+ de sports
Retour

+ de sports

Le rêve américain de la golfeuse Chloé de Verner

A 15 ans, Chloé de Verner mène de front ses études et sa carrière naissante de golfeuse. Inscrite à la Jason Floyd Academy en Espagne, la résidente monégasque vient de remporter les Triple A World Series. Elle espère intégrer une prestigieuse université américaine à l’issue de son cursus.

Elle pourrait le parcourir les yeux fermés tellement elle en connaît les moindres recoins. Pourtant, Chloé de Verner continue de s’extasier devant le magnifique panorama du Monte-Carlo Golf Club (MCGC). Sa deuxième maison. Là-bas, chaque personne qu’elle croise est le prétexte pour discuter.

Entre le parking et le hall d’entrée, trois arrêts, autant de sourires et de mots qui font plaisir. « J’ai grandi ici. Certains m’ont connu bébé. Je me sens comme chez moi », raconte l’adolescente en s’installant dans l’un des salons de l’institution. Un lieu chargé d’histoires qui, depuis 1911, surplombe la Principauté. 

Chloé de Verner a fait ses premiers pas sur le gazon parfait du 18 trous, entre les nuages blancs et le bleu azur de la majestueuse Méditerranée. Au sens propre comme au figuré. « Ma mère me prenait avec elle pour regarder mon père jouer. Je tenais à peine debout, mais la balle blanche m’a plu, retrace la résidente monégasque au passeport danois. Mes parents m’avaient acheté des petits clubs en plastique. Ils ont toujours les vidéos où l’on me voit taper quelques balles à trois ans. » 

Entraînements avec les garçons

A chaque retour à Monaco, le même rituel, le même besoin de prendre de la hauteur, de retrouver le MCGC. Elle a quitté ce cocon familial l’année passée pour la chaleur du sud de l’Espagne. Direction Cadix et la Jason Floyd Academy, un centre de performance lancé par l’entraîneur éponyme qui a accompagné les plus grands vers les sommets (Ernie Els, Nick Price, Justin Rose, Greg Norman, Lee Westwood et Ian Poulter). Évolution logique pour une golfeuse prometteuse.

A 15 ans, sa vie se traduit par 15 heures d’entraînement hebdomadaire sur les plus beaux terrains ibériques, et cinq heures à la salle pour travailler sa force. « On peut facilement ajouter trois séances de musculation supplémentaires avec mes camarades de l’Académie. » Son discours n’étonne pas son père, assis en face d’elle. Peter, amateur de golf et entraîneur, un temps, de sa fille, lui a assez répété de ne pas tomber dans une forme de facilité. « La chance accompagne le travail », intervient-il. 

Le second conseil qu’il lui a donné, c’est de délaisser les entraînements avec les filles. Pour se forger un caractère, rien de tel que de croiser le fer avec des garçons, selon lui. « Cela a requis du temps, mais elle est de plus en plus solide mentalement. Son autre point fort, c’est son énorme frappe. Je lui disais de taper comme un garçon », dévoile Peter. 

Alignement des planètes 

L’intéressée confirme : « J’ai l’esprit de compétition. Mes coachs me répètent que c’est à double tranchant, mais j’aime à penser que c’est bénéfique. M’entraîner avec les gars a été la meilleure chose qui me soit arrivée. Ils tapent plus fort naturellement, sont plus grands et plus musclés, mais cela ne m’empêche pas de les battre. Avec moi, ils trouvent du répondant. Je suis aussi compétitrice qu’eux. »

Chloé de Verner a grandi dans un univers concurrentiel, entourée d’adolescents pour qui chaque scène de la vie est l’occasion de montrer sa bravoure et sa force. La résidente monégasque ne s’en émeut pas. Ne se laisse pas impressionner. Au contraire, la confrontation lui plaît.

Sur le terrain, la différence se fait sentir. Chloé a remporté les Triple A World Series Junior et le prix de l’Ordre du Mérite. Une consécration qui lui a ouvert les portes de la World Amateur Golf Ranking, un classement aux périlleux critères d’entrée. « C’est le plus beau de mes succès. On a joué sur de magnifiques parcours : San Roque, Old and New, Real Club, et toutes les planètes étaient alignées pour ma victoire. » 

Face à notre étonnement, elle s’explique : « A la fin de la première journée, j’affichais 75, c’est-à-dire quatre coups de plus que Juliette Demeaux, la leader. Un écart conséquent. Je n’ai rien lâché et, le lendemain, on a échangé nos scores. La dernière journée ayant été annulée à cause des conditions météorologiques, c’est le résultat le plus récent qui a été conservé et m’a sacrée avec un peu de chance. » 

Les JO… pour Monaco ? 

On en revient à la théorie du paternel, travail et bonne fortune. Chloé de Verner devra optimiser ce savant mélange à la rentrée, alors que la jeune golfeuse entamera l’année la plus importante de son cursus. Son ambition étant d’intégrer une université américaine à l’horizon 2024, elle doit hausser son niveau de jeu et gravir les marches du classement pour s’attirer les bonnes grâces des recruteurs et des entraîneurs.

« Mon objectif est de figurer dans le Top 1 000 voire 800 au printemps prochain afin de m’ouvrir les portes espérées », cible-t-elle. « Des agences l’ont déjà sondée, mais j’ai dit à Chloé de calmer le jeu, interrompt Peter. Il serait préférable pour elle de disputer des tournois, de faire des résultats et, ensuite, de prendre contact avec les entraîneurs sans passer par des intermédiaires. »

La stratégie aurait du sens. Surtout que, scolairement parlant, l’adolescente n’affiche pas de lacunes. « J’ai la volonté de me faire remarquer par mes notes, pas seulement par le sportif », explique la fan de Formule 1 et plus particulièrement de l’écurie McLaren. Elle se verrait bien travailler dans le secteur, d’ailleurs, si elle poursuit des études d’ingénieur.

On imagine déjà le sujet de conversations avec Charles Leclerc, Alexander Albon et Lando Norris, souvent aperçus au MCGC… « Je vais travailler sans relâche pour me donner la chance de décider de poursuivre ou non ma carrière dans le golf. Je me laisse encore quatre, cinq ans avant de prendre ma décision », lâche-t-elle, lucide.

Un laps de temps qui lui donnerait la possibilité de disputer les Jeux olympiques. Son rêve. Mais sous quelle bannière ? « J’aimerais les jouer pour Monaco. Je n’ai jamais été impliquée avec le Danemark. Je suis née en Principauté, j’y ai fait ma scolarité, mes parents y résident. Ma vie, c’est Monaco. Je me sens vraiment d’ici. »

Jérémie BERNIGOLE-STROH

Publié le 15 Août. 09:44