Bien qu’elle ait rangé son vélo, Marie Patouillet, double médaillée paralympique à Paris en para-cyclisme, assure qu’elle poursuivra son engagement pour un sport plus inclusif.
Lorsqu’elle se présente dans la zone média du Sportel le 27 octobre, la néo-retraitée Marie Patouillet confie « ne pas être redescendue de (son) nuage » depuis ce jour de septembre où elle a conclu en apothéose sa carrière sur un titre paralympique en para-cyclisme sur piste (poursuite C5), décroché devant les siens à Paris : « J’ai décidé à la fin des Jeux de Tokyo que l’édition 2024 serait ma dernière compétition, afin de ne pas connaître un atterrissage trop brutal à la sortie de celle-ci. Aujourd’hui, le champ est libre, et ça me fait du bien. » La Versaillaise, « encore dépendante aux endorphines sportives », ne parvient pas à se défaire de cette activité physique journalière de trente minutes voire une heure, plus par besoin – « Mon corps me le réclame » – que par envie. Pour preuve, Marie Patouillet n’est toujours pas remontée sur son vélo depuis sa dernière victoire dans la capitale française et le baiser qu’elle a donné à sa compagne, Soraya Garlenq.
Médailles collectives
La militante LGBT a également respecté une autre de ses résolutions : « Je me suis interdite de reprendre mon métier de médecin avant janvier, afin de me donner le temps de gérer mes émotions. On ne sait jamais comment on va réagir après un événement aussi exceptionnel. » Les Jeux paralympiques se sont déroulés comme dans un rêve, pour elle comme pour la délégation française, qui a remporté 75 médailles, meilleur résultat depuis Sydney 2000. Marie Patouillet a eu l’honneur de débloquer le compteur des Bleus avec la deuxième place du contre-la-montre. Cela faisait huit ans qu’une Française n’était plus montée sur un podium paralympique. « Mes deux médailles représentent l’alignement et l’apaisement. Un mois avant les Jeux, je me sentais sereine. Je n’avais aucun objectif de podium, je voulais simplement vivre un moment de communion avec le public. » Elle l’a vécu pleinement. Les spectateurs et les médias ont répondu présents. Pendant deux semaines, il était possible de regarder de la boccia, du cécifoot ou du rugby-fauteuil à tout moment sur une grande chaîne nationale, et d’observer des enceintes bondées et un enthousiasme loin d’être feint. De ce fait, les médailles de Marie Patouillet « sont devenues collectives ». « Au-delà de nos performances, les Jeux ont été une fête sportive incroyable. Nous, les athlètes, avons passé le message que le sport n’avait pas de limites, qu’il avait cette faculté à s’adapter à tout type de corps et de handicap. »
De la surveillance à l’action
Mais la championne le reconnaît : « Il y a encore du travail à faire, surtout à Paris. » Elle déplore l’impossibilité pour une personne se déplaçant en fauteuil d’emprunter le métro. « La RATP nous a démontré qu’il était possible de disposer de bus bien plus inclusifs, avec davantage de places pour les fauteuils. J’espère que cela fera partie de l’héritage de ces Jeux. » Son engagement demeure inébranlable. Marie Patouillet, qui est devenue l’une des nouvelles égéries de Dior, se charge de veiller à ce que l’enthousiasme suscité ne s’estompe pas, que le déclic se concrétise dans la réalité. Comment entend-elle s’impliquer maintenant qu’elle est retraitée ? « C’est encore un peu flou, mais je prévois de rencontrer les instances pour définir mon champ d’action. Je m’exprime déjà dans les entreprises, auprès des associations et lors de diverses manifestations. Je suis déterminée à m’investir pour continuer à réfléchir, à déconstruire, à partager ces valeurs et à faire en sorte qu’elles ne tombent pas dans l’oubli. » La lutte se poursuit.
Jérémie Bernigole