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Manuel Dos Santos.Manuel Dos Santos.

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Manuel Dos Santos, le précepteur

Depuis treize ans, Manuel Dos Santos s’échine à former la fine fleur de l’AS Monaco dans les catégories de jeunes. L’entraîneur des U17 Nationaux, lui-même pur produit du centre de formation, poursuit « une longue histoire d’amour ».

Derrière les jeunes sortis de l’Academy ces treize dernières années se cache un homme. Manuel Dos Santos polit les diamants bruts avec patience et sérieux. Deux adjectifs qui sont souvent revenus dans la carrière de cet ancien latéral gauche, attaché à son club formateur.

Plus jeune, il se fatiguait la voix en Pesages avec ses amis. « Entre l’AS Monaco et moi, c’est une longue histoire d’amour », confesse le formateur de 48 ans en cet après-midi nuageux de janvier. Avec une première licence signée dans sa cinquième année, Manuel Dos Santos fait toutes ses classes sous le maillot à la diagonale.

Il passe professionnel en 1995 et ressent les premiers frissons de la D1 un soir de derby remporté face à l’OGC Nice, en juillet. Le natif de Praïa au Cap-Vert joue peu la saison du titre national en 1996/1997, la faute à une blessure, et doit plier bagage afin de lancer sa carrière au Montpellier Hérault Sport Club.

Lien de confiance

Il connaîtra l’exil une seconde fois en 2007 après une courte expérience d’un an et demi sous les ordres de Francesco Guidolin, Laszlo Bölōni et Laurent Banide, au crépuscule de sa carrière, qu’il conclura en Alsace, à Strasbourg. Entre-temps, il s’accomplit à l’Olympique de Marseille, disputant la finale de la Coupe UEFA contre Valence en 2004, et à Benfica, où un titre de champion et une Supercoupe du Portugal garniront son palmarès.

Remuant dans son couloir et jamais avare d’efforts, il gagne le surnom de « petit Roberto Carlos » : « Même si cette carrière m’a demandé beaucoup de sacrifices et de rigueur au quotidien, je n’en tire que du positif. Ce métier que j’aime m’a procuré des émotions fortes et m’a fait découvrir le monde. »

Un lien de confiance s’est tissé entre Manuel Dos Santos et l’AS Monaco, qui a toujours coulé dans ses veines. Le Français revient en Principauté en 2010 dans un nouveau rôle d’éducateur : « Bien connaître le club et ses attentes par rapport à la formation est un avantage. Ici, les valeurs sont les mêmes qu’il y a cinquante ans malgré la transformation du paysage du football. Je gagne donc du temps sur les messages à passer, je peux me concentrer sur d’autres aspects. »

Des valeurs « de dépassement de soi, d’engagement, de rigueur » qui collent à la peau de cet entraîneur pointilleux. Il apprend le métier en multipliant les expériences avec les U19 et les U17 pendant trois ans, avant de s’installer durablement à la tête de la catégorie la plus jeune. Une décision qui n’est pas pour lui déplaire : « Il y a tout à faire. Comme le club a la particularité de ne pas avoir de pré-formation, nous accueillons des jeunes de quatorze, quinze ans qui doivent apprendre tous nos principes sur le terrain, mais pas seulement. L’entraînement « invisible » est d’une importance capitale, puisqu’ils doivent avoir une bonne hygiène de vie, savoir bien se nourrir et comprendre que le football est un métier qui demande un investissement conséquent. »

Jeu offensif

En treize ans, il voit défiler les générations. Et qui dit génération dit aussi changement de codes. Diriger des adolescents à la poursuite de leurs rêves implique de rester en éveil et d’anticiper l’évolution des comportements. « Le message reste le même depuis 2010, c’est le mode de communication qui progresse, note Manuel Dos Santos. Nous devons rester attentifs et ne pas nous endormir sur les acquis. Un gros changement est intervenu avec la pandémie et l’inactivité qui en a découlé. Je l’ai ressenti avec la dernière génération. Six à huit mois ont été nécessaires pour recréer le goût de l’effort, ainsi qu’une certaine forme physique mais aussi mentale. »

L’éducateur porte notre attention sur l’impact des écrans. Pour déjouer son influence sur les capacités intellectuelles et lutter contre l’étiolement de la concentration chez ses joueurs, il dit tabler sur l’introduction dans ses séances de questionnaires post-entraînement et « d’un peu plus de retour-vidéo que par le passé » : « On utilise également les GPS pour les sensibiliser à l’utilisation des datas. »

A la tête d’un nouveau groupe cette saison – « une grosse partie des joueurs est arrivée au mois d’août, j’ai appris à les connaître pendant la préparation » -, Manuel Dos Santos préconise « un jeu porté vers l’offensive ». « Cela ne veut pas dire courir en attaque sans réfléchir, tempère-t-il. On respecte les principes de l’ASM, à savoir produire du jeu, et je mets en place plusieurs principes, comme s’installer haut dans le camp adverse pour finir les actions ou récupérer le ballon en cas de perte. C’est un projet intéressant pour des U17. »

Mbappé et Touré, deux prodiges

En appliquant ces préceptes, ses jeunes ont remporté onze de leurs quinze rencontres de Championnat. Les Monégasques sont actuellement deuxièmes à deux points de l’AS Saint-Etienne. « Je peux déjà voir la progression, ça va très vite à cet âge-là. Notre objectif ? Perdurer en haut du classement et chercher en permanence à s’améliorer. »

La discussion dérive sur le potentiel de ses joueurs. « On peut commencer à avoir des tendances en deuxième année de formation, coupe l’ancien arrière gauche. Comme ils sont de plus en plus jeunes en première année, il est difficile de se projeter sauf cas exceptionnel avec des joueurs hors-normes. » Deux noms se détachent : Almamy Touré et Kylian Mbappé. Des lumières.

« Je venais d’arriver quand on m’a parlé d’Almamy, un U17 qui devait être surclassé. L’annonce m’a laissé pantois, mais, en un match, il a réglé son cas. Il avait déjà la réflexion et la culture d’un joueur de haut-niveau, et il surnageait en U19. » Le plus gros talent à être passé par la pépinière des Rouge et Blanc reste assurément le prodige de Bondy : « Kylian, je l’ai eu les trois premiers mois de sa deuxième année. Il possédait tout et était en avance sur son âge : perception et compréhension du jeu, finition, vitesse et accélération… »

On ne peut rien prédire dans l’univers ultra concurrentiel du football, mais certains de ses joueurs seront peut-être appelés à rejoindre le groupe professionnel à terme, ou à voguer vers d’autres horizons pour faire carrière. Et si l’AS Monaco coule dans leurs veines, ils auront toujours la possibilité de revenir tôt ou tard en Principauté. Manuel Dos Santos en est la preuve vivante.

Publié le 16 Mar. 16:05