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Marcel Pietri lors de son dernier cours.Marcel Pietri lors de son dernier cours.

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Judo – Marcel Pietri, une vie pour le Judo Club de Monaco

Figure du Judo Club de Monaco, Marcel Pietri a pris sa retraite le 20 décembre dernier. A 66 ans, il va partager son temps entre Valdeblore et la Principauté, où il continuera d’aider le judo monégasque aux côtés de son fils Loïc et du fidèle François Bick.

Le 20 décembre, alors qu’il s’apprêtait à donner le dernier cours de sa carrière au Judo Club de Monaco (JCM), Marcel Pietri a reçu une visite aussi inattendue que touchante. Une cinquantaine d’anciens élèves, vêtus de leur judogi, sont venus rendre hommage à l’emblématique entraîneur, dans cette salle où il a consacré presque quatre décennies de sa vie à transmettre sa passion et son savoir-faire. L’occasion de partager des souvenirs et des anecdotes, après 38 ans passés ensemble à faire rayonner le judo de la Principauté. « Cela m’a fait énormément plaisir », confie, ému, l’ex-directeur technique de la Fédération monégasque de judo, à propos de cette surprise. Symbolique à bien des égards, celle-ci marque la fin d’une époque. Celle d’un infatigable passionné.

De 60 à 300 licenciés

Marcel Pietri, 66 ans, a servi fidèlement le judo pendant plus d’un demi-siècle. Une existence façonnée par cette discipline, dès l’enfance. En 1966, alors âgé de huit ans, le gamin de Valdeblore assiste à une démonstration qui le laisse pantois. La magie du judo opère et, dès lors, il ne quittera plus les dojos. Deux ans plus tard, il participe à ses premiers entraînements dans l’ancien quartier de Bateco, à Nice. Les conditions sont spartiates, « des copeaux de bois disposés sous une bâche » font office de tapis. Mais l’adolescent persévère, mû par une détermination inébranlable. Il poursuit son ascension en intégrant la première section sport-études du Lycée Impérial. Suivent six années à l’INSEP, avant un retour dans le Sud, à Marseille, et plus tard sur la Côte d’Azur où il devient conseiller technique départemental puis régional, tout en poursuivant sa carrière de compétiteur. Si Marcel Pietri connaît son sommet en remportant le Tournoi de Paris en 1988, le tournant de sa vie intervient deux ans plus tôt : en l’espace de quelques mois, il devient tour à tour vice-champion d’Europe en individuel (-78 kg) et champion d’Europe par équipe, avant de débarquer sur le Rocher sur les conseils d’Eric Bessi. A Monaco, il est appelé à prendre la relève de Maître Thérésius Imbert au JCM. Le début d’une grande histoire. A son arrivée, le club ne compte que 60 licenciés. Il le quittera en ayant multiplié les inscriptions par cinq. « Des anciens membres m’arrêtent souvent dans la rue pour discuter. Certains ont entre 40 et 50 ans, et ils se souviennent encore des entraînements de leur enfance. Dans ma carrière, j’ai parfois vu défiler les parents, les enfants et les petits-enfants ! »

Révélateur de talents

Avoir marqué plusieurs générations de judokas n’est pas le seul accomplissement de Marcel Pietri en Principauté. Instigateur de multiples évènements tels que le Tournoi international de Monaco et les championnats d’Europe juniors, il a surtout fait entrer le judo monégasque dans une nouvelle dimension en participant à l’éclosion de nombreux talents. Yann Siccardi, Cédric Bessi, Tizié Gnamien, Florine Soula, Marvin Gadeau… La liste n’est bien sûr pas exhaustive, mais elle illustre à merveille la réputation de formateur que s’est forgé Marcel Pietri. Pendant 38 ans, il a détecté les talents, les a accompagnés en compétition, les a guidés. Il ne s’est pas contenté de les coacher, il s’en est occupé jusqu’au bout, n’hésitant pas à les ramener chez eux en voiture après l’entraînement, ne regagnant son domicile qu’à la fin de ses tournées. Sous sa coupe, les judokas ont progressé, ont gagné en confiance, ont gagné tout court. Aujourd’hui, ils le voient tous comme un mentor. « Mon plus grand regret, c’est de ne pas avoir pu tous les retenir à Monaco. Mais je suis heureux en me disant qu’on a préparé une dizaine de judokas pour le plus haut niveau, et que Monaco est désormais reconnue dans le judo français et européen. » Continuité Pour lui succéder au JCM et à la Fédération, le choix s’est porté sur un duo : Loïc Pietri, son fils, et François Bick, son fidèle bras droit depuis plus de vingt ans. Le premier, formé au club et champion du monde en 2013, gère depuis quelques semaines les entraînements ; le second a repris le poste de DTN et continue d’assurer les cours trois soirs par semaine. « J’ai toute confiance en eux pour poursuivre le travail, d’autant plus qu’ils s’entendent très bien », appuie Marcel Pietri, qui partage désormais son temps entre sa maison de Valdeblore… et le dojo du JCM, où il est resté conseiller des présidents de la Fédération et du club. « La carrière de mon père m’inspire un profond respect, témoigne Loïc, le fiston. Tout ce qu’il a fait, il l’a fait avec passion et dévouement, comme un artisan. Il a façonné quelque chose de grand. On a à cœur de poursuivre son œuvre. » François Bick ne dit pas mieux : « J’ai beaucoup appris auprès de Marcel. Aujourd’hui encore, je suis admiratif de ce qu’il a accompli. Il n’abandonnera jamais le club, il vit pour le judo et pour le JCM. » L’intéressé confirme : « Je serai toujours disponible pour le club, je continuerai à me bagarrer pour le faire évoluer. »

Jérémie Bernigole

Publié le 03 Mar. 14:11