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Eric Gorjux au Café de Paris le 8 mars.Eric Gorjux au Café de Paris le 8 mars.

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Qui es-tu, Eric Gorjux ?

A chaque numéro, Code Sport Monaco vous propose de découvrir les personnalités du sport de la Principauté sous un autre angle. Eric Gorjux, directeur général du Café de Paris et motard, s’est prêté à l’exercice du « Qui es-tu ? ».

Votre premier sport ?

Le handball et l’athlétisme à l’école. J’étais assez performant en saut en longueur et en lancer de poids avec l’UNSS. J’ai participé à quelques compétitions au collège en Corse. J’aimais me dépenser physiquement, même si j’étais déjà attiré par le sport mécanique.

Pourquoi ?

Mon père étant un ancien pilote de rallye, j’ai grandi dans cet univers. Par la suite, j’ai développé une passion pour la moto. Mes parents tenaient un commerce, je les aidais à la seule condition qu’ils m’achètent une moto-cross à la fin de la saison. J’avais 11 ou 12 ans. Ils ont tenu parole et, le jour-J, mon père m’en a offert une… en panne ! Il m’a appris les rudiments de la mécanique : démonter un moteur, changer un piston… Une fois la moto remise en état, j’ai arpenté les terrains en Corse.

Ce que vous aimez le plus dans votre discipline ?

C’est la sensation de vitesse, la recherche d’adrénaline et en même temps la maîtrise. La piste est une bonne école car les courses aident à prendre conscience des dangers sur une route normale. Je roule tous les jours sur une Ducati Streetfighter V4 S (210 cv). Je vous assure qu’on réfléchit à deux fois avant de doubler ou d’accélérer. Les deux-roues sont toujours les plus vulnérables dans un accident.

Eric Gorjux au Ducati Riding Experience avec Dario Marchetti.
Eric Gorjux au Ducati Riding Experience avec Dario Marchetti.

Votre rapport à la compétition ?

J’ai participé à plusieurs courses de moto, que ce soit du cross, de la route ou, plus tard, de la piste. C’est encore une autre facette du pilotage où l’on atteint des vitesses démesurées. On dépasse largement les 300 km/h. Comme j’aime les challenges, je me rendrai le 18 juin à Misano (Italie) pour le Ducati Riding Experience. Dario Marchetti, un ami très proche et ambassadeur Ducati, est le patron de cette école de pilotage. En juin, nous serons encadrés par Chaz Davies, un ancien champion de superbike.

Votre premier souvenir sportif ?

Mon premier Grand Prix de Monaco dans les années 70, à l’âge de 3 ou 4 ans, sur les épaules de mon père. Je me souviens même de l’endroit, en descendant de la Condamine pour aller à la Rascasse. J’avais les oreilles qui tremblaient malgré le casque. A l’époque, les voitures faisaient un bruit énorme, à la fois oppressant et euphorisant.

Le meilleur ?

Une victoire d’Ayrton Senna à Monaco sous une pluie torrentielle. Mon pilote préféré venait d’éclore dans des conditions dantesques.

Et le pire ?

(Du tac au tac) Son décès… J’ai une petite histoire avec Senna. En 1992, je travaillais au Monte-Carlo Bar. Ayrton faisait son footing et, un jour, il s’est arrêté pour me demander un sandwich au fromage. Contrairement à mes collègues, qui étaient habitués, je tremblais en le servant. Par la suite, chaque fois que je le voyais courir, je tapais à la fenêtre. Un jour, j’avais même mis un tee shirt à son effigie ! (Il sourit.) En 1993, il est venu non pas pour un sandwich, mais pour m’offrir un pass GP pour le paddock. C’était son dernier Grand Prix de Monaco, il ne le savait malheureusement pas. Je me souviens exactement de ce que je faisais le jour de sa mort. J’étais seul chez moi, devant la télé. J’ai fondu en larmes. C’était un moment très triste. A l’époque, j’étais fou de deux sportifs : Senna et Michael Jordan. J’ai assouvi mes rêves en rencontrant les deux.

Le meilleur sportif de l’histoire ?

Mon avis n’évolue pas d’un iota : Jordan et Senna. Pour moi, ce sont des icônes indétrônables. Maradona peut éventuellement s’inviter dans la liste. Le point commun entre les trois est leur fort caractère. J’aime ce côté sombre.

Le sportif et/ou la sportive qui vous a inspiré ?

En moto, j’ai eu la chance de côtoyer des gens très performants, qui allaient très vite. Un ami, Jean-Jacques Lovichi, natif d’un village au-dessus du mien, a terminé deuxième du Bol d’Or et a disputé d’autres courses à haut niveau. C’était la référence dans la région, il était perçu comme le pilote le plus rapide de l’île. J’ai également été inspiré par les pilotes de rallye comme Michèle Mouton. Quand elle venait en Corse, elle passait dans notre bar car mon père travaillait pour elle comme ouvreur. C’était la première femme à disputer le championnat du monde WRC, le Groupe B à l’époque. En 1982, le titre lui échappe à la dernière course pour pas grand-chose…

Le métier que vous rêveriez d’exercer ?

Team Manager d’une grosse équipe de MotoGP. J’aime tous les aspects de ce job qui possède des spécificités communes avec le mien : planifier, s’assurer que tout roule, chercher des sponsors… Je fais le parallèle avec le service. Être performant le jour-J nécessite une grande préparation : il faut avoir une bonne équipe, beaucoup de communication…

Vos autres passions dans la vie ?

La montagne et la musique. Quand je cherche le calme, je m’évade dans les sommets. Je vais marcher, faire du vélo. Et la musique car je suis DJ. Ça ne se voit peut-être pas. (Il rit.) J’ai mixé dans des soirées électro pendant quinze ans avec des pointures comme Carl Cox.

Votre plus grand rêve sportif ?

J’adorerais prendre part à une course de Porsche Supercup à Monaco. Je connais la moindre aspérité de la piste ! L’an dernier, alors que nous étions installés au Salon Empire, un partenaire nous a prêté un simulateur de course réglé sur Monaco. J’ai signé le meilleur temps. Je pense être en mesure de faire un bon tour, mais je ne sais pas si je finirais la course ! (Il rit.)

L’anecdote sportive que vous n’avez jamais révélée ?

Quand Michèle Mouton partait en reconnaissance au Tour de Corse, elle mangeait le midi avec mes parents puis elle m’emmenait au lycée. Elle venait avec des mulets à la puissance équivalente aux voitures de course. Fidèle à elle-même, elle prenait toujours très rapidement le virage en terre avant d’arriver devant l’école pour que je fasse une entrée remarquée. J’avais entre 14 et 16 ans, j’étais le roi du village ! (Il rit.)

Propos recueillis par Jérémie Bernigole

Publié le 08 Avr. 15:37