Plusieurs milliers de personnes ont assisté au relais de la Flamme olympique en Principauté le 18 juin. Portée par quatre sportifs locaux, elle a ensuite été acheminée avec émotion devant le Palais par le couple princier.
En ce début d’après-midi du 18 juin, il règne un sentiment unique en Principauté, celui de participer à un moment d’histoire, d’être témoin d’un évènement qui fera date dans la vie du pays. Le soleil est au zénith, l’air est lourd, les rues sont bondées et les enfants chantent en se rendant sur la place du Palais. Et pour cause : cinquante-six ans après un premier passage dans les rues monégasques à l’occasion des Jeux de Grenoble, la Flamme olympique fait son retour sur le Rocher. Une escale d’une petite heure, à 38 jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux de la XXXIIIe olympiade à Paris. Monégasques, résidents, touristes ou travailleurs pendulaires : tous ont répondu à l’appel olympique. L’heure est donc à la fête. Et s’il y en a un qui l’attend avec impatience, c’est bien le Souverain.
Histoire d’un rendez-vous manqué
En 1968, le relais de la Flamme s’était fait en l’absence du Prince Rainier III, de la Princesse Grace et de leurs enfants, qui avaient d’autres obligations outre-Manche. Même s’il s’est rattrapé en la portant dix fois depuis 1996, Albert II n’avait vraiment pas envie de laisser passer le train une nouvelle fois chez lui. « C’est un aboutissement, avoue-t-il. On n’osait pas trop y croire. Sachant que beaucoup de communes françaises la voulaient, je n’avais pas postulé pour l’accueillir. Une conversation tardive avec Tony Estanguet (président du comité d’organisation) a finalement ouvert le champ des possibles. »
Et voilà comment Monaco, véritable terre d’olympisme, s’est fait une place dans le calendrier chargé de la Flamme. Avant de s’inviter en Principauté, 34e étape de son périple, la torche a traversé la Méditerranée à bord du Belem. Allumée à Olympie (Grèce) le 16 avril, elle s’est ensuite promenée un peu partout dans l’Hexagone, voguant même vers les territoires d’outre-mer avant de regagner la Métropole tôt ce 18 juin, du côté de la rade de Villefranche-sur-Mer.
« L’effet » Charles Leclerc
Pour assurer le relais en Principauté, un casting de rêve composé de six sportifs locaux. En premier porteur ? Charles Leclerc. Tout juste auréolé de sa première victoire au Grand Prix de Monaco, le pilote de Ferrari, survêtement blanc immaculé, est acclamé par le public. En retour, il brise (un peu) le protocole en s’offrant un bain de foule, torche à la main, afin de faire profiter les milliers de curieux massés contre les barrières. Couvrant son parcours d’une centaine de mètres, de la statue Juan Manuel Fangio jusqu’à la place d’Armes, le petit prince de la F1 transmet le flambeau à Alexandra Coletti, première athlète monégasque féminine à prendre part à des Jeux d’hiver (2006, 2010, 2014, 2018). « J’ai été porte-drapeau à Vancouver mais, là, c’est encore un niveau au-dessus. Les enfants qui crient ton nom, ça fait quelque chose. Je prends cette opportunité comme une énorme marque de reconnaissance », confie l’ancienne skieuse.
Sur les marches de la rampe Major l’attend Xiaoxin Yang, seule athlète du relais concernée par les JO de Paris. « Très émue », la pongiste confie que ce moment suspendu dans le temps lui offrira un supplément d’âme dans la capitale française. Retraité depuis deux ans, Rudy Rinaldi ne peut qu’acquiescer aux propos de sa compatriote classée 15e mondiale. « On se sent privilégié, on savoure chaque instant. Je ne m’attendais pas à une telle ferveur. C’est sans doute l’effet Charles Leclerc ! L’ambiance m’a rappelé de très bons souvenirs », souriait l’ex-bobeur, auteur du meilleur résultat olympique de Monaco avec Boris Vain (6e en 2022).
Le vœu du Souverain
C’est lui qui a la lourde tâche de passer la flamme au couple princier. Les deux anciens athlètes olympiques (1988, 1992, 1994, 1998 et 2002 pour le Prince, 2000 pour la Princesse) traversent la place du Palais sous les vivas de la foule. Le Souverain savoure cet « instant magique » et formule un vœu : « Puisse cette flamme inspirer nos athlètes et les porter vers les meilleurs résultats possibles. On est dans une dynamique formidable et je ne parle pas uniquement de la victoire de Charles Leclerc. S’il y a un bon moment, c’est maintenant. Je serai là pour les encourager et les accompagner. » Voilà, c’est dit. La torche, elle, reprend déjà sa tournée dans les Alpes-Maritimes. Son passage en Principauté a allumé la mèche avant la grand-messe du 26 juillet, laissant aux athlètes monégasques le soin d’entretenir la flamme dans leur pays.
Dossier par Jérémie Bernigole et Gaël Lanoue
