Lancé en juin, le Groupe Elite de l’AS Monaco, composé de joueurs de 19 à 21 ans, a disputé deux matches en Angleterre contre Manchester United et Arsenal en novembre. L’occasion d’établir un premier bilan d’étape.
Dans le paysage du football professionnel français, chaque club voit son équipe réserve évoluer dans un championnat entre la Nationale 2 et la Régionale 1. Alors, en juin, la décision de l’AS Monaco de désinscrire son équipe réserve du championnat de Nationale 3 (5e division) avait pu surprendre.
Affichant sa volonté « de définir le meilleur parcours de formation possible pour (ses) jeunes joueurs », le club princier propose désormais à son groupe Elite – les éléments âgés de 19 à 21 ans – un calendrier de rencontres repensé et plus étoffé, entre matches contre des équipes seniors et oppositions face à des top clubs européens figurant dans la même catégorie d’âge.
« Ce n’était pas une décision facile comme vous pouvez l’imaginer, mais les premiers résultats nous donnent raison, affirme Pascal de Maesschalck, Directeur du développement des jeunes joueurs à l’AS Monaco. Notre but est de préparer nos jeunes au plus haut niveau, et jouer dans les divisions inférieures face à des adultes ne suffisait pas. On cherche à les développer tactiquement, physiquement, mentalement et techniquement. Au bout de cinq mois d’activité, leur progression dans les quatre domaines est déjà très intéressante. »
Durant ce laps de temps, le Groupe Elite a disputé une dizaine de rencontres face aux académies les plus réputées d’Europe et de France (Ajax Amsterdam, Midtjylland, Lille, etc.) et les meilleures équipes régionales senior (Grasse, Cannes). Cette saison, il devrait jouer 35 à 40 matches de haut niveau. En évoluant en N3, il en aurait disputé 26.
Ces confrontations face à des adversaires et dans des contextes différents doivent apporter plus de variété, d’expérience et de connaissances aux jeunes footballeurs monégasques.
Victoire d’anthologie à Old Trafford
Un cap a été franchi en novembre avec un déplacement de cinq jours en Angleterre. Au programme de Soungoutou Magassa, Félix Lemaréchal et leurs partenaires : des matches de Premier League International Cup face à Manchester United et Arsenal, espacées de seulement trois jours.
« C’était une demande de notre part afin de les habituer au rythme effréné qu’ils connaîtront chez les professionnels entre le Championnat et la Coupe d’Europe », explique leur entraîneur Damien Perrinelle, qui fait remarquer que certains de ses cadres sont ensuite partis en sélection nationale.
L’enchaînement britannique a été plutôt bien appréhendé par les jeunes de la Principauté. Ils ont battu les Red Devils (0-2) dans leur antre d’Old Trafford face à 10 000 spectateurs, avant de perdre sans démériter contre Arsenal (2-1).
Une réussite sportive, mais pas seulement. « Voyager avec un groupe de jeunes nous permet de comprendre comment ils fonctionnent et comment ils vivent ensemble, décrypte Pascal de Maesschalck. On identifie leur manière de gérer la pression, on découvre qui met l’ambiance et qui reste un peu en retrait. C’est très enrichissant pour les joueurs comme pour l’encadrement. Je les trouve grandis par cette expérience. »
Naissance d’un groupe
Damien Perrinelle, ancien joueur professionnel passé par la L1, la L2 et la MLS (première division américaine), qui vit sa première expérience comme n°1 après avoir été l’adjoint de Niko Kovac et de Philippe Clement, corrobore les impressions du directeur du développement. Il dévoile une anecdote : « Entre le retard et quelques galères avec les bagages, notre déplacement à Manchester a été assez long. On s’inquiétait en pensant à leur récupération physique, avant de s’apercevoir que cet épisode les avait au contraire soudés. Quand on parvient à transformer ces péripéties en force, c’est le signe qu’on tient quelque chose. »
La première étape outre-manche les a donc menés dans le Nord de l’Angleterre, et plus précisément au « Théâtre des Rêves », haut-lieu de la planète football. Un mythe. « On ne s’attendait pas à jouer devant autant de monde, raconte Damien Perrinelle. J’ai senti mes joueurs spectateurs de leur match et de l’ambiance pendant le premier quart d’heure. Petit à petit, ils se sont lâchés. Les données GPS, que ce soit dans les gros efforts, la distance totale et les courses à haute intensité, prouvent qu’ils ont livré un grand match. »
« On forme des joueurs et des hommes »
Après une séance le lendemain matin à Carrington, centre d’entraînement de Manchester United qui a vu éclore David Beckham, Paul Scholes et consorts, les Monégasques ont pris la route vers Londres. Autre environnement. Autre ambiance. Meadow Park, un vrai stade « à l’anglaise ». Les tribunes sont si proches de la pelouse que les supporters pourraient embrasser les joueurs.
« Malgré la courte défaite, nos jeunes ont mis tous les ingrédients : de l’envie, de la bonne agressivité et de la tension. Cette expérience en vaut des dizaines », note Pascal de Maesschalck. Exactement ce que recherche Damien Perrinelle dans son approche : « Mon rôle est de les forcer à réfléchir et à devenir autonomes sur le terrain. Mes joueurs savent qu’ils ont un cadre à respecter, mais qu’ils ont la liberté de proposer des choses à condition de les justifier. Avec le Groupe Élite, ils grandissent plus rapidement en tant que joueurs et hommes. Je leur répète souvent de ne pas avoir peur de faire des erreurs, tant qu’ils apprennent et progressent. »
Cette nouvelle approche est un atout intéressant dans la transition vers l’étape suivante : le monde pro. Yllan Okou, pour ne citer que lui, s’entraîne sous les ordres de Philippe Clement, qui a donné à Magassa (contre Rennes) et à Eliesse Ben Seghir (à Belgrade) leurs premières minutes cette saison. Ils entraînent dans leur sillage la nouvelle génération des Edan Diop, Mamadou Coulibaly…
D’autres jeunes talents du Groupe Elite ont pris part au stage de reprise du groupe professionnel à Benidorm, en Espagne, en décembre. Un signe supplémentaire de la volonté du club de faciliter l’intégration et l’émergence de ses jeunes pousses chez les pros. Et de continuer de faire de l’AS Monaco une référence de la formation au sein du football français.
