Soixante-neuf équipes ont animé la troisième édition du Ducasse’s Challenge, les 4 et 5 septembre derniers à l’Espace Saint-Antoine. On a vu des beaux gestes, des matches disputés et, surtout, l’avenir de la pratique.
« La pétanque féminine a sacrément progressé. On a un aperçu du niveau technique puisque des équipes de grande qualité ont fait le déplacement en Principauté. Nos doublettes rouge et blanc sont aussi à la bataille. » Didier Fulconis s’arrête net. Rien de mieux qu’un exemple concret sous nos yeux pour illustrer ses propos. Alors que le président de la Fédération monégasque de boules est en train de vanter les mérites de la pratique, qui connaît un engouement formidable, Audrey Almeras et Anne-Marie Dellapiettra se démènent sur le terrain d’en face. Leur remontée au score accapare l’attention des spectateurs. Largement mené, le duo monégasque a renversé la vapeur (13-11). La performance provoque les applaudissements et l’admiration de l’assistance. « Vous voyez ce que je veux dire ? » reprend Didier Fulconis, fier.
Il peut l’être. Huit autres équipes du Club Bouliste Monégasque (CBM) ont bien figuré au Ducasse’s Challenge, organisé les 4 et 5 septembre. « Cette troisième édition est un succès. On a même dû refuser du monde, c’est la première fois que cela nous arrive pour ce tournoi national », rembobine Serge Turuani, le président du CBM. Soixante-neuf doublettes (après trois abandons de dernière minute) ont passé leur week-end sur les terrains de l’Espace Saint-Antoine, dans une ambiance saine et respectueuse malgré les enjeux.
Un duo du CBM en demi-finale
Parmi les joueuses, trois championnes du monde (Caroline Bourriaud, Marie-Christine Virebayre et Aurelia Blazquez Ruiz), des pratiquantes de 20 départements, dont la Seine-et-Marne, l’Allier ou encore le Tarn, et beaucoup de jeunes femmes. Voire des enfants, la benjamine du tournoi ayant 11 ans. « La pétanque féminine est en plein essor, la jeunesse s’y intéresse fortement. Le niveau augmente chaque année. C’est pourquoi on est vraiment fier d’avoir pu organiser notre évènement, alors que beaucoup de compétitions ont été annulées ces derniers mois à cause de la pandémie », insiste Serge Turuani.
Avant de rendre un hommage appuyé aux bénévoles, « sans qui rien ne serait possible » : « Il nous a fallu trois mois de travail pour gérer les invitations, les réservations d’hôtel, etc. Quant à la logistique, une vingtaine de personnes a œuvré pendant une semaine. Elles ont préparé les terrains, réparé les bois et exécuté d’autres missions sur leur temps libre pour nous donner un coup de main. » Les bénévoles ont été grands, les joueuses monégasques aussi. Trois duos ont été éliminés lors des huitièmes de finale et un en quart. Aurélia Ruiz Blazquez et Marie Lyone Bolis, elles, ont atteint les demi-finales.
Deux formations du CBM aux Mondiaux
Elles se sont arrêtées dans le dernier carré, vaincues par les futures vainqueures du 3e Ducasse’s Challenge (4-13), Fanja Aubriot / Nadège Baussian-Protat (duo Boulanciel) qui ont ensuite survolé la finale (13-0). « Elles sont trop fortes, c’est quasi impossible de gagner contre elles », jure le président du CBM. « Sur 20 parties, tu en perds 19 à coup sûr. » Aucun regret, donc, pour le club monégasque, qui a atteint son objectif. L’autre bon point de la compétition, qui était retransmise en direct par la WebTV Boulistenaute, c’était la participation de Chloé Perez, Caroline Godard, Cyrielle Thivoz et Chloé Albecq.
Les quatre licenciées du CBM représenteront Monaco aux championnats du monde à Santa Susanna, en Espagne, du 12 au 14 novembre. « C’était sympa de rejouer ensemble, ce n’était plus trop le cas ces derniers temps à cause du Covid-19, sachant qu’on vit chacune dans des endroits différents. Il faut se remettre dans le bain, retrouver les automatismes. Cela revient tout doucement, on aura plusieurs concours avant les Mondiaux pour peaufiner les derniers réglages », commente Chloé Perez. Engagées sous la forme de deux doublettes au Ducasse’s Challenge, les jeunes femmes, âgées de 17 et 18 ans, sont tombées au premier tour et en huitièmes de finale.
« Pas une grande différence entre les deux sexes »
« Elles ont fait un très bon parcours », assure leur entraîneur, Freddy Perez. « C’est bien de sentir que des jeunes poussent pour réussir. Les filles auront d’autres tournois pour se préparer au très haut niveau qui sera proposé aux championnats du monde par les Françaises, les Thaïlandaises… C’est dans ce genre de tournoi qu’elles emmagasinent de l’expérience. » Quand on a du talent, il n’y a pas d’âge pour se confronter aux meilleures. Surtout en pétanque.
« Contrairement à d’autres sports, comme le football et le handball, il n’y a pas une grande différence entre les niveaux des deux sexes. Plusieurs équipes peuvent rivaliser avec les hommes », assure Didier Fulconis. Serge Turuani, lui, est plus catégorique : « Même en m’alliant avec un très bon joueur du club, on perdrait face aux équipes présentes au Ducasse’s Challenge. »
Jérémie Bernigole-Stroh