Dans le cadre de son programme « aviron-santé », la Société nautique de Monaco accueille deux fois par semaine des hommes et des femmes de tout âge en perte d’autonomie ou touchés par des maladies de longue durée.
Il y a tout juste un an, la Société nautique de Monaco (SNM) inaugurait son programme « aviron-santé ». Cette initiative, soutenue par le Conseil de l’Ordre des Médecins et l’association « Ecoute, Conseil, Réconfort », s’adresse aux personnes en perte d’autonomie ou touchées par des maladies de longue durée (cancer, diabète…), le but étant de leur proposer une pratique sportive sur mesure, adaptée à la fois à leurs capacités physiques et à la nature de leur pathologie. A l’origine de ce projet, l’on trouve Mathias Raymond, président du club, et Céline Marion, entraîneure. « La SNM ayant une grande tradition compétitive, nous souhaitions proposer une activité sportive différente, qui n’avait jusqu’alors aucun équivalent à Monaco, explique cette dernière. Les retours extrêmement positifs du programme en France nous ont convaincus. Après avoir pris en compte tous les facteurs, tels que la faisabilité ou la pérennité, nous l’avons lancé à notre tour. Nous nous devions de le faire. » Le succès de l’aviron-santé ne s’est pas fait attendre : en seulement deux semaines, le programme a su attirer et fidéliser plus de quinze participants. Une dizaine d’entre eux ont choisi de rempiler pour la deuxième saison. D’autres ont carrément opté pour une licence »normale » « car ils se sentent beaucoup mieux et ont eu un coup de cœur pour la pratique », se réjouit Céline Marion, qui précise : « Toutes les tranches d’âge sont représentées, de 40 à 80 ans. Nous recevons tout le monde, sans distinction de pathologies. Le panel est donc assez large. »
Réathlétisation et confiance
Deux fois par semaine*, l’entraîneure accueille ses licenciées dans les locaux de la SNM. « Je ressentais le besoin, tant physique que mental, de retrouver une activité sportive. Les bienfaits se sont rapidement manifestés », témoigne Monique, l’une des premières adhérentes. Ce vendredi de novembre, elle s’est inscrite avec trois autres femmes – Mireille, Hélène et Eka -, devenues des copines, pour le premier créneau de la matinée. Tandis que la radio crache la voix rauque de Johnny Hallyday, les quatre femmes se meuvent en parfaite synchronie, accompagnant de leur voix aiguë les célèbres paroles du rockeur français : « Qu’on me donne l’envie, l’envie d’avoir envie ! » A l’abri du temps maussade qui enveloppe la Principauté, elles enchaînent six exercices de renforcement musculaire et de cardio dans une atmosphère conviviale. Un circuit qu’elles doivent répéter deux fois. Alors quitte à souffrir, autant le faire en chantant ! « Dans un premier temps, nous privilégions la réathlétisation en salle, avec du stretching, du travail de mobilité et de l’ergomètre, afin de leur réapprendre à faire du sport et, surtout, de leur redonner confiance », schématise Céline Marion.
Objectifs personnels et collectifs
La première promotion, baptisée Rowing Ünseme (ramons ensemble), a patienté six mois avant de s’aventurer sur l’eau. Une étape significative. « J’avais une certaine appréhension. Ramer en extérieur, au milieu des paquebots, demande un dépassement de soi. On finit par se rendre fier d’avoir surmonté ses peurs. C’est là que la cohésion de groupe prend toute son importance », insiste Monique. Pendant trois heures, solidarité et bienveillance ont été les maîtres-mots de l’entraînement, même au sein du second groupe composé de Marie-Christine, Gabriela, Monique et Florence. « Céline est une professeure très chaleureuse et attentive, et le groupe est composé de très belles personnes », déclare cette dernière, qui a apporté « des citrons du jardin » pour ses camarades. Son amie Gabriela, qui l’a convaincue d’essayer en septembre, ajoute : « J’apprécie la complexité du sport et la remise en forme en douceur après une période d’inactivité causée par la maladie. Cela permet de retrouver une place dans la vie active et de redonner du sens. J’ai repris goût à marcher, à aller acheter la baguette de pain sans prendre le scooter. Mon corps s’est transformé en une année, je me sens changée. » Ces entraînements doivent mener les adhérents vers des objectifs sportifs plus ambitieux. « J’aimerais faire participer la première promo aux Championnats de France indoor à Charléty, fin janvier », révèle leur entraîneure, qui espère recevoir prochainement des médecins du Centre Hospitalier Princesse Grace afin de leur faire découvrir le programme. En attendant, les courageuses du jour ont respecté la maxime « après l’effort, le réconfort » en se rendant au restaurant du club pour partager le déjeuner. C’est aussi ça, « l’aviron-santé ».
Jérémie Bernigole
* Mercredi et vendredi matin, de 9h à 10h30 et de 10h30 à 12h. Plus d’informations sur : societenautique.mc.