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Le handball, la révélation de Florence Moraglia

Elle a connu la première division de handball avec l’ASPTT Nice à l’âge de 15 ans, a été capitaine de l’équipe de France junior et vice-championne du monde UNSS en 1988. Mais Florence Moraglia a ensuite privilégié « les études » et sa « vie de femme ». Un parcours qui l’a menée à Monaco, où elle officie depuis plus de 20 ans comme directrice financière et ressources humaines chez Zegg & Cerlati. Elle nous a raconté son aventure avec beaucoup de tendresse pour le handball, un sport qu’elle continue de servir en tant que présidente de la Commission nationale de contrôle et de gestion.

Qu’est-ce qui vous a attiré vers le handball ? 

Quand j’étais petite, tous les sports me plaisaient. Mais ce qui m’a fait aller vers le handball, plus particulièrement, c’est lors d’un match scolaire au lycée Estienne d’Orves à Nice, lorsqu’une personne s’est approchée de moi en me disant que j’avais beaucoup de puissance et que je devrais essayer de faire du handball en club. De plus, à l’époque, le club disposait d’une section sport-études. Cette idée a trotté quelques jours dans ma tête et j’ai convaincu mes parents de m’inscrire dans cette filière qui demandait d’allier de front scolarité et sport.

Quel genre de joueuse étiez-vous ?

Grâce à un entraîneur compétent et charismatique, qui a su utiliser pleinement mes capacités physiques, j’ai progressé très vite. Aussi, quand je rentrais sur un terrain, c’était pour gagner. J’ai souvent été capitaine de mon équipe car je pense avoir cet état d’esprit d’équipe, rassembleur qui est nécessaire lorsqu’on fait un sport collectif. Et lorsque je perdais, je ne baissais jamais les bras jusqu’au coup de sifflet final.

Vous avez été vice-championne du monde UNSS en Suède, avez joué en première division à l’ASPTT Nice et même été capitaine de l’équipe de France espoir. Était-ce votre plafond de verre ?

Dans mon club de l’ASPTT Nice, j’ai eu la chance de jouer dès mes 15 ans – et cela durant plusieurs années – au plus haut niveau français. Je ne pouvais rêver mieux. En revanche, concernant l’équipe de France, j’aurais bien évidemment voulu y rester plus longtemps afin de participer à des Jeux olympiques. Mais, déçue par l’absence de résultat en championnat du monde et en désaccord avec le choix que la Fédération avait fait concernant notre entraîneur national à cette époque, je renonce à l’équipe de France et leur adresse ma démission. Avec le recul, je pense que cela a servi mes coéquipières puisque, peu de temps après, c’est Olivier Krumbholz qui a pris les rênes des féminines, dont nous connaissons aujourd’hui les résultats… Malheureusement, entre temps, j’avais pris une autre direction : celle de privilégier mes études et ma vie de femme.

Que vous a apporté, en tant que femme et mère, le sport et en particulier le handball, qui est un sport de contact ?

Le handball a été une vraie révélation pour moi. Une vraie passion qui, en contrepartie de beaucoup d’efforts et parfois de sacrifices, m’a donné d’énormes satisfactions et résultats… Comme vous le spécifiez, le handball est un sport de contact, assez rude physiquement et d’autant plus pour une femme. Mais n’est-ce pas ce que nous vivons quotidiennement ? Aussi, je vous dirais que cela m’a préparée à affronter les difficultés de la vie et à toujours voir le côté positif des choses, même dans l’échec. J’adore la phrase de Nietzsche : « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort. » Le handball rend plus fort.

Et sur le plan professionnel ?

Grâce au sport et au handball en particulier, j’ai intégré dès mon plus jeune âge que seul le travail paie et cela a grandement influencé ma vie. Après un bac+5 en comptabilité et finance, des passages en cabinets comptables, je suis depuis plus de 20 ans directrice financière et ressources humaines chez Zegg & Cerlati. J’y retrouve cet esprit familial qui m’est cher et qui n’existe malheureusement pas dans les gros groupes. Avec le recul, je pense que mon statut au sein de cette maison pourrait correspondre à un poste de capitaine au sein d’une équipe de handball. Ce côté protecteur de l’équipe salariée et ce rapport de confiance ou d’opposition avec la direction de l’autre.

Comment percevez-vous la montée en puissance des handballeuses françaises, championnes du monde en 2017, d’Europe 2018 et olympiques en 2020 ?

Le handball est le sport collectif le plus titré en France, ce que beaucoup de journalistes ne savent pas et c’est regrettable. Les handballeuses françaises ne cessent de progresser et j’espère de tout coeur qu’elles seront au rendez-vous des Jeux de 2024. Cette progression s’explique principalement par le fait que les clubs dans lesquels elles évoluent sont de plus en plus structurés, qu’ils participent aux plus grandes compétitions sportives d’Europe (Final 4, coupe d’Europe) et surtout qu’elles ont obtenu une vraie reconnaissance de leur statut de joueuses professionnelles avec, en prime, depuis l’année dernière, une convention collective propre à leur discipline. Une première dans le sport collectif !

Vous avez fait partie de la liste gagnante de Philippe Bana, élu président de la Fédération en 2020. Que pouvez-vous apporter de plus au handball français et permettre à la sélection féminine de poursuivre sa moisson de titres ?

Avant d’être élue présidente de la CNCG en 2020, j’en étais la vice-présidente depuis plusieurs années et membre depuis plus de 20 ans. Aussi, je reste dans la même lignée que mes prédécesseurs, c’est-à-dire continuer à aider les clubs à se structurer – nous avons intégré la D2F et la N1M à nos contrôles mensuels cette année – afin d’avoir un maximum de joueuses performantes qui évoluent dans le championnat français.

Que pensez-vous du niveau général de la première division française ?

La Ligue Butagaz Energie fête ses 12 ans d’existence. Le travail accompli par notre commission, la Fédération française et les clubs est exemplaire, car cette division est arrivée à toucher des partenaires importants et fidèles, qui croient dans le handball féminin. C’est une grande satisfaction personnelle car je vous rappelle qu’à mon époque, nous jouions au handball uniquement pour le plaisir et que l’argent n’existait pas… du moins pour le handball féminin.

Les salaires permettent-ils aux joueuses de se concentrer pleinement sur leur carrière ?

Les joueuses ont une vraie reconnaissance de leur statut professionnel avec des agents qui défendent leurs intérêts, une convention collective dédiée (CCHPH) qui les protège. A l’heure actuelle, il y a toujours une différence avec les salaires pratiqués dans le handball masculin, mais nous évoluons peu à peu et certains salaires sont plus que confortables… même si nous avons encore de nombreux pays européens devant nous sur ce point.

Propos recueillis par Jean-Marc MORENO

Publié le 30 Août. 15:41