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Sonny Folcheri aux Championnats d'Europe de cross country à Turin en décembre 2022.Sonny Folcheri aux Championnats d’Europe de cross country à Turin en décembre 2022.

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Sonny Folcheri, au bout de ses envies

Sonny Folcheri participera à ses troisièmes championnats du monde de half Ironman à Lahti en Finlande le 27 août. Une affaire rondement menée par l’athlète monégasque multicarte.

Il y aura un Monégasque aux Championnats du monde Ironman 70.3 organisés cet été en Finlande. Sonny Folcheri, 35 ans, s’envolera pour Lahti en août afin de prendre le troisième départ de sa carrière dans l’épreuve phare du triathlon half-distance (1,9 km de natation, 90 km de vélo et 21,1 km de course à pied). « Je ressens beaucoup de plaisir de pou- voir participer à cette grande fête, dit le sociétaire des Triathlètes du Soleil en commandant un espresso sur la Place d’Armes. C’est un privilège énorme de courir au milieu des meilleurs mondiaux. »

Pour parvenir à ses fins, le méticuleux Monégasque s’est mis en quête de dénicher la perle rare parmi les – toujours plus – nombreux meetings de la World Triathlon Corporation. Boudée par les triathlètes européens qui rangent leur combinaison en octobre, l’épreuve égyptienne, organisée en novembre sous le soleil de la station balnéaire de Sahl Hasheesh, réunissait toutes les conditions : « J’ai étudié les résultats de la précédente édition pour avoir un aperçu du niveau. La catégorie des 35/39 ans était dense. J’avais cependant toutes les raisons de croire en mes chances pour attra- per l’un des sept strapontins délivrés pour les Championnats du monde. »

Touche-à-tout

Comme à son habitude, l’ancien journaliste devenu attaché de presse de la Direction de la Communication n’a pas laissé de place au hasard en poussant sa préparation jusqu’au creux de l’automne. En débarquant sur les bords de la mer Rouge une semaine avant l’événement, il s’est permis de reconnaître dans son intégralité le parcours à vélo, disputé sur une autoroute fermée.

Des petits détails qui ont fait la différence. Le 18 novembre, à l’arrivée de l’épreuve de course à pied, sous le regard fier de ses parents, Sonny Folcheri a signé le quatorzième temps du général et le sixième de sa catégorie. Une performance synonyme de qualification pour Lahti. Et une joie à double titre.

Imperméable à la pression, l’athlète attend sereinement de connaître sa troisième expérience aux Championnats du monde Ironman 70.3 après Port Elizabeth (Afrique du Sud, 825e sur 2 346 en 4:46’23) et Nice (1 943e sur 5 030 en 5:18’22). Il va, en prime, assouvir ses envies de voyage en découvrant un nouveau pays. Le Monégasque se donne les chances de bouger, sa multidisciplinarité assumée l’envoyant régulièrement sous de lointaines latitudes : « Ce côté touche-à-tout me convient car je déteste la monotonie dans l’entraînement. »

Six star medal

Sonny Folcheri jongle entre les pratiques et vit ses pérégrinations en famille ou entre amis. Parmi ses accomplissements, on pourrait citer le trail « champêtre » SaintéLyon (78 km de nuit) ou les Mondiaux de semi-marathon qu’il a courus à Valence (Espagne) en 2018 et Gdynia (Pologne) en 2020 sous l’égide de la Fédération monégasque d’athlétisme. Depuis 2016, la FMA l’engage également sur les Championnats d’Europe de cross.

« Je sais que je n’ai aucune chance de gagner car ce n’est pas ma spécialité et parce je suis l’un des seuls coureurs qui retourne au travail le lendemain de la course, mais je me donne à fond pour mon pays et je prends du plaisir. Je mesure bien ma chance. D’ailleurs, je conserve tous mes dossards et les donne à mes parents et à ma grand-mère », raconte le représentant de la Principauté, qui a pris la 77e place de l’édition 2022 disputée près de Turin en décembre.

S’il franchit la ligne d’arrivée du marathon de Tokyo en mars – il aurait dû le courir en 2020 -, il deviendra le deuxième Monégasque après Pascal Camia à revendiquer la Six star medal, une récompense attribuée aux personnes qui bouclent les six marathons les plus prestigieux au monde (Chicago, New York, Berlin, Boston et Londres).

Une prouesse de plus pour le recordman national de la course de 42,195 km (2:49’31 à Séville en 2016) [Edit du 9 mars : marque améliorée à Tokyo en 2:44’45]. Passionné de cyclisme, il a relevé, cet été, le défi des 7 Majeurs à vélo avec ses amis : en deux jours, ils ont avalé 404 kilomètres (10 465 m de dénivelé) et escaladé les cols hors catégorie des Alpes du Sud entre la France et l’Italie, rejoignant ainsi la Confrérie…

Fraîcheur physique

Et la liste devrait s’allonger puisque d’autres manifestations lui font encore de l’œil. Il rêve à voix haute de la Norseman, considérée comme le « triathlon ultime » en Norvège. Une course pour Scandinaves fêlés, qui comprend un saut dans un fjord et son eau à 12°C. « Mais le froid est un problème majeur », confesse Sonny Folcheri avec un rictus.

Les Mondiaux d’Ironman (3,8 km de natation, 180 km de vélo, 42 km de course à pied) à Hawaï, berceau historique de l’épreuve, le tentent bien aussi. Lucide, il s’est fait une raison : « On y accède par qualification et je n’ai pas le niveau. Cela demande un dévouement sans faille. »

Il a déjà tenté de se priver afin de préparer « idéalement » l’Ironman de Nice en 2017. Il a vécu « en ermite pendant six mois » sans que ses privations n’influent sur le résultat final. Ce n’est pas son truc, lui, l’épicurien qui dit rarement non à une gourmandise.

Le temps faisant son affaire, il passe doréna- vant entre les mains d’un kiné chaque semaine. « Je ne me fixe aucune date d’arrêt. Peut-être que je serai toujours à fond dans cinq ans, mais c’est un sport très chronophage. » En attendant de fonder une famille, il trouve sa félicité dans l’effort.

Début janvier, il a battu son record à la Prom’Classic (10 km en 34’16) sous la bannière de l’AS Monaco Athlétisme. Avant les Championnats du monde Ironman 70.3 en août, Sonny Folcheri a coché quelques dates sur son calendrier. « Outre Tokyo, je vais faire un half à Rapperswil-Jona (Suisse) le 11 juin, puis le marathon du Mont-Blanc deux semaines plus tard avec un ami », planifie l’athlète.

Il finit son café et nous lance, avant de partir : « Je récupèrerai un exemplaire du magazine pour ma grand-mère, ça lui fera plaisir. » On a oublié de lui demander de quelle manière il compte effectuer la livraison : en marchant, en courant ou en roulant ?

Jérémie BERNIGOLE-STROH

Publié le 09 Mar. 14:50