Les 30 athlètes de Special Olympics Monaco ont surmonté les problèmes d’organisation et la montée du niveau des Jeux mondiaux pour décrocher 19 médailles à Berlin en juin. Respect !
Ils sont rentrés de Berlin éprouvés par deux semaines de compétition, mais heureux. Engagés dans huit disciplines, les 30 athlètes de Special Olympics Monaco (SO) ont travaillé dur pour décrocher 19 médailles aux Jeux mondiaux d’été (12-26 juin).
Neuf en or, cinq en argent et cinq en bronze (voir l’encadré) : la récolte dans la capitale allemande a été particulièrement bonne pour l’association ! « Le bilan est plutôt positif, confirment en chœur Pierre Van Klaveren, président, et Marco Muratori, directeur. Avec douze petits nouveaux dans notre groupe, Berlin devait être une édition de transition. Ce résultat est donc assez inespéré. Il est la récompense d’un travail assez assidu. »
Le niveau monte
Faire aussi bonne figure n’a pas été de tout repos pour les athlètes comme pour les entraîneurs et les encadrants. Il fallait avant tout prendre rapidement ses marques après quatre années sans compétition internationale de cette envergure. Les Jeux d’hiver de 2021, qui auraient dû se dérouler à Are et Ostersund (Suède) puis à Kazan (Russie), n’ont jamais eu lieu.
Repoussés en 2023 en raison de la pandémie de Covid-19, ils ont tout bonnement été annulés après l’invasion de l’Ukraine. L’effectif de SO Monaco a donc eu le temps d’évoluer et de se renouveler. Le niveau mondial, lui, n’a cessé de monter. « Il augmente car le handicap change, précise Marco Muratori. Il y a moins de déficients intellectuel et plus de malades mentaux. On n’a plus seulement affaire à des personnes qui veulent gagner, mais à des athlètes qui sont là pour performer. Leurs attentes sont différentes. »
Onnis-Demaria, les invincibles
Une chose n’a pas changé : principaux pourvoyeurs de récompenses pour Monaco, l’athlétisme et la natation ont tenu leur rang avec respectivement trois et quatre médailles. Sur le tartan du stade Hanns-Braun, Rabab Bechti (200 m) et Thibault Viale (50 m) ont décroché l’or et Nicolas Véran l’argent (100 m), tandis que Saima Tighouart (or sur 50 m nage libre, argent sur 25 m nage libre), Denis Lupo (or sur 200 m nage libre, bronze sur 100 m nage libre) et Laurent Goethals (argent sur 100 m nage libre) ont exprimé la pleine mesure de leur talent dans l’eau.
Ils avaient déjà illuminé les Jeux mondiaux d’Abou Dabi en 2019. Les tennismen Jody Onnis et Steve Demaria ont remis ça à Berlin. Le premier s’est paré d’or, le second de bronze et, ensemble, ils ont décroché le titre du double après un parcours impeccable. Le duo poursuit ainsi sa série d’invincibilité entamée en 2012 !
Le judo monégasque a également cartonné, ses trois représentants ayant ramené une médaille chacun : de l’or pour Sébastien De Vita (+100 kg) et du bronze pour Gaël Desbordes (-90 kg) et Grégory Rossi (-100 kg). Le cyclisme a apporté sa contribution avec quatre récompenses dont trois pour le seul Eric Bruno, et Heink Sleeuw a décroché l’unique médaille du tennis de table.
Mauvaises surprises
Les dirigeants de SO Monaco ne cessent de le répéter : les breloques sont importantes, certes, mais elles pèsent moins dans la balance que le bon comportement de la délégation. « Les meilleurs n’ont pas forcément eu de médaille, quelques-uns en ont même pleuré en rentrant à l’hôtel bien qu’ils aient parfois battu leurs records et renvoyé une bonne image. Il fallait leur montrer le bon côté des choses en valorisant leurs performances et leur comportement. Sinon, dans l’attitude générale, c’était vraiment pas mal. Le groupe a bien vécu », assurent le président et le directeur, qui saluent le travail des entraîneurs et notamment des plus jeunes. « Ils ont été à la hauteur. »
La belle fête a été quelque peu ternie par des problèmes d’organisation qui ont été légion et ont fait grincer quelques dents. Le football unifié a été particulièrement impacté puisque ses règles ont constamment évolué. Bien qu’elle puisse être perçue comme un exploit, la sixième place mondiale a laissé un goût d’inachevé aux Monégasques, qui avaient dominé leur groupe.
L’exemplaire Gaia Della Giusta
D’autres athlètes ont rencontré des situations désagréables. Quand certains apprenaient leur disqualification par SMS en pleine nuit, d’autres vivaient l’horrible expérience d’être prévenus quelques minutes avant leur compétition avec tous les inconvénients que cela impliquait (préparation mentale, réveil très matinal, transports en commun…).
S’ils font part de leur déception – « ça a été compliqué à digérer » -, Marco Muratori et Pierre Van Klaveren préfèrent retenir le positif. Cela va de la cérémonie d’ouverture devant 65 000 spectateurs dans une ambiance indescriptible, à « la mentalité exemplaire » de Gaia Della Giusta.
La jeune nageuse s’est luxée le genou en arrivant en Allemagne. La douleur et l’attente à l’hôpital n’auront pas eu raison de sa motivation. « Dès le lendemain, elle a insisté pour être alignée sur ses courses. Elle a fait preuve de courage en nageant à la force des bras, sans pouvoir battre des jambes ni s’aider du mur dans les virages. Chapeau bas ! » Une telle persévérance, ça vaut toutes les médailles du monde.
Jérémie Bernigole