser lors d’une compétition, comme récemment lors du Giru di Natale. Il faut dire que l’ancien animateur du Top 50 a toujours été un féru de sport. Licencié à l’AS Monaco Triathlon ainsi qu’au Monte-Carlo Ski Club, il possède aussi un diplôme d’entraîneur d’athlétisme premier niveau et est initiateur bénévole d’alpinisme. Tout récemment, il s’est attaqué à un autre pan du sport, la préparation mentale. Une belle découverte.
Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à la préparation mentale ?
Lors d’un stage de ski de fond dans le Vercors, le coach d’un club qui s’entraînait là-bas était aussi préparateur mental. Nous en avons discuté ensemble, et la discipline a suscité ma curiosité et mon intérêt. J’ai profité de la période un peu calme du Covid-19 – j’avais du temps devant moi avec les tournages qui se sont espacés – pour faire cette formation.
Combien de temps dure-t-elle ?
Elle dure trois mois pour les plus rapides. Moi, j’ai pris mon temps. Ce sont des modules en ligne, qui permettent de travailler à son rythme. Il faut du temps car l’examen en lui-même dure pratiquement trois semaines. Il y a une première partie QCM et une autre, pratique, qui consiste à accompagner un sportif et ensuite à présenter un mémoire sur ce parcours.
En quoi consistait la formation ?
Elle est très pratique. On nous présente les outils et on nous apprend à nous en servir et surtout à faire les bons diagnostics pour savoir lequel utiliser pour tel ou tel cas.
Ces outils sont-ils à adapter à chaque interlocuteur ?
Les outils sont les mêmes pour n’importe qui. Le cerveau fonctionne de la même manière. On travaille uniquement avec cela, on ne va pas au-delà. On les maîtrise, on sait comment les adapter à chaque personne. C’est simplement la manière dont vous allez proposer des choses qui change. Après, c’est une histoire de confiance entre l’athlète et le préparateur. Parlez-nous de ce métier ? La préparation telle qu’on la connaît aujourd’hui est une discipline récente, reconnue, avec une certification, un diplôme universitaire. Des psychologues ont travaillé dessus vers la fin des années 90, et c’est à partir de 2010 qu’a vraiment été créée cette discipline avec de véritables processus, dont les résultats sont quantifiables et vérifiables. Le sport, c’est quatre piliers : le physique, la technique, la tactique et, enfin, le mental. Le but de la préparation mentale est de travailler sur ce quatrième pilier. Elle sert à accompagner le sportif et lui permettre de réaliser de meilleures performances parce qu’on travaille directement sur sa motivation. Et c’est beaucoup plus complexe que de crier sur l’athlète en lui disant : « Tu ne lâches rien. »
Quels sont les leviers utilisés en préparation mentale ? A qui s’adresse-t-elle ?
Ça touche tout le sportif quel que soit le niveau. La préparation mentale a été élaborée au départ avec les sportifs de haut niveau car ils ont été les premiers à utiliser ce genre de compétence, mais ça s’adresse aussi aux sportifs du dimanche. Le préparateur mental va travailler sur la motivation. Il va faire en sorte que celle-ci soit suffisante pour que la personne n’abandonne pas en cours de route. Il y a six éléments motivationnels différents, on travaille vraiment sur des échelons très particuliers. Il est important que l’athlète ait toujours le bon seuil de motivation, mais aussi la concentration, le niveau de stress, le discours interne, l’imagerie mentale. Ce sont des petits détails.
Quels sont ces six outils motivationnels ?
Il y a notamment l’appartenance – que le sportif se sente bien dans l’équipe ou le club où il évolue – mais aussi la notion de progrès, de compétence, d’autonomie. Ou encore est-ce que son entraînement correspond à ses envies et ses désirs ? Ces petits détails ou plutôt ces sentiments-là font la motivation d’un sportif. Il faut commencer à travailler sur cela. Et créer un lien de confiance entre l’athlète et le préparateur, savoir pourquoi ce dernier est là et l’accompagne. Il faut aussi à un moment ou un autre créer le besoin chez l’athlète ou l’entraîneur de faire appel à ce professionnel. Mais attention, un préparateur mental n’est pas un pompier ou un urgentiste qu’on appelle quand ça va très mal. C’est quelqu’un qui peut faire un suivi tout au long d’une saison et dès qu’il y a une baisse de motivation ou parfois trop de confiance – parce que ça arrive aussi – remet les choses en ordre. Ce n’est pas non plus un psychologue. Il intervient quand le sportif a des doutes ou traîne des pieds, ou que la performance commence à baisser. Mais une dépression, ce n’est pas de notre ressort.
Cette expérience vous a-t-elle servi à titre personnel ?
J’ai compris plein de choses. Le formateur nous a dit que 80 % des gens qui suivent cette formation sont entraîneurs, éducateurs ou travaillent dans des clubs. Les 20 % restants sont des particuliers, sportifs qui viennent découvrir des choses et apprendre pourquoi ça ne fonctionne toujours pas. La formation a donc changé
votre approche ? Oui j’ai essayé des choses sur l’élaboration d’objectifs notamment puisque mon ambition est de participer dans trois ou quatre ans à l’ultra-trail du Mont-Blanc. Je me suis fait mon programme de motivation pour ne pas flancher au milieu.