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Le Grand Prix Historique, une passion monégasque

Cinq pilotes de la Principauté étaient sur le pont, du 13 au 15 mai, pour le 13e Grand Prix de Monaco Historique. L’intermède de Charles Leclerc, sur Ferrari 312 B3 de 1974, a également été remarqué.

 

NICOLAS MATILE

Il avait des étoiles dans les yeux lorsqu’on l’a retrouvé dans le paddock. « Prudent » par essence, Nicolas Matile venait de signer une dixième place en Série D avec sa Matra MS120B, conduite par Jean-Pierre Beltoise au Mondial 1971. « Il faut avoir du respect pour les pilotes de l’époque. Je peux vous dire que pour tenir ces voitures sur la route, il faut être un gladiateur. Je transpire encore », lança-t-il dans un rire qui masquait son soulagement. De son temps, Sir Jackie Stewart parlait de ces monoplaces comme des « cercueils à roulettes »… Alors, le gérant de Maison Narmino avouait avoir tremblé en arrivant au Casino : « A cette vitesse, vous vous demandez s’il y a la route ou seulement des murs. » Il n’en avait pas pour autant fini avec le circuit monégasque qu’il connaît « par cœur ». Plus tard dans la journée, sa March 771 l’a mené jusqu’au septième rang de la Série F.

JEAN-PIERRE RICHELMI

Après une première tentative avortée l’année passée pour cause de moteur récalcitrant, le rallyman a enfin pu piloter une Gordini T16 « prêtée par un ami ». Un bolide de 1952, dressé à l’époque par Jean Behra, Maurice Trintignant et le Prince Bira. La monoplace n’a plus roulé depuis 1955 et fait donc son âge. La vieille dame s’est révélée capricieuse dès vendredi, contraignant Jean-Pierre Richelmi à des essais raccourcis. « Un problème de boîte et de freins », confessa-t-il. Ce ne fut pas plus glorieux le lendemain : seulement deux tours en qualifications qui auront raison de sa participation à la course du dimanche. Son chrono en 2’39 »318, à 46 secondes de la pole, étant loin des standards requis dans la Série A2. Mais le but, confia le pilote monégasque, « était de faire vivre cette voiture » après un repos de 67 ans.

 

FRÉDÉRIC LAJOUX

Malheureux en qualifications en 2019 puis septième l’an dernier, Frédéric Lajoux a enfin connu le succès qu’il mérite à domicile. Engagé dans la Série F au volant d’une Arrows A1B de 1978 qu’il n’a pas souvent le loisir de piloter, le Monégasque a terminé au pied du podium. La course n’a pas été une sinécure : un problème de perte d’essence l’a empêché de disputer les qualifications. Frédéric Lajoux s’est lancé dans une remontée incroyable depuis le fond de la grille. Précautionneux dans les premiers tours « afin d’éviter les accrochages » fréquents dans l’empressement, le pilote de la Principauté a saisi les opportunités pour passer de la dix-septième à la quatrième place. « J’étais déchaîné dans la voiture après un début de week-end calamiteux, nous a-t-il confié. A la fin, j’ai même cru que je pouvais monter sur la boîte. Avec cette performance, un exploit à Monaco, je suis aux anges ! »

 

CHARLES LECLERC, L’INVITÉ SURPRISE

Sa participation à l’évènement est restée secrète jusqu’au moment où il est apparu, équipé, dans la pitlane. Concurrents et spectateurs n’avaient d’yeux que pour Charles Leclerc. Une semaine après avoir pu faire quelques tours avec une monoplace de Gilles Villeneuve à Fiorano, le Monégasque a eu l’honneur de partager la piste avec l’illustre Jacky Ickx et de piloter la
Ferrari 312 B3/015 avec laquelle Niki Lauda a remporté ses deux premiers Grands Prix en 1974 (Espagne, Pays-Bas). « L’une des Ferrari les plus emblématiques de la F1 », de l’aveu du prétendant à la couronne mondiale. A cause de l’explosion du disque de frein, il a fini dans les rails au niveau de La Rascasse. Plus de peur que de mal pour Leclerc, à deux semaines de la septième manche du Mondial 2022. Pour la voiture, de la tôle pliée et un aileron arrière tordu.

 

ROALD GOETHE

Le succès par procuration. S’il a réalisé une course solide en Série D sur sa McLaren M14A (ex-Denny Hulme, quatrième à Monaco en 1970), le résident monégasque a confié deux de ses voitures, issues de la collection ROFGO, à Stuart Hall et Jordan Grogor, respectivement vainqueur et troisième de la course. Rebelote dans la Série E. Hall a récidivé avec la McLaren M23 (1973) de Roald Goethe… qui a jeté l’éponge après huit tours avec sa Tyrrell 007. Sur cette monoplace, Patrick Depailler avait conquis la cinquième place à Monaco en 1974.

FRANCO MEINERS

Consultant pour Ferrari pendant de longues années, le résident monégasque possède un prototype du Cheval cabré, le célèbre « Chasse-neige ». Pourquoi ce nom ? Parce que l’aileron avant de la monoplace est similaire aux pelles des machines utilisées pour déneiger les routes du fin fond du Canada. Une Ferrari 312 B3 que Franco Meiners, collectionneur et pilote, ne sort qu’à Monaco. Pas dans les autres courses en Grande-Bretagne ou ailleurs. Le V12 de la « spazzaneve » a vrombi dans les rues de la Principauté, portant son propriétaire de la dixième à une belle sixième place dans la Série D.

 

Jérémie BERNIGOLE-STROH

Publié le 16 Mai. 08:07