Dans notre dernier numéro, nous nous invitions à l’entraînement des U10 de l’AS Monaco Rugby. Vacances de Pâques oblige, nous avons cette fois participé au traditionnel stage organisé par la section handball.
Le rendez-vous est fixé dans un mini-golf. Un endroit un tantinet incongru pour un sujet… sur le handball. Mais c’est bel et bien l’adresse du Parc Princesse Antoinette que la section de l’AS Monaco nous a renseignée pour suivre la quarantaine d’enfants des U9 aux U17 inscrits à l’un de ses traditionnels stages des vacances scolaires. « Cela nous permet de les voir dans un autre contexte, de mieux les connaître. Et l’inverse est également vrai. Ils nous voient différemment. Nous n’avons plus l’étiquette de l’entraîneur qui surveille et rectifie les petites erreurs, éclaircit Amir Hamada, responsable technique et sportif. Le choix d’une activité en plein air s’est aussi imposé afin de ne pas les tenir enfermés dans un gymnase du lundi au vendredi. »
Le soleil, majestueusement installé dans le ciel monégasque, brûle les rétines et brunit la peau des bambins. Il eut été dommage de se passer d’un si bel après-midi en extérieur avec, en toile de fond, le Rocher. « Ça fait du bien de couper avec le hand, plaide Nelson, 10 ans. Le stage est un petit peu dur, on se fatigue à jouer. Au mini-golf, on se repose et on s’amuse. »
Levant 06
Pour essayer les dix-huit trous du parcours en terre battue, le groupe a été divisé en plusieurs grappes escortées par un éducateur. Le but : permettre aux enfants de s’amuser sans se presser et, surtout, créer des affinités entre eux. Le stage est ouvert à tous, licenciés à l’ASM Handball ou non. « Et puis, avec le bassin Levant 06, nous accueillons plusieurs petits Sospellois, Breillois et Turbiasques dans nos stages », explique Inès El Bazta, chargée de développement au club et responsable du stage.
Ils représentent un « tiers » de l’effectif de ce stage, d’après Amir Hamada. Un brassage permis par cette convention quadripartite signée en septembre 2019 par l’European Handball Federation et les fédérations monégasque, italienne et française. Le projet de regroupement de clubs du littoral remonte, lui, à 2007. Une initiative de la Principauté afin de dynamiser la pratique dans la zone. Chaque année, grâce aux diverses actions mises en place dans les écoles ou les clubs, des enfants de l’arrière-pays découvrent le handball.
C’est le cas de Rachel. Cheveux roux taillés au carré, maillot de l’ASM sur les épaules, elle raconte avoir « commencé cette année après une initiation à l’école ». « Ça m’a plu et je me suis inscrite », résume-t-elle avec simplicité.
Ambiance studieuse
« Nos stages sont des institutions sur Monaco. On les a toujours proposés aux clubs du groupement qui n’ont pas forcément les installations, ni les moyens humains pour proposer quelque chose durant les vacances, insiste Amir Hamada. Et ouvrir nos portes aux non-licenciés, c’est permettre aux copains/copines ou aux petits frères/petites sœurs de venir essayer le handball. Ils sont plusieurs à avoir cheminé par les stages avant de signer chez nous. »
Jeudi, 14 heures. Retour au gymnase. On aurait pu croire les stagiaires terrassés par la digestion après un déjeuner à la Cambuse. Que nenni. Divisés en deux groupes d’âge, ils sont déjà à pied d’œuvre dans le gymnase de l’Espace Saint-Antoine, antre de l’ASM HB. Sur le terrain de gauche, les adolescents. Ambiance studieuse. Sous la houlette de Daniel Daragon, ils répètent scrupuleusement leurs gammes. Arrêtent des mouvements pour corriger des détails. Reprennent avec le geste juste. Les automatismes sont déjà là.
Et pour cause, la plupart des stagiaires évoluent déjà au sein du club ou dans les communes limitrophes. « On est sur du perfectionnement, confirme leur entraîneur. Les joueurs sont volontaires. S’ils participent au stage, c’est pour progresser sur l’aspect technique, pour bénéficier d’un complément aux entraînements hebdomadaires. » A l’entendre, les progrès sont déjà appréciables : « On les voit même sur une journée. On dispose de plus de temps pour travailler qualitativement. Les conditions sont idéales pour replacer, reprendre quand une situation ne va pas. »
Éducatif et social
Les ateliers se poursuivent. Des un-contre-un s’initient sur une cage. Des schémas défensifs se déroulent sur l’autre but. « On prend confiance en répétant les gestes, avoue Selma, une habituée des stages depuis ses débuts en handball il y a quatre ans. Sur le moment, c’est un peu éreintant, mais on sera content de voir les progrès en plein match. » Antoine, son coéquipier sospellois, plussoie : « J’avais des difficultés sur les duels. J’arrive un peu mieux à les gérer. La bonne ambiance joue aussi. Je ne connaissais pas grand monde, mais j’ai retrouvé des adversaires que j’affronte dans l’année. »
De l’autre côté du gymnase, les petits. Inès El Bazta joue les chefs d’orchestre avec Housni Mohamed, joueur de l’équipe première dont le rôle est d’initier et de développer l’activité sur le secteur Menton-Beausoleil-Sospel. « Le matin, on travaille essentiellement la motricité et le renforcement musculaire. L’après-midi, on bascule sur les tirs, les sauts. Notre priorité est de leur donner le goût du jeu », appuie la chargée de développement. Ne pas perdre de vue l’apprentissage par le plaisir. Le ludisme comme moteur. « Nos stages ont une vocation éducative et sociale. On intéresse également les enfants à la citoyenneté, au respect, à l’environnement… » développe Amir Hamada.
Les exemples sont nombreux : intervention du comité anti-dopage et du centre médico-sportif, sensibilisation à l’arbitrage… « C’est pour ça que nos stages ont du succès. Les parents savent que leurs enfants vont être éveillés à d’autres domaines en s’amusant. »
Capitales du monde
Housni Mohamed suit les recommandations à la lettre. Avant de lancer un match, l’éducateur avise les stagiaires : « L’arbitre a le droit à l’erreur, mais vous n’avez pas le droit de lui crier dessus. Le premier qui se comporte mal, c’est fini pour lui, il s’assoie et regarde les autres jouer. »
Pour déterminer quelle équipe donnera le coup d’envoi, il fait appel aux connaissances géographiques de l’assistance : « Quelle est la capitale de l’Egypte ? » Les réponses fusent. Déclenchent des rires gras quand « Londres » ou « New York » sortent des bouches innocentes. D’un ton incertain, une fillette vise juste en soufflant « Le Caire » et hérite du ballon. « C’est l’un des moyens qu’on a trouvés pour allier pratique sportive et connaissances, apprécie Amir Hamada. Cette semaine, on a sorti les jeux de société pendant les pauses. Lors du précédent stage, on avait monté un quizz sur le format de l’émission Une famille en or. Il faut les solliciter intellectuellement. »
Alors que la journée touche à sa fin, l’aisance d’un gamin attire l’attention des éducateurs. Du droit, du gauche, il allume le gardien adverse. « Sa gestuelle est intéressante, il a un bon tir et, en plus, il est ambidextre, ce qui est assez rare, analyse Housni Mohamed. Il a suivi un copain, mais je pense qu’il va rester avec nous ! » Peut-être l’intéressé franchira le pas et reviendra à l’Espace Saint-Antoine cet été pour les stages de deux semaines, sacrifiés ces dernières années à cause du Covid. « La pandémie nous a fait beaucoup de mal, mais on est persuadé que les beaux jours prennent le dessus, éclaire le responsable technique et sportif. On avait trouvé des solutions extérieures pour limiter la casse. On travaille actuellement sur une participation des adolescents à un tournoi à l’étranger. »
