Bastien Mayet, 45 ans, a terminé troisième des Championnats du monde vétérans de judo en moins de 81 kg, le 5 novembre à Las Vegas. Battu dès son entrée en lice, le salarié de la SMEG a été repêché et a enchaîné trois victoires par ippon en moins de 25 secondes !
Viva Las Vegas ! Le 5 novembre, dans la ville mythique du péché, Bastien Mayet, licencié du Judo Club de Monaco depuis 2007, a atteint l’apogée de sa carrière en remportant la médaille de bronze des Championnats du monde vétérans dans la catégorie des moins de 81kg (M4, 45-50 ans). Il s’agissait là de sa quatrième participation à cette compétition très relevée, après des tentatives infructueuses à Fort Lauderdale (Etats-Unis, 2016), Olbia (Italie, 2017) et Marrakech (Maroc, 2019), où il n’avait jamais franchi le cap des 32e de finale. « J’ai toujours du mal à y croire, confie-t-il quelques jours après son retour à Monaco, où il exerce au sein de la Société Monégasque de l’Electricité et du Gaz (SMEG). Mes proches me disent que je suis toujours sur mon petit nuage. C’est tout à fait normal, car ce podium représente pour moi un véritable aboutissement. »
Incertitude…
Il faut dire que la route vers le podium était semée d’embûches. Et que l’épreuve a même failli virer au cauchemar sous le soleil du Nevada. Battu au premier tour par le Britannique James Hornsby, champion d’Europe et double vice-champion du monde chez les vétérans, Bastien Mayet a attendu avec fébrilité que ce dernier remporte son deuxième combat, condition sine qua non pour être repêché : « Souvent, le premier combat de la journée donne une indication précieuse sur votre état de forme. Après ma défaite inaugurale, j’ai senti que je ne pouvais pas me permettre de faire durer les confrontations, sous peine de me retrouver rapidement dans le rouge. » Cette méforme passagère, le Français ne l’impute pas aux huit kilos perdus en trois mois pour concourir dans sa catégorie habituelle des moins de 81 kg, mais à la nourriture très grasse à laquelle il a eu droit dès son arrivée sur le sol américain, dix jours avant le début de la compétition. Des conditions loin d’être idéales alors qu’il sortait d’une préparation exigeante et qu’il était suivi par un médecin du sport, lui qui est également un adepte du crossfit… Mais soit !
… puis délivrance
Une seconde chance s’offrait à lui, et il était hors de question de commettre à nouveau les mêmes erreurs. Pour cela, Bastien Mayet devait s’en tenir à un plan d’action aussi clair qu’efficace : moins il passerait de temps sur les tatamis, plus ses chances de succès augmenteraient. « Libéré de toute forme de pression », ce dernier a alors activé le mode Terminator. Quang Dao, Georgi Shishkov et Joseph Finley ont fait les frais de son esprit revanchard : l’Américain, le Bulgare et l’Australien ont tous les trois été balayés par ippon en moins de 25 secondes. En finale, le « Frenchie » a été déclaré vainqueur par forfait, son adversaire et compatriote Guillaume Dwleeschauver étant blessé. « Tout s’est aligné pour que je décroche ma première médaille internationale après trente-cinq années de pratique. Elle incarne ma persévérance dans ce sport qui a su discipliner le gamin turbulent que j’étais. Le judo est une école de la vie où l’on apprend les valeurs du travail, du courage, de la sincérité et de la politesse », savoure le licencié du JC Monaco, entraîné par François Bick et les Pietri père et fils.
Les France en ligne de mire
Aidé financièrement par son employeur, la SMEG, ainsi que par d’autres sponsors, Bastien Mayet vit cette consécration comme une délivrance. Il reconnaît que ses épaules se sont allégées d’un poids considérable : « Dans les clubs, les vétérans sont perçus comme des has-been, mais les mentalités évoluent. Les combattants sont désormais mieux préparés et les podiums plus difficiles à atteindre. » Il ajoute : « Je me sens plus serein, plus légitime. Je ne chercherai plus à prouver mon niveau aux gens, à me mettre minable pour montrer que je suis bon. » Gonflé à bloc, Bastien Mayet a repris le chemin du circuit national. Il entend désormais se qualifier pour ses quatrièmes Championnats de France en juin 2025 et décrocher cette médaille qui se fait encore désirer : « C’est mon nouvel objectif, mais je ne me mets aucune pression. J’ai déjà une breloque mondiale qui suffit à mon bonheur. » Une médaille qu’il conserve au fond de sa poche et qui l’accompagne partout, même au travail.
Jérémie Bernigole