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Rinaldi / Vain : « Fiers d’avoir pu emmener Monaco à un tel niveau »

Rudy Rinaldi et Boris Vain reviennent sur leur remarquable 6e place en bob à 2. Beaucoup d’émotions, de joie, un grand soulagement et le devoir du travail accompli pour les Monégasques. Vingt-quatre heures après leur 6e place en bob à 2, une performance qui fera date dans l’histoire du sport monégasque, Rudy Rinaldi et Boris Vain se sont confiés.

Réalisez-vous que vous avez terminé 6e des Jeux olympiques ?

Rudy Rinaldi : « C’est extraordinaire. C’était vraiment une super course. Merci à notre Fédération et au Comité olympique monégasque qui nous ont soutenus. »

Boris Vain : « C’est assez incroyable. Je ne réalise pas trop encore. La pression est un peu en train de redescendre. On va s’en rendre compte quand on va rentrer sur Monaco. »

Vous vous imaginiez réussir une telle performance ?

RR : « Il y a deux ans non, cette année oui. C’était notre objectif de faire notre meilleur résultat sur cette course. Au final, on l’a fait. On savait que ça allait être très dur avec un très gros niveau. On y croyait un peu au fond de nous-mêmes. »

BV : « Monaco n’est pas un pays de sports d’hiver, même s’il y a une belle histoire olympique écrite par le prince Albert II en bobsleigh. On se bat contre les Allemands, les Autrichiens, les Suisses, les Russes, des nations fortes habituées aux disciplines hivernales. Nous, à côté de ça, il faut être réaliste, on n’est rien. Avec ce résultat, on a montré qu’on pouvait rivaliser avec ces grosses nations, c’est juste fabuleux. »

Si on avait dit avant les Jeux que vous auriez terminé 6e, vous auriez signé ?

RR : « Clairement. Après on a travaillé dur pour arriver là, c’est donc mérité aussi. »

Quels sont vos sentiments après ces deux jours de compétition ?

RR : « Un soulagement et un bonheur d’avoir fait le travail et une fierté d’avoir pu emmener Monaco dans une bataille olympique. C’était très excitant pour nous. »

BV : « Beaucoup de joie et un immense soulagement aussi. Il y a 16 et 18 mois, on était tous les deux sur un lit d’opération. On ne savait pas comment on allait sortir de là. Toutes ces journées d’entraînements, de stress, de doutes, ces séances de kiné, d’ostéopathie… Personne ne peut s’imaginer tout ce que l’on a enduré et fait pour revenir. Quand on s’investit autant dans une partie de sa vie pour réaliser des objectifs sportifs et que ça paie, c’est une sensation inimaginable. On ne s’est pas battus pour rien, on n’a pas serré les dents pour rien. A l’arrivée, c’est fantastique ! »

Vous avez échoué à quelques dixièmes du podium…

RR : « Après la 3e manche on y croyait encore un peu, surtout après le 4e temps que l’on avait signé. Après la 4e manche on a bien vu qu’il n’y avait aucune chance. Au final, il n’y a pas de regrets. »

BV : « Après la première journée, on n’en a pas trop parlé. Deux dixièmes, ce n’est pas beaucoup, donc on y pensait forcément un peu. Après on savait que l’on se battait contre une armada allemande avec des moyens incomparables par rapport à nous. C’est un rouleau- compresseur. Les Allemands ont remporté les trois premières places, c’est historique. »

Dans quel état d’esprit étiez-vous avant ces deux jours de compétition ?

RR : « On se sentait en forme, on n’était pas stressés. Les conditions étaient très bonnes. »

Vous étiez 5e après la 3e manche. Avant la 4e et dernière manche, vous vous êtes dits quoi ?
RR : « Qu’on avait vraiment rien à perdre. »

BV : « Jamais on n’a regardé les noms qui étaient derrière nous. Cela prouve la mentalité dans laquelle on était. On était fixés sur ceux devant nous. On était en mode guerriers. »

Quelle a été votre première réaction après la 4e manche ?

RR : « J’étais un peu déçu car je savais que j’avais commis une erreur. Il y a eu un mélange d’émotions entre soulagement, déception et joie. »

BV : « Du soulagement par rapport au travail accompli. Malheureusement, on était deuxièmes, on avait perdu une place. De la frustration aussi, on n’a pas pu laisser exploser notre joie. On aurait aimé prendre une photo avec le drapeau, avec des sourires, mais ce n’était pas simple à ce moment-là… Après, on a passé un super moment tous ensemble, dans le garage, autour du bob, avec une très belle communion d’équipe, ce sont des souvenirs très forts. »

Tout Monaco vous a poussé, tout le monde y a cru ?

RR : « J’étais très agréablement surpris de voir toutes ces personnes derrière nous, ça nous a fait un bien fou. Je m’excuse car à l’issue de la dernière manche j’aurais aimé afficher un sourire et faire un coucou à tous à Monaco. »

BV : « On ne s’y attendait pas. On a pu se rendre compte à quel point c’est important d’être soutenus par son pays. On a reçu de très nombreux messages sur les réseaux sociaux, les journaux locaux nous ont suivi… C’est vraiment très touchant et ça nous a donné énormément d’énergie. »

« A des années-lumière avec les Allemands au niveau du matériel »

Après la déception de 2018, votre progression est énorme ?

RR : « C’est la continuité de ce que nous aurions dû faire plus tôt, nos blessures ne nous l’ont pas permis. »

Après 2018 et 2022, jamais deux sans trois en 2026 pour viser encore plus haut ?

RR : « Dans ma tête, je suis venu ici comme si c’était ma dernière course car mon corps, malheureusement, me dit stop de jour en jour. Personne ne peut comprendre la douleur que j’ai tous les jours et le travail que ça demande pour rester à ce niveau-là. Pour l’instant, j’ai besoin de faire une pause. Je verrai après. Que je continue ou pas, j’aurai tout donné. »

BV : « Depuis PyeongChang (2018), j’ai comme projet de devenir pilote. Je sais que ce ne sera pas évident. On verra bien. Je suis content d’avoir écrit avec Rudy cette très belle page lors de ces Jeux de Pékin. »

Que vous a-t-il manqué pour essayer de décrocher une médaille olympique ?

RR : « Une bonne santé physique régulière, des enchaînements de course pour toujours progresser et se battre et aussi la part du matériel. »
BV : « La poussée nous faisait défaut. On y a beaucoup travaillé et on a d’ailleurs signé le 4e meilleur temps. Au niveau de la préparation du matériel, on est à des années-lumière des Allemands. L’Institut de recherche et de développement des technologies du sport (FES) est un établissement berlinois développant depuis plus de trente ans des programmes sportifs qui intègrent les progrès réalisés dans les technologies de pointe. Il est subventionné par l’État, avec des centaines d’ingénieurs qui se consacrent au bobsleigh, ski alpin et de fond, vélo de course, kayak… Nous, quand on développe des choses, c’est Bruno Mingeon notre coach, qui fait un boulot de fou, qui est dans son garage, avec une clef, pendant que les Allemands sont sur des ordinateurs pour configurer des profils aérodynamiques. »

Avec le concours de Stéphan Maggi / Comité Olympique Monégasque

Publié le 16 Fév. 14:12