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« En garde ! Prêts ? » : plongée dans le Tournoi international d’épée de Monaco

Les 26 et 27 novembre, la Fédération Monégasque d’Escrime a organisé son 36e Tournoi International d’Épée. Un rendez-vous prisé de l’élite féminine, en quête de points pour son circuit national.

La dernière fois que l’on a entendu les épées s’entrechoquer lors d’une compétition internationale à Monaco, c’était en 2019. Depuis, la pandémie est passée par là.

Un temps prévu début 2022, le grand retour de l’événement phare de la Fédération monégasque d’escrime (FME) avait subi les affres d’une énième vague de Covid-19. Le soulagement était donc de mise à l’Espace Saint-Antoine, en ce dernier week-end de novembre, pour Christophe Prat, le président de la FME, et Jean-Marie Grosselle, son homologue à L’Escrime et le Pistolet de Monaco, organisateur du tournoi. D’autant que le succès était au rendez-vous.

« Cette année, nous avons 120 femmes et environ 70/80 hommes, ce qui correspond au niveau de participation pré-pandémie. Apparemment, les compétiteurs sont particulièrement heureux de se retrouver dans ce joli lieu », précise le premier.

Au total, près de 200 tireurs de 13 nationalités avaient donc fait le déplacement en Principauté. Parmi eux, certains sont venus de loin, puisqu’on retrouvait sur les pistes un Béninois, une Moldave, un Mexicain ou encore une Américaine. Les Italiens, grands habitués du tournoi, étaient également de la partie, même s’ils étaient moins nombreux qu’à l’accoutumée en raison d’une compétition majeure qui se déroulait le même week-end.

Gaëtan Le Berre, Nicolas Conrad, Hippolyte Bouillot ou encore Alexandra Louis-Marie et Lauren Rembi, des médaillés du tournoi, avaient aussi fait le déplacement. Du côté de ces dames, d’ailleurs, on notait, comme chaque année, une forte présence tricolore. « Il y a un grand nombre de tireuses françaises de premier plan puisque ce type de compétition, qui fait partie d’un circuit français, attire les meilleures françaises. Cela leur permet d’avoir des points pour les championnats. C’est important pour elles », rappelle Christophe Prat.

Sur les pistes, on retrouvait ainsi Auriane Mallo, Joséphine Jacques-André-Coquin ou encore Marie-Florence Candassamy, des habituées du tournoi, mais également la nouvelle garde de l’Hexagone. « Sur les 32 meilleures françaises, 27 étaient là », note Jean-Marie Grosselle.

Au vu d’un tel niveau, impossible de faire le moindre pronostic, d’autant que, comme le rappelle le président de la Fédération, « en trois ans, des générations sont parties et d’autres sont arrivées. Là, c’est un peu la surprise car beaucoup de ces filles ne sont jamais venues à cette manifestation ».

La surprise monégasque

Dans ce beau plateau, une poignée de Monégasques étaient présents également pour « leur » tournoi à domicile. Seule féminine engagée, Gloria Moirano, une habituée du rendez-vous, a créé la sensation pour son grand retour à la compétition après la pandémie. La tireuse, qui avait repris l’entraînement depuis peu, est sortie des poules avant de tenir la dragée haute à Juliette Baudinot, membre du Pôle France. Au terme d’un match haletant, elle s’incline finalement sur le score 15-14. « Gloria a mené le match, s’est fait rattraper, a mené à nouveau avant de se faire encore rattraper…  Le score s’est cumulé jusqu’à 14-14. Mais malheureusement elle ne met pas la dernière touche. Ça ne se joue pas à grand-chose, mais c’était une belle performance. Tactiquement et techniquement, elle a fait ce qu’il fallait », relate son entraîneur Eric Fromager, présent au bord du terrain pour encourager sa jeune protégée.

Du côté des hommes, on retrouvait aussi des fidèles du tournoi : Serge Perelman, Philippe Mergui ou encore Paul Nicolaidis, qui ne manquerait pour rien au monde le tournoi de son club depuis vingt ans. Des passionnés « qui sont plutôt dans l’escrime loisirs et profitent de l’opportunité de tirer à domicile, sans prétentions. Ils se font plaisir et en même temps, ils observent et voient des techniques qu’on pourra peut-être étudier ultérieurement », précise le coach monégasque.

Jusqu’au bout de l’effort

Sur la vingtaine de pistes installées à l’ESA, c’est un véritable ballet parfaitement coordonné par le comité d’organisation. Vêtus de leur tenue blanche et casque unisexe, les tireurs et les tireuses défilent, s’affrontent, pour gagner leur place à l’échelon supérieur.

Si les hommes ont commencé le samedi avec les poules, et n’avaient plus donc que les phases finales le lendemain, les féminines, elles, ont vécu un dimanche intense. « Celles qui seront en demi-finales et finale ont une journée bien chargée, confirme le président de la fédération monégasque. Dans les phases de poules, le match se joue en cinq touches donc ça va très vite. Ensuite, cela passe à quinze touches. Les combats sont plus longs, l’intensité se fait plus forte encore. Et plus elles avancent, plus elles auront à déployer de l’énergie parce que le niveau augmente et elles doivent aller plus loin pour gagner les matches. »

Au fil des matches, on note une prédominance des tenues blanches estampillées d’un drapeau tricolore sur la cuisse. Les rencontres se font de plus en plus accrochées, même si une fois le casque enlevé, la complicité entre les adversaires est évidente.

« Elles se connaissent parfaitement. C’est difficile des fois de surprendre sa partenaire d’entraînement », souligne Jean-Marie Grosselle. Une remarque qui a pris sens lors de la finale qui a opposé Alexandra Louis-Marie à Lauren Rembi. Si la fatigue se faisait sentir dans les gestes, les coéquipières en équipe de France ont lutté jusqu’au bout. Menée 11-9 à une minute vingt de la fin du 3e temps, Lauren Rembi a vite repris l’ascendant sur sa cadette.

Et on enregistrait un 12-11 quelques secondes plus tard, puis un 12-12 à la fin du temps réglementaire. « Au 3e arrêt, en cas d’égalité, il y a un tirage au sort pour savoir qui prend la priorité. En cas de coup double, la personne qui est désignée remporte la touche. Sinon, on continue jusqu’à la dernière minute », rappelle Robert Prat, vice-président de la FME. C’est finalement sur un coup double, avec sa « touche en or », qu’Alexandra Louis-Marie, l’heureuse élue du tirage, remportera le match, au terme d’un combat haletant.

Du côté des hommes, le public a également assisté à une finale engagée et 100 % française entre Hugo Pertuisot et Paolo Singh, champion du monde par équipe de triathle 2022 et membre de l’équipe de France de pentathlon moderne. « Une bonne surprise, car il ne figure pas dans le Top 100, souligne Jean-Marie Grosselle. Il a fait une belle compétition. Je l’ai arbitré une fois, il est assez plaisant à voir. » Pas suffisant, toutefois, pour s’adjuger la 36e édition.

Aurore TEODORO

Publié le 16 Déc. 17:11