Pensée comme une fête du ski nautique, la Monaco Slalom Cup a permis à des amateurs de s’étalonner sur le Vaudois. Une initiative du Monaco Wake and Ski (MWS) qui voulait associer ses licenciés à la manche du Pro Tour. Deux d’entre eux se sont particulièrement signalés.
Alors que les premiers ballets de la journée viennent tout juste de débuter sur le Vaudois, une exclamation teintée de joie fend la quiétude des lieux : « Record d’Europe ! » Téléphone en main et lunettes de soleil sur le nez, Albéric Maumy sourit. Son plus jeune fils, Emil, « sans e à la fin », vient de franchir 2 bouées avec une corde de 13 mètres dans la manche réservée aux amateurs. Le tout en étant tracté à 49 km/h. « Il vient d’établir la meilleure performance continentale de la catégorie d’âge U10 », s’exclame-t-il sans dissimuler sa félicité.
Une jolie performance quand on sait que le compétiteur était le cadet du plan d’eau et qu’il aurait pu légitimement crouler sous la pression de l’évènement. Que nenni. Quelques minutes plus tard, Emil, débarrassé de sa combinaison, fait son apparition près des tribunes. Calme, lucide et d’une éloquence rare pour son jeune âge. « Comme j’étais le premier à passer et que je n’avais pas de place à défendre, je n’ai pas spécialement ressenti de stress, résume-t-il. Aussi, la présence sur le ponton de mon entraîneur Marc-Antoine (Cortes) et de mon frère Aurélien m’a motivé. Je me sentais prêt à franchir le pas, et je suis très content de l’avoir fait ici. »
Le paternel écoute attentivement son fils. Le sourire ne quitte pas son visage : « Il n’avait pas encore trois ans lorsque ma compagne et moi l’avons lancé dans le grand bain. Depuis, il suit une courbe de progression linéaire. » Marc-Antoine Cortes, entraîneur en chef du Monaco Wake and Ski et ancien international français, complète : « Chez les jeunes, tu remarques tout de suite ceux qui ont le sens de la glisse. C’est le cas d’Emil et Aurélien, qui font en parallèle beaucoup de ski alpin. Ils ont développé un décalage des hanches intéressant. Sur l’eau, Emil skie très bien à 49 km/h. L’an prochain, il passera à 52 km/h. Il faudra voir comment il réagit. S’il continue de progresser, il sera bien parti pour faire carrière. »
Le MWS et sa jeunesse éclatante
Sept années sont passées depuis sa première sortie sur un lac au Portugal. Aujourd’hui, le jeune Emil consacre beaucoup de son temps à la discipline. Le champion de France slalom et figures en 2022 s’entraîne au moins trois fois par semaine de mars à fin novembre. Et, à seulement 10 ans, il représente les couleurs du MWS, dont il est l’un des fers de lance.
Créé en 2008, le club de la Principauté, basé à Roquebrune-sur-Argens, compte une cinquantaine de licenciés. « Dont plusieurs jeunes qui tournent très bien », certifie fièrement Marc-Antoine Cortes. Une liste qui comporte notamment les noms des frères Maumy ; des sœurs Cortes, Emma (2 bouées à 55 km/h avec une corde à 13 m chez les amateurs) et Lilou ; d’Alexis Keusseoglou – qui représente, lui, Monaco dans les compétitions internationales – ; mais aussi celui de Benjamin Souci.
S’il s’entraîne souvent du côté de Toulouse sous les ordres de Vincent Soubiron, l’adolescent de 17 ans n’oublie pas qu’il a grandi sur les berges du Vaudois. « Je suis un enfant du club, se plaît-il à raconter. J’ai été initié au ski nautique ici par mes parents. Pour eux, c’était un loisir. Pour moi, c’est rapidement devenu une addiction. »
Benjamin Souci, la valeur montante
Le Villeneuvois remporte les Championnats de France en 2016, l’une de ses premières compétitions ; connaît sa première sélection aux Championnats d’Europe en 2019 puis aux Championnats du monde en 2021. Retenu en équipe de France pour les Mondiaux 2022 au Chili, il a pris la huitième place du slalom. « Depuis deux ans, la progression de Benjamin est intéressante, analyse l’entraîneur du MWS. On le voit à l’aise à 10,75 m. En U21, il figurait dans les dix premiers mondiaux. Dans les Open, il se retrouvera peut-être dans le Top 50. C’est vraiment pas mal ! »
Initialement listé dans la manche amateur de la Monaco Slalom Cup, Benjamin Souci a été surclassé à la dernière minute. « Comme il a très bien skié toute la semaine, on l’a récompensé en lui offrant sa première apparition sur le Pro Tour », précise Marc-Antoine Cortes, qui espère que cette opportunité « sera une ouverture vers le monde pro ».
Et ça a plutôt bien marché pour « Ben », en témoigne sa 17e place après avoir validé 4 bouées à 10,75 m. « Je voulais faire le meilleur score possible, et j’ai saisi ma chance devant mes proches, dans ce club où on se sent si bien, commente l’intéressé. Skier avec les professionnels, ça me donne envie de poursuivre mes efforts pour les titiller de plus en plus. »
Spectateur privilégié des performances de ses protégés, Aleco Keusseoglou est forcément satisfait. « Ils sont ravis de côtoyer les plus grands de la discipline, et nous le sommes aussi de les voir se réaliser, avoue le président de la Fédération monégasque de ski nautique. C’est quelque chose de magique, c’est un honneur pour eux et, quelque part, ça doit leur donner des idées pour la suite. » Ça tombe plutôt bien : de l’ambition, les jeunes pousses du MWS n’en manquent pas.
Jérémie Bernigole