En lice pour intégrer le Groupe I Mondial de la Coupe Davis, Monaco a été sortie par l’Equateur (1-3) le 16 septembre au Monte-Carlo Country Club. Les tennismen de la Principauté espèrent retenter leur chance l’an prochain.
Après deux heures de jeu, Valentin Vacherot dirige son regard vers le public du court n°18 du Monte-Carlo Country Club. Là-bas, dans les tribunes, ce 16 septembre, il aperçoit Mélanie-Antoinette de Massy, présidente de la Fédération monégasque de tennis (FMT), sa famille, ses proches et des inconnus, tous venus l’encourager pour écrire l’histoire du tennis princier. Ses amis et coéquipiers de sélection applaudissent son dernier point du match, hurlent dans le mégaphone qu’ils le « soutiendront jusqu’à la fin », mais il est déjà trop tard.
Le représentant de la Principauté, 317e à l’ATP, est tombé sur un os nommé Emilio Gomez (1-6, 6-1, 1-6), 90e mondial au début de l’année, et il ne peut empêcher la défaite à domicile de son pays face à l’Equateur (3-1), en phase d’accession au Groupe I Mondial de Coupe Davis. Valentin Vacherot le sait, un revers n’a rien de déshonorant contre ce pays d’Amérique du Sud qui affrontait encore l’équipe de France il y a un an et demi pour une place en phase finale. Le 14 septembre, en conférence de presse, Guillaume Couillard, le capitaine de Monaco, avait tout dit de l’Equateur en quelques mots : « C’est une énorme équipe comme on en a rarement affronté en Coupe Davis. » Il n’empêche que le joueur est « très déçu ».
Défaillance du double
Son après-midi fut longue, et cela n’aurait pas été un souci si la victoire s’était présentée au bout. Mais voilà que la pluie s’est invitée, et que la journée n’avait pas démarré non plus sous les meilleures auspices avec la défaite inattendue de Romain Arneodo et Hugo Nys, resplendissants sur le circuit ATP en 2023 (2e tour de Roland-Garros et Wimbledon, et finale du Rolex Monte-Carlo Masters pour Arneodo, 52e ; quart de finale et finale de deux tournois du Grand Chelem pour Nys, 19e).
Invaincue en Coupe Davis, la paire locale s’est inclinée devant Diego Hidalgo et Gonzalo Escobar, deux gauchers stupéfiants. Avant ce match, les Monégasques n’avaient cédé qu’un set en 7 rencontres, et c’était face au Liban en 2022. « Nous avons manqué de rythme. On s’est fait avoir sur deux ou trois jeux de service bêtes qui ont fait tourner le match. Nous leur avons offert quelques cadeaux qui nous ont coûté cher », regrettait Romain Arneodo.
On connaissait trop bien l’importance du double – qui entre en piste après les deux premiers matches de simple – pour ne pas s’inquiéter de voir Monaco dos au mur (1-2). Surtout que les joueurs de simple, Valentin Vacherot et Lucas Catarina, sortaient de matches dantesques la veille, terminant la journée de vendredi sur les rotules après 3h08 et 2h47 de jeu, et que seul le second nommé avait décroché une importantissime victoire contre… Emilio Gomez (6-3, 3-6, 7-5). « Je savais que ça allait être très difficile face à un adversaire bien plus expérimenté que moi. J’arrive un peu de nulle part, je n’ai pas joué de tout l’été à cause d’un problème physique mais j’y croyais, je savais que je pouvais l’embêter. J’y suis allé sans peur. »
Une histoire de toit
Valentin Vacherot devait donc l’imiter, sous peine de voir son pays déposer les armes. Son année fut bonne jusqu’ici. Cet été, il a remporté deux tournois à 25 000 dollars à Bourg-en-Bresse et Montauban, et il a atteint son meilleur classement en carrière (257e à l’ATP). Dix jours avant le rendez-vous de Coupe Davis, il avait tenu tête à Fabio Fognini, ancien n°7 mondial, au Challenger de Gênes. La dynamique était positive, la confiance était présente. Mais le premier set de son deuxième match du week-end fut compliqué, pour ne pas dire laborieux (1-6).
Pour ne rien arranger à sa situation, les gros nuages noirs qui ont longtemps stagné au-dessus du MCCC se sont mis à déverser des trombes d’eau sur le littoral. Arrêt du match. Le toit amovible est actionné. L’interruption devait être temporaire. Elle durera deux heures. « Pour être honnête, c’est la meilleure chose qui pouvait m’arriver, surtout après un premier jeu de deuxième set très solide de ma part », avouait Valentin Vacherot. Guillaume Couillard expliquait : « Cet arrêt lui a permis de recharger les batteries physiquement et mentalement. On a vraiment fait en sorte qu’il revienne avec les crocs. Et ç’a fonctionné, puisqu’il avait une énergie incroyable à son retour sur le court fermé. »
Le court fermé, une donnée importante. Les conditions ne sont plus les mêmes avec un toit au-dessus de la tête des joueurs : le jeu s’accélère, la balle est moins freinée par l’air et par le vent. Des conditions qui conviennent à Valentin Vacherot. Les Equatoriens le savaient. Ils ont pesté contre la reprise du match et les Sud-Américains ont fini par avoir gain de cause après un deuxième set à sens unique pour le Monégasque (6-1). « Ce nouvel arrêt de 5 minutes pour enlever le toit m’a coupé dans mon élan. Mon adversaire a retrouvé ses sensations, j’ai raté mon premier jeu de service et c’était terminé. J’ai essayé jusqu’au dernier point mais il a été très bon. »
Le rêve d’une accession au Groupe I Mondial dès la première tentative s’est envolé. Monaco restait sur 12 victoires en 15 rencontres de Coupe Davis depuis 2018. En février ou en mars 2024, les représentants de la FMT devront jouer au Paraguay une rencontre déterminante pour leur avenir, à l’issue de laquelle ils disputeront soit un barrage d’accession, soit un barrage de descente. « On reviendra plus fort », ont promis Lucas, Valentin, Romain et Hugo.
Jérémie Bernigole
