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Vanderson : « Mon histoire me pousse à avancer »

Recruté lors du mercato hivernal, Vanderson (20 ans) enchaîne les matches et les bonnes performances dans le couloir droit de la défense. Le Brésilien a pourtant failli abandonner le football il y a quatre ans.

En pénétrant dans l’amphithéâtre du Centre de performance de l’AS Monaco, Vanderson nous remercie d’emblée pour l’opportunité. Transféré en provenance du Grêmio cet hiver, le Brésilien de 20 ans nous accorde en exclusivité ses premiers mots. La veille (interview réalisée le 3 mars), ses deux passes décisives n’ont pas permis au club princier de se qualifier pour une nouvelle finale de la Coupe de France. Malgré cet accroc, Vanderson a répondu à nos questions pendant 40 minutes, temps durant lequel il a déroulé le fil de sa vie. D’une petite voix, l’Auriverde, éreinté par trois matches disputés intégralement en dix jours, est revenu sur cette idée qui lui a traversé l’esprit à 16 ans. Confronté à la réalité de sa région natale, le Mato Grosso, peu propice aux grandes carrières de footballeurs, il a songé à tirer un trait sur le football. Bien lui en a pris d’écouter sa petite voix qui lui a ordonné de poursuivre ses efforts. Les supporters monégasques, eux, sont déjà sous le charme : ils comparent même ses premiers pas à ceux de Maicon et de Fabinho, modèle de Vanderson. Prometteur !

Vous avez livré une très bonne partition en Coupe de France contre Nantes (deux passes décisives). Vous avez déjà l’air de vous épanouir sous le maillot monégasque.

C’était un match compliqué (élimination en demi-finale aux tirs au but), mais j’ai eu de bonnes sensations. Je me suis bien adapté à ce nouveau quotidien et à mes coéquipiers. Mes débuts au club se passent très bien. Je suis convaincu que mon épanouissement va s’inscrire dans la durée.

Treize mois séparent vos débuts en professionnel au Grêmio de votre transfert à l’AS Monaco. Que vous inspire ce cheminement ?

Après une année au Brésil, j’ai eu cette opportunité de découvrir un grand club et l’Europe. Ce mouvement constituait une forme de rêve. Je suis ambitieux, donc je ne vois pas ce transfert comme une finalité. Je veux continuer à travailler chaque jour pour progresser et pour aider l’AS Monaco.

Plusieurs grands clubs européens vous ont fait les yeux doux. Pour un jeune Brésilien, que représentent ces sollicitations ?

C’est vrai, j’ai reçu d’autres offres. Quand j’ai eu vent de l’intérêt de l’AS Monaco, il était clair dans mon esprit que je voulais signer en Principauté. Ma décision a été motivée par la grandeur et l’histoire du club, mais également par la perspective d’évoluer dans le championnat français. La Ligue 1 est réputée pour lancer les jeunes. Après cette expérience au Grêmio et cette volonté que j’ai toujours eue de travailler dur, j’ai saisi cette occasion avec une envie encore plus grande de progresser.

Connaissiez-vous le championnat français ?

Bien sûr, il faisait partie des compétitions que je suivais. La Ligue 1 était un sujet de discussion avec mes amis. Je regardais plus spécialement les joueurs appelés régulièrement en sélection brésilienne. C’est une preuve de l’attractivité de ce championnat. Ce transfert était une belle opportunité de carrière de pouvoir prendre de l’épaisseur et m’affirmer dans l’Hexagone.

L’AS Monaco compte deux Brésiliens dans ses rangs : Jean Lucas et Caio Henrique, passé lui aussi par Grêmio. Leur présence facilite votre intégration ?

Evidemment. Les personnes qui parlent le portugais m’aident grandement dans mes premiers pas au sein du groupe. Mon adaptation est plus rapide, je le ressens réellement. En plus d’être de très belles personnes, Jean et Caio sont d’excellents joueurs, qui veulent accomplir de grandes choses dans leur carrière. Pouvoir compter sur leur soutien au quotidien est formidable.

Lors de votre présentation à la presse, vous aviez évoqué la tradition auriverde à l’AS Monaco. Aviez-vous un joueur en tête ?

De très grands joueurs de mon pays ont évolué ici. En termes d’inspiration, je citerai Fabinho. Il est l’un des meilleurs milieux du monde. Il a une très belle trajectoire de carrière et fait partie de l’élite du football depuis des années. Je m’identifie à lui.

A son arrivée, il évoluait sur le côté droit de la défense, comme vous.

C’est une source d’inspiration énorme pour les jeunes joueurs, pas seulement pour moi. Fabinho a 28 ans et il a déjà gagné beaucoup de titres dans sa carrière. Son passage à Monaco a été couronné de succès. Aujourd’hui, il joue pour Liverpool, l’une des meilleures équipes du monde.

Vous prévoyez de changer de poste, vous aussi ?

(Rires) J’ai déjà joué plus haut sur le terrain, même si je me sens mieux en latéral droit. Pour jouer et défendre le maillot de mon équipe, je suis prêt à évoluer à n’importe quel poste !

Les compilations de vos meilleures actions sur YouTube dévoilent une très belle patte droite. Caio Henrique étant également très adroit, quel est le secret de la formation brésilienne ?

Je ne peux pas vous le révéler ! (Rires) Je ne peux parler qu’en mon nom, mais je dirais le travail. Je cherche en permanence à m’améliorer. Je dois faire des progrès défensivement et dans le dernier geste. Je trouverai satisfaction à force de répéter mes gammes.

On a une photo à vous montrer (ci-dessous). Qui est ce garçon ?

(Il prend le téléphone et sourit, ému) C’est le petit Vanderson. J’avais 12 ans, on venait de terminer troisième d’un tournoi. Quel était son rêve ? Les enfants nourrissent toujours de grands rêves. Le mien était de devenir footballeur professionnel, mais il paraissait tellement lointain à l’époque. J’avais commencé le football deux années plus tôt. J’ai failli tout abandonner à 16 ans. Je me disais que je ne réussirais jamais. Je venais d’un Etat, le Mato Grosso, où très peu de joueurs ont réussi à percer dans le football. J’ai changé plusieurs fois d’États, toujours dans l’espoir de faire carrière, avant de signer au Grêmio.

Qu’est-ce que cela vous fait de revoir cette photo ?

(Emu) Je fais un bond dans le temps et je me rejoue le film de ma vie. C’est émouvant. J’ai vécu pas mal de péripéties pour me tenir ici devant vous : de la souffrance, des sacrifices, les miens et ceux de mes parents… Mon histoire me pousse à avancer, me motive à travailler tous les jours, à répéter les efforts. L’enfant sur la photo rêvait de football, d’une carrière honnête dans le championnat brésilien, même pas forcément de traverser l’Atlantique !

Comment ont réagi vos parents à l’annonce de votre départ en Europe ?

Ils étaient heureux et fiers. Je les ai informés des négociations. Je leur demande toujours conseil avant de prendre une décision. Ils m’ont soutenu dans mon rêve, il est donc normal de les inclure dans mes choix.

Vous fondez en larmes sur le terrain après votre premier but pour Grêmio. Pourquoi ?

Je me suis souvenu des difficultés, du chemin parcouru. Marquer était un accomplissement. J’ai ressenti la même émotion lorsque j’ai inscrit mon premier but pour l’AS Monaco, mais je me suis retenu de pleurer. (Sourire)

Parlons-en : vous marquez dès votre deuxième match en professionnel au Brésil et votre but contre Montpellier intervient pour votre troisième apparition en France. Vous savez comment vous faire apprécier des supporters !

(Rires) C’est une pure coïncidence, je vous le promets ! Je ne cherche pas à surprendre les gens au début, à leur jeter de la poudre aux yeux avant de rentrer dans le rang. Je veux tenir le rythme sur la durée, poursuivre mon évolution.

Il y a un détail qui ne trompe pas. Ces deux réalisations sont inscrites sur des gestes d’attaquant : une tête croisée et une reprise de volée à l’instinct. Et si finalement Vanderson était un renard des surfaces ?

(Rires) Non, non, je suis bien latéral ! C’est dur d’expliquer ces gestes. Ils viennent naturellement. Ce sont des situations que l’on travaille à l’entraînement.

Au Grêmio, vous auriez reçu des pré-convocations en sélection nationale. La Seleção est votre plus grand objectif ?

J’y pense, bien sûr, mais je ne me fixe pas une cape internationale comme objectif principal. Pour être retenu avec le Brésil, il faut être performant en club. Une première sélection sera la conséquence de mon travail avec l’AS Monaco. J’insiste clairement sur le fait qu’elle viendra naturellement.

Propos recueillis par Jérémie BERNIGOLE-STROH et Gilles ROUSSET-FAVIER

Publié le 06 Avr. 14:27