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Mare Nostrum : l’élite en force

Les 21 et 22 mai derniers, la piscine olympique du Stade Louis-II a accueilli la 39e édition du Meeting international de natation de Monaco qui a une nouvelle fois réuni l’élite de la discipline, venue chercher de la confrontation à quelques semaines seulement des championnats du monde.

Avec la levée des dernières restrictions quelques jours auparavant, cette édition 2022 du Meeting international de Monaco – le 27e sous la bannière du circuit Mare Nostrum – avait des allures de retour à la normale. Et pourtant, la pandémie y a quand même fait des vagues. En cette année post-olympique qui ne devait accueillir que des échéances continentales (championnat d’Europe, Jeux du Commonwealth…), des championnats du monde sont venus bouleverser le calendrier international.

L’édition 2021 de cette compétition biennale prévue au Japon, qui avait été initialement reportée au printemps 2022, aura finalement lieu en 2023, tandis que la Hongrie devient hôte d’un rendez-vous 2022 imprévu qui se déroulera du 17 juin au 3 juillet. De quoi en perdre son latin… et bouleverser aussi le calendrier du meeting initialement prévu mi-juin, comme de coutume.

« Cette année, l’organisation a été particulière car nous avons dû changer la date en février et l’avancer d’un mois, entre les deux Grands Prix, avec tous les changements logistiques que cela entraîne. Nous avions deux dates potentielles. On a contacté quelques équipes pour faire un sondage. Et pour beaucoup, la préférence a été donnée sur cette date en mai… Avec ce bouleversement, on avait peur de ne pas remplir, mais on était à l’opposé de la réalité », relate Guillaume Dazun, le coordinateur de la compétition, organisée par la Fédération Monégasque de Natation et son énergique vice-présidente Yvette Lambin-Berti.

Car, malgré toutes ces péripéties, le meeting de la Principauté – qui était d’ailleurs qualificatif pour ces championnats du monde – a encore déplacé les foules avec 300 nageurs, dont une quarantaine de médaillés olympiques, mondiaux ou européens, et 92 équipes de 33 nationalités différentes. Un grand soulagement et une belle satisfaction pour les organisateurs, d’autant que les trois rendez-vous du circuit Mare Nostrum (Monaco, Canet-en-Roussillon et Barcelone) ont tous fait le plein.

« Un des meilleurs au monde »

Il faut dire que la formule plaît. « Monaco est l’un des meilleurs meetings internationaux de tout le circuit mondial. La piscine est extrêmement rapide, les installations sont incroyables. Tout est fait pour réussir. Avec ce rendez-vous, on est vraiment sûrs que tout sera parfait pour réaliser de grandes performances », confirme le Brésilien Bruno Fratus, une de ces stars fidèles de la compétition, « tellement heureux d’être ici, d’avoir l’opportunité de nager contre les meilleurs du monde chaque année et d’être extrêmement bien accueilli. Cela me donne envie de faire quelque chose de concret, d’assurer le spectacle ».

Et le vainqueur du Mare Nostrum 2021, médaillé de bronze aux Jeux de Tokyo, a tenu parole et fait vibrer les foules en s’imposant sur le 50 mètres nage libre, sa distance fétiche, face au Néérlandais Thom de Boer. Il élimine même Florent Manaudou, le vice-champion olympique 2021 de cette distance, resté aux portes des finales de ce tournoi de vitesse. Car tout le week-end, à la piscine olympique du centre nautique Albert II, l’effervescence des grandes éditions était de mise que ce soit dans l’eau mais aussi autour du bassin, où certaines délégations – la Finlande en tête – ne manquaient pas de donner de la voix quand l’un des leurs nageait ou en coulisses où s’affairaient l’équipe organisatrice et ses quelque 75 bénévoles.

« Quand on nous parle de la qualité de l’événement, je dis toujours aux bénévoles que c’est grâce à eux parce que,  même si on est trois à travailler dessus tout au long de l’année (lui-même, Stéphanie Cabioch et Gilles Oncina), l’événement ne se ferait pas si on n’avait pas ce beau monde », rappelle Guillaume Dazun, avant de confier une « anecdote ». « On échangeait avec Andrii Govorov, qui est là depuis quelques semaines et d’autres nageurs, qui nous ont confié que lorsqu’ils viennent au Mare Nostrum, ils ont l’impression d’être aux championnats du monde du fait de la qualité de la compétition, des compétiteurs et de l’organisation. Et plus spécifiquement à Monaco, parce que nous sommes très à cheval sur l’accueil, le service transport… On est un des seuls ‘swim tour’ au monde à avoir une telle organisation sur dix jours, avec deux jours dans chaque ville, entrecoupé d’une journée de repos. Une organisation comme celle-ci, c’est dément. »

La répétition des efforts sur une courte période de temps, un plateau toujours exceptionnellement dense et une organisation méticuleuse, voilà les clés du succès et de la réputation du circuit Mare Nostrum et du meeting monégasque. A cela s’ajoute le travail du coordonnateur lors des diverses compétitions internationales. « Cela faisait plus de cinq ans que nous n’avions plus reçu d’Allemands. Lors de notre déplacement sur les championnats du monde petit bassin à Abou Dhabi, en décembre dernier, nous les avons rencontrés. On a pris le temps d’échanger avec eux et là ils sont de retour en masse. Pareil pour la fédération suisse, rencontrée au même endroit », explique Guillaume. Durant les prochaines années, le circuit devrait aussi bénéficier de « l’effet » Paris 2024 et du retour en Europe de certaines compétitions, après un cycle asiatique. »

Avec les Jeux du Commonwealth à Manchester en juillet, les Mondiaux à Budapest et les J.O. en 2024, nous essayons de nous entraîner et de concourir autant que possible en France », confirme Nihar Ameen, le coach de la Fédération indienne qui faisait elle aussi son grand retour après une dizaine d’années d’absence.

Deux générations en embuscade

Sur les plots, les grands noms se succèdent. Des vétérans du circuit – Sarah Sjöström, Florent Manaudou, Chad Le Clos, encore bien en jambes et motivés par la perspective de Paris 2024 – comme la jeune génération, qui s’est déjà illustrée sur la scène internationale : Marrit Steenbergen, Noé Ponti, Maxime Grousset, Lydia Jacoby, Michael Andrew… Avec un tel plateau, on aurait pu s’attendre à une pluie de records.

Mais cette année, l’heure n’était pas (encore) à l’exploit. « Un meeting post-championnat (Europe ou monde) aura toujours son lot de performances, voire de records. Mais lorsque celui ci se déroule trois semaines avant, comme c’est le cas du circuit cette année, nous avons des compétiteurs qui sont très certainement à la fin d’un travail très spécifique et qui se servent du Mare Nostrum pour finaliser cette préparation avant d’entamer une période de récupération qui devrait amener une bonne partie à être bien plus performants dans trois-quatre semaines pour Budapest », analyse Michel Pou, le directeur technique du tournoi, l’œil expert toujours rivé sur ce qui se passe dans son bassin.

Et si seuls ont été battus les records du meeting du 50 mètres brasse par Lara Van Niekerk et du 400 mètres quatre nages par Matt Sates, les nageurs ont montré des choses prometteuses. A l’instar du Néerlandais Arno Kamminga (vainqueur de ce Mare Nostrum 2022), qui  « sait où il est et qui est assez sûr de lui, de sa préparation », de Sarah Sjöström qui a régné sans partage sur les 50 mètres nage libre et papillon ou encore Michael Andrew, engagé sur pas moins de huit épreuves (50 et 100 mètres brasse, dos, nage libre et papillon), qui « a gommé quelques petits trucs mais à la marge », souligne le directeur technique du tournoi. « Il est dans la répétition d’efforts à haute dose. Et des fois, il n’y avait que trois minutes d’écart entre ses 50 mètres. C’est normal par rapport à la préparation, il fait un travail spécifique, il enchaîne les courses de haut niveau et derrière il se repose. Il utilise la compétition dans le cadre de son entraînement. » 

Un été chargé pour les Monégasques

Du côté de l’AS Monaco natation et de la Fédération monégasque, l’heure était à la préparation aussi. Championnats de France, d’Europe, du monde ou encore Jeux Méditerranéens… en bassin, comme en eau libre, le planning s’annonce très chargé pour le groupe compétition de Michel Pou, qui était venu en force pour leur meeting à domicile, avec près d’une trentaine de nageurs. A l’instar de Lara Grangeon, l’olympienne spécialiste de l’eau libre, qui s’entraîne depuis le début de saison à Monaco.

« J’y avais déjà participé en 2014. Cela faisait un petit moment que je n’étais pas venue et je suis contente d’être là. C’est un club familial, avec beaucoup de bénévoles. Tout le monde est là pour le Mare Nostrum, je sentais qu’il y avait un grand engouement de tout le club, et même si je revenais de blessures, cela me tenait à cœur de participer », souligne la nageuse à la fin de sa finale A du 200 mètres papillon, où elle termine à une belle cinquième place.

Même son de cloche pour Théo Druenne et Romain Vanmoen que l’on retrouvait autour du bassin. Pas question pour eux de louper leur seule compétition à domicile. Et si pour le premier, en pleine préparation notamment pour les championnat d’Europe junior en eau libre, cela fut un rendez-vous un peu compliqué, le second, lui, a pris beaucoup de plaisir. Lui qui vit désormais au Canada, où il continue de nager à haut niveau tout en menant de front ses études d’ingénieur, est parvenu à sortir des qualifications pour participer, avec le Monégasque Ethan Faloppa, à la finale B du 200 m 4 nages. Comme une poignée des nageurs de Michel, à l’image de Ladislas Salczer (vainqueur de la Finale B du 100 m dos).

Car avec une telle densité de nageurs internationaux, cette année « il était parfois difficile de sortir des qualifications, même pour les plus grandes stars, comme Chad Le Clos lors du 200 mètres nage libre », souligne l’entraîneur général de l’AS Monaco Natation, qui, même s’il reste des choses à travailler, a vu du positif, notamment chez les plus jeunes, dont l’objectif de réaliser leur meilleur temps. « Et ils l’ont réalisé ! » souligne leur exigeant coach. « Les autres, comme les grands nageurs, sont restés à distance plus ou moins raisonnable, en fonction des cas, de leur meilleure performance parce qu’ils sont dans une logique de travail et qu’ils devront être performants dans quelques semaines. » On a hâte de voir les résultats !

Aurore TEODORO

Publié le 24 Mai. 07:46