Médaillé d’or avec l’équipe de France de rugby à 7, Antoine Zeghdar a partagé sa récompense le 4 septembre avec les jeunes sociétaires de l’AS Monaco Rugby, son premier club. Preuve que la nouvelle coqueluche de l’ovalie tricolore n’oublie pas ses origines.
« T’es sûr que c’est lui ? » – « Mais oui, c’est le monsieur du rugby aux Jeux olympiques ! » La présence d’Antoine Zeghdar au stade Prince Héréditaire Jacques, le 4 septembre, n’est pas passée inaperçue auprès des licenciés de l’AS Monaco Rugby. Et pourtant, il n’a même pas dansé ! Le natif de la Principauté, vainqueur du tournoi olympique de rugby à 7 avec la France*, a répondu favorablement à la demande d’Aurélien Lazzaro. Après la formidable épopée estivale de l’ailier de Castres (Top 14), le directeur de l’école de rugby lui avait proposé de venir saluer les jeunes pousses du club à la reprise de l’entraînement. Un club cher à son cœur, celui qui lui a donné la fibre du ballon ovale entre 2011 et 2013. La suite, on la connaît.
« J’étais à leur place il y a quelques années, se souvient-il. Ce serait génial que ma carrière leur donne envie de s’investir dans le rugby. » Quel conseil pourrait-il leur donner ? « Travailler beaucoup et accepter les sacrifices. On vit des choses exceptionnelles quand on n’abandonne pas ses rêves. » S’ils étaient très heureux de compter un champion olympique parmi eux, les enfants n’avaient d’yeux que pour un seul objet. Et quel objet : la médaille d’or de Paris 2024 ! Et Antoine Zeghdar de répondre aux questions les plus farfelues entre deux photos. « Tu es le meilleur joueur du monde ? », lui demande un gamin, provoquant un rire gêné de l’intéressé, qui doit aussi rassurer une petite fille. Alors qu’il lui explique que chaque médaille contient un morceau de Tour Eiffel, cette dernière demande, inquiète à propos de la Dame de fer : « On ne va pas la détruire à force ? » La distinction, elle, circule de joueur en joueuse, sous le regard protecteur de son propriétaire. Pour tous, le rêve olympique est à portée de main.
Il rêve du XV de France
En marge de cette rencontre, Antoine Zeghdar, d’une simplicité confondante malgré sa popularité naissante, a rejoué son année dorée, des stages de sélection à la consécration olympique à la maison. « On a marqué l’histoire du rugby à 7. Mine de rien, en décrochant le premier titre français de ces Jeux, on a montré la voie à la délégation tricolore », rappelle-t-il justement. Le plus grand fait d’armes des septistes français, outre le fait d’avoir dépoussiéré l’armoire à trophées de la sélection (ils ont également remporté les World Series pour la première fois en juin), est d’avoir embarqué le pays dans leurs aventures. La greffe du talentueux et populaire Antoine Dupont a certainement joué mais, à la fin, c’est un collectif qui l’a emporté au Stade de France devant les doubles tenants du titre fidjiens (28-7) : « Nos succès ont contribué à la médiatisation du rugby à 7 en France. Après la finale olympique, des gens qui n’en avaient jamais regardé de leur vie m’ont avoué avoir versé une larme pour nous. » Avec le départ de l’architecte Jérôme Daret et de plusieurs cadres de l’équipe, Antoine Zeghdar, 25 ans, est appelé à endosser un nouveau rôle en sélection. L’insatiable ailier confie son souhait « de faire du 7 tout en gardant un pied dans le rugby à XV ». Ses rêves sont grands : « Le titre olympique est une consécration, c’est le Graal mais ce n’est pas une fin en soi. Je cherche toujours des objectifs qui m’aident à me lever chaque matin. Gagner un second World Series, remporter le Top 14 ou intégrer l’équipe de France à XV… La Coupe du monde en Australie arrive vite (2027). » Même à l’autre bout du globe, Antoine Zeghdar restera Antoine de Monaco.
Jérémie Bernigole