Choisie pour être l’un des porte-drapeaux, la nageuse en eau libre Lisa Pou va vivre une expérience totale pour ses premiers Jeux. La note finale d’une année rocambolesque.
Quelle a été votre réaction à l’annonce de votre nom par le Prince ?
Une émotion très forte m’a traversée. Déjà, en pénétrant dans la salle, j’ai failli pleurer. (Elle s’interrompt, émue.) C’est un honneur incroyable de représenter Monaco et d’en être l’un des porte-étendards. Mais je tiens à associer les autres athlètes de la délégation à ce moment fort : dans ma tête, nous serons tous porte-drapeaux.
Vous vous apprêtez à disputer vos premiers Jeux. Est-ce que ce rôle de guide ajoute une autre forme de pression ?
Je vous le dirai après ma course ! (Elle sourit.) Je ne sais pas du tout comment je vais réagir à l’instant T. Les gens ont des attentes envers moi, j’en nourris également. Sur une course, tout peut arriver. Ma seule peur est d’avoir des regrets. Mon plus grand adversaire, c’est moi-même. Comme nageuse, je suis plutôt du genre instinctive. Aux Jeux, je vais devoir être calculatrice, plus dans la réflexion et la stratégie. J’ai réussi à l’être une ou deux fois, mais jamais pendant une course entière. J’ose espérer que le 8 août sera le jour-J.
Il s’est écoulé huit mois entre votre naturalisation et l’annonce du Souverain. Comment avez-vous géré cette année faste ?
Ce fut assez stressant, surtout au niveau de ma naturalisation. A quelques semaines près, je n’aurais pu me qualifier pour Monaco. Par la suite, tout est allé crescendo. Ma qualification n’était pas jouée d’avance. Le dernier mois de préparation a été assez chaotique, mentalement comme physiquement. J’ai changé de logiciel la veille de la course. Je me suis rassurée en repensant au travail effectué depuis des années. Finalement, on s’en est bien sorti. Le stress a cédé sa place au soulagement et, aujourd’hui, à la fierté.
Il paraît que les Jeux olympiques ne sont devenus un objectif que très récemment.
C’est vrai. Le déclic, c’est ma naturalisation. Des personnes m’ont toujours soutenue et attendent des résultats. La pression s’élève. Si j’avais couru pour la France, je l’aurais fait pour moi. En tant que Monégasque, je veux le faire pour le pays et ceux qui sont derrière moi.
Comment abordez-vous ces Jeux « à la maison » ?
Ma famille sera sur place. Je sais déjà que je vais verser quelques larmes, c’est sûr. J’ai hâte d’y être et de voir ce que ça va donner, de créer un esprit de groupe avec les autres athlètes monégasques, de faire leur connaissance pour certains puis de profiter avec eux, comme une équipe.
Dossier réalisé par Jérémie Bernigole et Gaël Lanoue