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« Qui ose, gagne » : le mantra motivant des athlètes du Judo Club de Monaco

Depuis quelques années, le Judo Club de Monaco a de nouveau une équipe féminine qui représente ses couleurs en compétition. Une formidable vitrine pour le club et la discipline.

La devise « qui ose, gagne » , apprise au sport études, est chevillée au coeur de cette belle bande de sportives et de copines. Et donne le ton quand on arrive sur le tatami. Nous avions déjà remarqué la montée en puissance des judokates de la Principauté lors d’un précédent reportage.

C’était début 2019. Les ambitions s’affichaient déjà : Jeux des Petits États d’Europe au Monténégro, championnat de France 2e division… Avec déjà une belle breloque d’or dans les Balkans en 2019, les judokates ont rapidement pu rayer une ligne de leur liste d’objectifs. De bon augure pour la suite.

Et ce n’est pas la pandémie qui allait mettre un coup d’arrêt. « On s’est soudées. Malgré ces deux années, nous nous sommes donné des rendez-vous, on est allé courir ensemble. On a essayé d’entretenir notre cohésion », relate Sara Allag, la doyenne du groupe et également entraîneur au Judo Club de Monaco, qui a poussé pour reformer un groupe.

« A mon arrivée à Monaco, j’avais intégré une équipe féminine. Et au fur et à mesure, les filles ont pris de l’âge et ont arrêté. J’étais la dernière. J’aimais vraiment cette ambiance. Avec Marcel (Pietri, directeur technique du judo monégasque), on a tout fait en ce sens et puis les petites nouvelles sont arrivées. Elles ont grandi et ça a fait une chouette équipe senior. Il nous a manqué une lourde, on a demandé à un club voisin de nous « prêter » cette dernière. »

L’équipe complète, les voilà parées. Aux côtés de Sara, on retrouve bien sûr Margaux Gonella, Florine Soula et Rania Drid, les sociétaires du club. Ces deux dernières sont de sacrés atouts puisqu’elles s’illustrent aussi à l’international sous les couleurs de l’équipe de France. Alessia Catana en novembre dernier, puis Lucie Gressier et Chloé Barberis, licenciées dans des clubs de la région, sont venues en renfort, motivées par « l’esprit d’équipe, l’ambiance, les filles avec qui on s’entraîne déjà en extérieur”, précisent ces dernières. « Pour nous, faire les championnats en équipes était une évidence. Et puis c’est le club, Marcel… »

Une saison, deux championnats

La saison dernière, ce n’est pas un mais deux championnats de France qui attendaient les judokates, histoire de rattraper les annulations de l’exercice précédent. Et pour tenter de se qualifier à l’échelon national, il fallait passer par une finale régionale.

Pas une mince affaire quand on sait que la zone PACA, avec ses pôles de Nice et Marseille, est la deuxième en termes de clubs et de résultats sportifs après la région parisienne. Et que seule l’équipe championne de PACA se qualifie pour les championnats de France 1ère division, les deux suivantes héritant de l’échelon inférieur.

« Nous, notre objectif premier était de se qualifier aux France, et dans l’idéal en première division », précise Sara. Objectif atteint. Mais à l’échelon supérieur, les filles héritent du Paris Saint-Germain, qui compte dans ses rangs nombre d’olympiennes. « Dans ma catégorie, il y a une médaillée d’argent et chez les lourdes une championne olympique. Ce fut un peu dur mais on n’a rien lâché. Et on a tellement pris de plaisir qu’on a voulu recommencer », souligne Sara.

Il faut dire que la compétition en équipe correspond bien à cette bande de copines. « Ce sont deux compétitions différentes. Ce n’est pas la même approche. En individuel, on est dans sa bulle. Par équipe, on essaie de rassembler les filles, de faire des choses en groupe, c’est une tout autre ambiance et c’est vraiment agréable », confie Florine Soula.

Rebelote donc quelques mois plus tard, avec Chloé et Lucie en renfort. Nous sommes en mars 2022. Et là, déjà, cela s’annonce plus corsé avec, dès le premier tour, un adversaire de choix : le Var Judo 83. Une équipe que Sara connaît bien pour y avoir « prêté main forte pendant quelques années, et qui a eu de nombreuses médailles en équipe et même le titre de champion de France ». De quoi entrer directement dans le vif du sujet.

« On se regarde, on se dit qu’on n’a pas le choix, qu’il faut y aller. On combat l’une après l’autre, pas forcément dans l’ordre de poids, puisque celui-ci est déterminé par tirage au sort. Et c’est Lucie, la lourde, qui a débuté », raconte Sara Allag. Si cette dernière, qui venait juste de reprendre après deux ans de pause, était terrifiée, elle assure face à « une fille très costaud, avec des podiums internationaux et en 15 secondes, elle a gagné, explique Sara. Cela nous a mis dans la dynamique. Ensuite on a enchaîné et pratiquement tout gagné. On s’est imposé. »

De belles ambitions

Tombées directement sur une tête de série aux France, les filles ne passeront pas le premier tour. Mais elles restent plus motivées que jamais. Et leurs yeux sont déjà tournés vers les prochaines échéances. Car en plus des compétitions individuelles, les filles entendent bien remettre le couvert en équipe aux championnats de France 1ère division et surtout défendre leur titre aux Jeux des Petits États d’Europe, qui se dérouleront à Malte.

« On a la médaille d’or et on veut la garder », annonce d’emblée Sara, qui espère que leur parcours suscitera des vocations chez les plus jeunes. « Ce serait super de créer des équipes avec les minimes, cadettes et juniors pour que le club soit représenté sur toutes les tranches d’âge. Nous n’avons pas encore le nombre nécessaire, mais c’est un but sur le long terme, précise la coach. L’objectif c’est que nos pitchouns adhèrent. Ce sont des petites guerrières qui n’ont pas peur d’affronter les garçons. On veut leur montrer ce qu’est une équipe chez les grands pour leur donner envie. » Et aussi que pour gagner, il faut oser.

Aurore TEODORO

Publié le 23 Juil. 08:39