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Le couple princier donne le coup d'envoi du contre-la-montre final du Tour de France 2024 à Monaco.Le couple princier donne le coup d’envoi du contre-la-montre final du Tour de France 2024 à Monaco.

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CYCLISME – Le Tour de France à Monaco, une fin en apothéose

Vainqueur d’un contre-la-montre à couper le souffle entre la Principauté et Nice, le résident monégasque Tadej Pogacar a mis la main sur un troisième Tour de France, le 21 juillet.

Avec l’incompatibilité d’un sprint final sur les Champs-Elysées en cette année olympique, il y avait une certaine cohérence à voir la Principauté accueillir la dernière étape du Tour de France 2024, le 21 juillet. Principalement car Monaco, terre d’accueil de plusieurs dizaines de coureurs du peloton professionnel, entretient une très longue histoire avec l’épreuve cycliste la plus célèbre au monde. Christian Prudhomme, le patron de la Grande Boucle, ne s’est pas privé de la rappeler à maintes reprises depuis l’annonce officielle en décembre 2022 : « Sans la famille Grimaldi, notre compétition ne serait peut-être jamais repartie en 1947. Un an avant, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, la famille Grimaldi a payé l’hébergement aux coureurs pour une course Monaco-Paris en cinq étapes et, ainsi, l’année suivante, le Tour de France a pu renaître de ses cendres. »

Le cyclisme aime Monaco, et Monaco aime la petite reine. Pour le comprendre, il fallait voir cette nuée de spectateurs se répartir le long du parcours de 33,7 kilomètres qui attendait les 141 coureurs encore en lice après trois semaines à ferrailler sur les routes italiennes (départ à Florence, en Toscane) et françaises. En amont de cette 21e et dernière étape, le préfet des Alpes-Maritimes attendait plus de 200 000 spectateurs à Nice pour le podium. Ils étaient plusieurs dizaines de milliers à vivre leur passion en Principauté derrière 8 000 mètres de barrières, massés principalement sur le boulevard Albert-Ier, où s’élançaient les forçats de la route, mais également près du Casino et aux abords de tous les lieux emblématiques monégasques.

Le Prince et son bob Cochonou

Cette foule enthousiaste répandait sa bonne humeur bruyamment. Les vrais amoureux du vélo – reconnaissables au combo casque-maillot de formation professionnelle et bicycle à la main – côtoyaient gaiement les collectionneurs de goodies ravis de ramener quelques souvenirs à la maison. La tradition a été respectée puisque l’indémodable et très attendue caravane du Tour a traversé le pays. Elle a contribué aux festivités en distribuant porte-clés, couvre-chefs, ouvre-bouteilles ou mets à déguster… Même le Prince Albert II, rejoint par le maire de Nice Christian Estrosi, s’est laissé gagner par la fièvre du Tour.

L’effervescence était telle que la Princesse Charlène a coiffé son époux d’un bob à carreaux de Cochonou, une indémodable marque de saucisson ! « Nous sommes très fiers d’accueillir à nouveau le Tour de France pour une journée historique car c’est la première fois dans l’histoire de la Grande Boucle qu’elle ne se termine pas à Paris ou en région parisienne », a rappelé le Souverain au micro de Monaco Info.

Dans le sillage du Prince, c’est toute une nation qui est entrée dans la danse : dix carabiniers-motocyclistes ont escorté les coureurs pendant que leurs collègues musiciens ont animé l’avant-course en jouant des tubes planétaires, les jeunes de l’Union cycliste de Monaco ont joué dans la cour des grands en reconnaissant le parcours tandis que la parade à vélo « Courons pour la paix » organisée par Peace and Sport a réuni athlètes et personnalités… Pour orchestrer cet évènement de grande ampleur (plus de 120 bénévoles) au cœur d’un été décidément très sportif, un homme : Christian Tornatore. Nommé commissaire général de l’étape par l’Etat, l’ancien directeur de l’Automobile Club de Monaco a tout dirigé de main de maître. Tout a été fait pour que les retrouvailles entre la Principauté et le cyclisme soient parfaites.

Pogacar, le nouveau cannibale

Il faut dire que cela faisait quinze ans que Monaco attendait de goûter à nouveau à la ferveur du Tour. Ville-étape à sept reprises depuis 1939, elle avait été le théâtre du Grand Départ en 2009 avec un contre-la-montre (clm) remporté par Fabian Cancellara devant Alberto Contador et Bradley Wiggins.

De contre-la-montre, il en était encore question cette année pour conclure une exceptionnelle 111e édition. Il n’y avait plus eu d’épreuve chronométrée en bouquet final depuis 1989 et la victoire de Greg LeMond soufflée pour huit secondes à Laurent Fignon, le plus faible écart jamais enregistré entre le premier et son dauphin. Alors tout le monde – Christian Prudhomme et le Prince en tête – s’est pris à rêver d’une épreuve de vérité où l’identité du vainqueur serait révélée à Nice. Raté. On repassera pour le suspense puisque l’insatiable Tadej Pogacar a encore sévi. Vainqueur en 2020 et 2021, le Slovène d’UAE Emirates a ajouté une troisième ligne à son palmarès en archi-dominant son sujet. Le résident monégasque, de plus en plus comparé à Eddy Merckx, a cannibalisé le Tour avec six victoires d’étape dont les trois dernières dans les Alpes-Maritimes. « J’ai su que le Tour était terminé uniquement à Isola 2000 (19e étape). A ce moment-là, j’étais vraiment sûr de gagner, a-t-il avoué en conférence de presse après avoir facilement remporté le CLM sur la place Masséna. A Monaco, je me sentais bien. Je me suis tellement entraîné sur ces routes-là et j’ai tellement reconnu ce parcours que je voulais voir ce que je pouvais réellement faire. »

Au tour de la Vuelta

On a vu : porteur du maillot jaune depuis la quatrième journée,  »Poga-Star » a conclu son été français avec 6’17 d’avance sur Jonas Vingegaard (Visma-Lease a Bike), son rival le plus coriace, et 9’18 sur Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step). A 25 ans, il est devenu le huitième coureur à réaliser le doublé Giro d’Italie et Tour de France, vingt-six ans après le dernier, Marco Pantani. Pour certains de ses compagnons de route, ce Monaco-Nice était une ultime danse. Mark Cavendish, recordman du nombre de victoires dans la compétition (35), a été acclamé, tout comme Romain Bardet, vainqueur de la première étape cette année. « Le scénario de 1989 ne s’est clairement pas produit, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu une étape magnifique, se réjouissait Christian Prudhomme. Ce chrono a mérité le nom d’épreuve de vérité. Les trois premiers finissent aux trois premières places du général. (…) Tout ce que je peux dire, c’est qu’on a été magnifiquement bien accueillis. Ici, il y a tout. La ferveur, la passion, le terrain sportif probant, des paysages à couper le souffle et des noms qui rayonnent au bout du monde. »

Questionné sur les chances d’une nouvelle étape à Monaco, le Prince répondait : « On va laisser quelques années s’écouler, même si nous sommes toujours candidats et restons très proches d’Amaury Sport Organisation (organisateur de l’épreuve) pour les aider et les accompagner dans cette très belle histoire. » Une autre va s’écrire en 2026 avec le Grand Départ de la Vuelta (Tour d’Espagne) depuis Monaco.

Par Jérémie Bernigole 

Publié le 22 Juil. 07:21