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Radoslaw Majecki à l'entraînement.Radoslaw Majecki à l’entraînement.

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FOOTBALL – Radoslaw Majecki : »J’ai saisi ma chance »

Propulsé gardien titulaire en février, Radoslaw Majecki a gardé sa cage inviolée à sept reprises en 12 matches de Championnat. Son assurance a donné un coup de fouet aux résultats de l’AS Monaco.

Arrivé en 2020 en provenance du Legia Varsovie, Radoslaw Majecki entame un quatrième exercice dans les rangs de l’AS Monaco (il a été prêté un an au Cercle Bruges en 2022-23). Mais c’est la première fois que le Polonais de 24 ans prépare la nouvelle saison au Centre de performance dans le rôle de gardien n°1. Concurrencé par Benjamin Lecomte et Alexander Nübel à ses débuts, il s’est imposé face à Philipp Köhn pour garder les buts du club princier à partir du mois de février. Avec un certain succès puisque ses arrêts ont été déterminants dans la qualification de Monaco en Ligue des Champions, qu’il découvrira en septembre comme plusieurs de ses coéquipiers. Discret mais sûr de lui, « Radek » nous a raconté sa nouvelle vie quelques jours après la reprise.

Comment se sent le meilleur gardien de Ligue 1 à l’aube d’une nouvelle saison ?

(Il sourit.) Je ne suis pas le meilleur…
Ce n’est pas ce qu’indiquent les chiffres : avec 7 clean sheets et 10 buts encaissés dans les 12 derniers matches, vous êtes le portier le plus imperméable de la deuxième partie de saison.
Non, non, j’insiste. Peut-être que nous étions, l’équipe et moi, dans une bonne forme, mais (Gianluigi) Donnarumma (le gardien du Paris Saint-Germain) est le meilleur à ce poste. Il n’y a aucun doute là-dessus.

Avez-vous quand même le sentiment d’avoir joué un rôle important dans la transfiguration de l’AS Monaco ?

Oui, bien sûr. J’ai saisi ma chance dès qu’on m’a offert la possibilité de prouver ma valeur sur le terrain. Cependant, il ne serait pas juste de m’attribuer tous les mérites. L’équipe s’est améliorée défensivement et elle a été solide notamment dans les chocs contre le PSG, Lens, Rennes, Brest… Il n’y a que contre Lens que nous avons concédé deux buts (Monaco a également perdu 3-2 à Lyon) mais, au moins, nous avons remporté le match à l’extérieur.

Vous évoquez le PSG et Rennes, deux équipes que vous avez dégoûtées en multipliant les parades…

(Il coupe.) Je ne regarde pas ce genre de statistiques.

Vraiment ?

Oui, ça ne m’intéresse pas. Tant que je n’encaisse pas de but, je suis content. Je ne suis pas le genre de personne qui consulte les données dans le vestiaire après un match et qui cherche à impressionner les autres en ressassant ce qu’il vient d’accomplir. Que je sois dans un bon jour ou non, je reste stable émotionnellement. Je suis content si on prend les trois points en gardant notre cage inviolée, mais je suis déjà tourné vers le match suivant.

Avec le recul, comment analysez-vous vos performances ?

Je me suis senti bien dès le début de la saison. J’ai patienté six mois pour ma première titularisation en Coupe de France. Je n’ai pas été surpris qu’on s’impose à Lens. Je pense d’ailleurs avoir contribué à ce succès. Mois après mois, je sentais une réelle progression de notre groupe de gardiens. Et débuter le match m’a fait du bien.

Vous avez toujours clamé votre ambition d’être le gardien titulaire. Qu’est-ce qui vous a convaincu de rester à Monaco l’été dernier alors qu’Adi Hütter vous avait notifié de votre rôle de n°2 ?

(Il réfléchit.) En toute honnêteté, j’ai envisagé un départ. J’ai pris le temps d’étudier les options. A l’issue de ma réflexion, j’ai jugé bon de rester et de me battre pour gagner ma place (en mai, Majecki a prolongé jusqu’en 2028 avec l’AS Monaco).

Vous sortiez en plus d’une bonne saison avec le Cercle Bruges. Qu’avez-vous appris en Belgique ?

J’ai rejoint ce club pour grappiller du temps de jeu. Après des débuts compliqués, nous avons gagné sept matches consécutivement et atteint les playoffs pour une qualification en Coupe d’Europe. De mon côté, j’ai disputé un total de 37 matches. C’était une bonne saison durant laquelle j’ai gagné en expérience. Le Championnat belge est d’un bon niveau, les adversaires sont coriaces et les conditions météorologiques, souvent capricieuses, n’arrangent rien.

Comment rester motivé à l’entraînement quand on entame une nouvelle saison comme remplaçant ?

Je l’ai toujours été. Je suis de nature résiliente. Tout ce que je pouvais faire, c’était continuer à m’entraîner dur. Je gardais à l’esprit que j’étais jeune et que ma marge de progression était grande.

Quelle importance revêtait ce match de Championnat contre Lens ?

Une importance capitale. Aller à Bollaert n’est jamais facile car tu te bats contre Lens, une très bonne équipe, et son public qui va pousser très fort contre toi. J’y ai joué deux matches très importants en l’espace d’un mois et on a gagné chaque rencontre sur le fil, aux tirs au but en Coupe et 3-2 en Championnat.

Est-ce dur pour un gardien remplaçant de se remettre dedans après plusieurs mois sur le banc ?

Oui, mais ça fait partie de mon travail. Ce n’est pas toujours évident d’être le deuxième gardien. Mentalement, tu dois te préparer à reprendre du service en sachant que c’est une occasion unique de prouver ta valeur.

Quelle a été votre réaction lorsque Hütter vous a informé de votre titularisation au détriment de Philipp Köhn ?

J’ai géré la situation avec une certaine expérience car j’ai endossé ce rôle pendant deux saisons. J’étais prêt car je devais l’être. A notre poste, des aléas comme une blessure ou un carton rouge peuvent arriver. Un gardien remplaçant ne peut pas se permettre de relâcher la pression. Il doit immédiatement montrer qu’il est à la hauteur du titulaire. Dans mon cas, c’était un choix de l’entraîneur. Je ne pouvais donc pas être en désaccord avec lui. (Il sourit.)

Il y a quelques semaines, il vous a décrit comme un gardien « fantastique »…

(Il coupe en plaisantant.) Il dit ça à tous ses joueurs.

… mais il a aussi affirmé que vous débuterez la saison comme n°1 dans les buts. C’est plutôt une bonne nouvelle, non ?

Forcément ! Sentir que le staff et l’équipe ont confiance en toi est un sentiment incroyable.

Encore plus lorsqu’on est gardien ?

Bien sûr. Je ne peux pas parler à la place d’un défenseur mais, selon moi, un gardien de but a encore plus besoin de savoir qu’il est soutenu par son entraîneur et ses partenaires.

Diriez-vous que c’est un poste spécial ?

Oui, principalement car nous sommes les seuls joueurs sur le terrain à pouvoir nous saisir du ballon avec les mains. (Il rit.) Plus sérieusement, on ne peut pas jouer seulement dix minutes d’un match contrairement aux autres postes. Dans un effectif comptant trois gardiens, un seul disputera la grande majorité voire la totalité des rencontres. Et ce, même si son remplaçant est aussi bon que lui.

Pensez-vous aussi être jugé différemment des autres joueurs ?

On n’a pas le droit à l’erreur car elle se voit directement et offre un but à l’équipe adverse. Si un attaquant se rate, il peut se rattraper à la prochaine occasion. Je pense que seules les personnes dotées d’une forte personnalité peuvent occuper ce poste.

Comment êtes-vous devenu gardien ?

J’avais dix ans quand l’entraîneur du club de ma ville a dit à mes parents qu’il cherchait des joueurs et plus spécifiquement un portier. J’étais plutôt grand, donc je suis allé à un entraînement et je n’ai pas vraiment eu mon mot à dire.

Vous auriez préféré essayer un autre poste ?

Non, ça m’était égal. Je voulais juste jouer au football. Je n’ai jamais regretté d’être gardien, j’aime cette position.
Elle vous a mené jusqu’à Monaco et la Ligue des Champions, une compétition que vous allez découvrir cette année.

Comment l’abordez-vous ?

J’ai hâte. Ce sera une très grande expérience pour notre jeune équipe. Qui a déjà joué en Ligue des Champions parmi nous ? (Aleksandr) Golovin, (Breel) Embolo, (Takumi) Minamino, (Denis) Zakaria*… On sera nombreux à la découvrir. Je pense que le club, les joueurs et le pays attendent la C1 avec impatience.

Quelle est la prochaine étape pour vous ? Retrouver la sélection nationale ?

On verra. Je pense qu’un gardien jouant la Ligue des Champions a plus de chance d’être appelé, mais c’est au sélectionneur de décider. Tout ce que je sais, c’est que toute nouvelle saison est une nouvelle page à écrire.

* Phillip Köhn, Thilo Kehrer, Mohamed Camara et Krépin Diatta ont également joué en Ligue des Champions

Propos recueillis par Jérémie Bernigole

Publié le 15 Juil. 07:19