En marge du Monaco E-Prix remporté par Stoffel Vandoorne (Mercedes-EQ), la Formule E et la Fédération Internationale de l’Automobile ont choisi le cadre de la Principauté pour présenter la troisième génération de monoplace électrique, introduite en course l’an prochain.
Il y a un an, la Formule E nous avait quittés sur une promesse. Celle d’un spectacle, rendu palpitant par 65 dépassements, sur le circuit complet de Monaco. Le premier virage avait été légèrement retouché, comme le n°11, la fameuse chicane du Port. Endroit choisi par Antonio Felix da Costa pour supplanter Mitch Evans (Jaguar TCS Racing) dans l’ultime tour de la course.
« C’était sans doute le dépassement le plus risqué de ma carrière en Formule E », jugeait le pilote portugais de DS-Techeetah, qui s’envolait alors vers sa première victoire en 2021. La cinquième édition du Monaco E-Prix, organisée le 30 avril, a répondu à nos attentes. Il suffisait de voir les tribunes se remplir dans toute la Principauté, l’après-midi, pour déceler le pouvoir d’attraction acquis par cette discipline depuis son lancement en 2014.
Une kyrielle de rebondissements
En règle générale, un E-Prix offre assez peu de processions, quel que soit le tracé emprunté. Mais à Monaco, cette année, il fallait être sacrément concentré pour ne pas perdre le fil. Remportée par Stoffel Vandoorne (Mercedes-EQ), la course a été émaillée par de multiples rebondissements, dont deux neutralisations.
D’abord à cause de l’avarie survenue sur la Porsche du leader, Pascal Wehrlein. La seconde consécutive à l’accrochage entre Oliver Rowland et André Lotterer, occasionnant l’intervention de la voiture de sécurité. Ces faits de course ont ruiné les chances de Jean-Eric Vergne (DS-Techeetah) de décrocher la timbale.
Au déploiement du premier Full Course Yellow, le double champion de Formule E (2016, 2017) venait d’activer son dernier « mode attaque », une aide délivrant 25 kW de puissance supplémentaire. Mauvais timing. Vandoorne, parti quatrième, a profité de la mésaventure du Français. Mercedes tenait là son premier succès en Principauté. « J’ai gagné ici en 2015 en GP2, mais en Formule E, cela ne s’est pas toujours passé comme je le voulais, rappelait le Belge. Remporter une course à Monaco est un sentiment incroyable. »
Lieu emblématique
Les pilotes le crient haut et fort depuis la nuit des temps. A Monaco, « dans le berceau historique du sport automobile » dixit le président-fondateur de la FE Alejandro Agag, tout prend une proportion particulière. Les victoires, les coups d’éclat, les déceptions, les annonces, aussi.
Ce n’est donc pas un hasard que la FE et la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA) aient attendu la manche monégasque et son cadre unique pour dévoiler la troisième génération de monoplace électrique, qui sera introduite la saison prochaine dans le cadre de la neuvième saison. L’acte fondateur de la Gen 3, conçue par la société française Spark Racing Technologies, s’est déroulé dans les salons du Yacht Club, en marge du E-Prix.
Devant une large assistance, dont des pilotes conquis comme Edoardo Mortara (ROKiT Venturi Racing), la voiture, drapée, s’est dévoilée. Adaptée aux courses urbaines de par sa taille revue à la baisse, elle surprend par son allure futuriste. De haut, on jurerait voir une flèche.
Jamie Reigle, le directeur général de Formula E, a chanté les louanges de cette monoplace plus rapide et puissante (pas loin de 500 chevaux) que sa devancière : « A nos débuts, les pilotes devaient changer de voiture pendant les courses pour des questions d’autonomie ! Désormais, la Gen 3, ses 100 kW de puissance supplémentaire et ses 60 kilos en moins, sera vraiment beaucoup plus rapide. Grâce à son plus petit gabarit, elle facilitera les dépassements. C’est une évolution incroyable. »
Moment charnière
On nous promet une vitesse de pointe de 322 km/h. Deux groupes motopropulseurs : 350 kW à l’arrière, 250 kW à l’avant. 40 % de l’énergie utilisée en course issue de la régénération au freinage, permettant une réduction de la batterie. L’utilisation de matériaux recyclés comme la fibre de lin et la fibre de carbone pour une réduction de l’empreinte carbone de plus de 10 %.
Une myriade de changements qui devrait offrir une exposition plus grande à la discipline, qui pâtit du sempiternel jeu des comparaisons avec sa grande sœur, la Formule 1. Ils sont d’ailleurs nombreux, les anciens pilotes de la catégorie reine du sport automobile, à garnir les écuries de FE : Antonio Giovinazzi (ex-Alfa Romeo) cette année, Stoffel Vandoorne (McLaren) ou Sébastien Buemi (Toro Rosso) avant lui.
Face à la cruelle réalité de la F1 et de ses places qui coûtent chères, les jeunes talents tels Nyck de Vries, champion de Formule 2, ou le caractériel Dan Ticktum trouvent refuge dans l’électrique. Un regain de crédibilité pour la FE dans une période charnière de son histoire, à l’heure où elle accuse les pertes de constructeurs comme Audi, BMW et celle, en fin d’exercice, de Mercedes, compensée par l’arrivée de Maserati en 2023.