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Manon Poyard.Manon Poyard.

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Manon Poyard, le parcours de la combattante

Elle s’entraîne principalement seule dans le jardin familial à Levens ou dans un hangar à La Trinité. Ce qui ne l’empêche pas d’être abonnée aux podiums mondiaux. Manon Poyard, Monégasque de 25 ans, porte fièrement les couleurs de son pays dans les compétitions de Spartan Race, mélange de crossfit et de trail.

Sous un soleil timide, Manon Poyard traîne ses baskets à la No Finish Line. Strappée, sa cheville droite porte les stigmates d’une grosse débauche d’énergie. « J’ai un peu tiré sur la corde ces derniers jours, mais ce n’est pas grand-chose, nous rassure-t-elle en marchant autour du circuit de Fontvieille. Je reprends l’entraînement dès demain. »

Elle est un peu pressée par le temps : deux compétitions d’envergure internationale se profilent, fin novembre à Dubaï et début décembre à Abu Dhabi. La Monégasque de 25 ans rentre tout juste des Championnats du monde de Spartan Trifecta (voir encadré), organisés pour la première fois depuis 2019 à Sparte. Du 4 au 6 novembre, les meilleurs athlètes de la planète ont convergé vers la cité antique afin de prendre part à trois courses à obstacles en autant de jours.

Entourée de ses parents, Manon Poyard, équipée gracieusement par Décathlon Monaco, a décroché la médaille de bronze dans la catégorie 25/29 ans. « Je me serais contentée d’améliorer mes temps et de finir les épreuves », glisse-t-elle, encore stupéfaite par sa performance sans précédent en Principauté. L’ultime course a été disputée dans des conditions dantesques et un terrain boueux, après qu’une tempête a balayé la Grèce dans la nuit, corsant l’aventure des 2 000 concurrents.

Entraînement intensif depuis onze mois

Arrachée contre toute attente, cette troisième place mondiale (voir résultats) est la récompense de l’investissement hors du commun de la Monégasque dans un sport qui tend à gagner en popularité et en visibilité. Manon Poyard, c’est l’acharnement personnifié. Depuis sa performance en Grèce, elle s’est accordée un seul jour de repos… qu’elle a passé à l’aéroport et dans l’avion du retour.

Depuis onze mois, « la Reine des Burpees » – elle affectionne cet exercice sollicitant l’ensemble du corps – dédie six jours par semaine au crossfit, qu’elle pratique dans un hangar de La Trinité. Une discipline découverte au Mexique il y a deux ans, durant ses études de business international : « J’ai été happée par la notion de dépassement de soi et la sensation de progression. Grâce au crossfit, ma condition physique est optimale. »

Et quand elle estime qu’elle a encore du jus, la Monégasque rend visite aux montagnes de l’arrière-pays dans de longues sorties trail. La dernière en date l’a épuisée : 30 kilomètres pour 2 000 mètres de dénivelé. Elle en est venue à bout en six heures. « Je m’y suis mise récemment, depuis septembre environ, situe-t-elle. C’est dur physiquement, mais c’est une pratique idéale pour ma progression en Spartan Race. »

Casser la barre des six heures

Mais d’où vient ce goût de l’effort poussé à l’extrême ? De son papa, Pascal, ancien champion de moto, triathlète, marathonien, finisher de l’Ironman de Nice et aujourd’hui VTTiste accompli. Et d’une famille qui baigne dans le sport depuis toujours. Le jardin de la résidence familiale à Levens ressemble d’ailleurs à un parcours du combattant : une corde, des anneaux, une cible de lancer de javelot… « On pourrait organiser les prochains Championnats du monde chez nous », plaisante Manon Poyard, qui recherche activement la somme de 20 000 euros pour financer sa saison 2023.

Les Mondiaux, justement. La Monégasque a fait ses débuts en Spartan Race par le biais de cette compétition en décembre 2021 à Abu Dhabi. Elle travaillait alors dans la ville voisine de Dubaï, au Pavillon Monaco, pendant l’Exposition universelle. Bien préparée, elle avait plongé dans le désert des Emirats arabes unis, le sable jusqu’aux genoux, et brandi le drapeau de son pays sur la première marche du podium des 18/24 ans : « J’avais terminé le parcours en 6h17 mais, comme il s’agissait d’une exhibition, les résultats n’avaient pas été officialisés. Ils le seront cette année. J’y participerai grâce à mes résultats au Spartan Estérel de Saint-Raphaël en octobre. J’espère casser la barre des 6 heures et pourquoi pas tutoyer les 5h30. »

Derrière ce « pourquoi pas » se cache en réalité un but. « C’est plus fort que moi, avoue-t-elle. J’ai besoin de me fixer des objectifs pour avancer et repousser mes limites. » La Spartan Ultra est la prochaine étape. Manon Poyard estime qu’il lui manque encore un peu d’entraînement pour parcourir les 50 kilomètres et 60 obstacles en 15 heures, le délai imparti : « Si tu es au-delà des temps à chaque partie, tu sautes. C’est mentalement inconcevable pour moi de m’inscrire sans être certaine de terminer. Selon mes calculs, je devrais être prête à la fin de l’année prochaine. » Il n’y a pas une minute à perdre !

Jérémie BERNIGOLE-STROH

Publié le 01 Déc. 15:23