La Principauté tient son premier boxeur professionnel. Le Monégasque de 23 ans a signé un contrat de quatre ans avec la société de promotion américaine Top Rank, un mastodonte dans le monde de la boxe qui a géré les plus grands, de Mohammed Ali à Floyd Mayweather, en passant par Joe Frazier… Et demain, Hugo Micallef ?
Son passage chez les professionnels était un secret de Polichinelle. L’attente a pris fin hier après-midi, et elle valait le coup : Hugo Micallef (poids super-légers, -63,5 kilos) s’est engagé pour quatre ans avec Top Rank. Cette société de promotion américaine, fondée en 1973 par Jabir Herbert Muhammad et le légendaire Robert Arum, grand manitou de la boxe, a accueilli les plus grands de la discipline. On peut citer, pêle-mêle, Joe Frazier, Floyd Mayweather, Oscar de la Hoya, Tyson Fury et même Mohammed Ali. La liste est encore très longue. C’est donc avec un mastodonte que le Monégasque de 23 ans s’est allié, après 112 victoires en 129 combats amateurs. « Hugo a tout ce qu’il faut pour devenir une superstar dans ce sport. Son pedigree chez les amateurs est conséquent. Je pense qu’il va inaugurer une génération de boxe professionnelle dans la Principauté de Monaco », prédit Bob Arum. Rien que ça ! Déjà en pleine préparation de son premier combat professionnel, qui interviendra début septembre à Roland-Garros en lever de rideau de celui de Tony Yoka, Hugo Micallef a raconté pour Code Sport Monaco la genèse de sa signature, sa fierté et son ambition de devenir, un jour, le premier champion du monde de la Principauté.
Vous voilà boxeur professionnel, qui plus est dans la mythique société de promotion américaine Top Rank de Bob Arum.
Je pense que le jour de ma signature a été l’un des plus beaux de ma vie. J’étais vraiment très heureux. La nouvelle a été officialisée hier après-midi, mais tout s’est joué bien avant.
Comment se sont noués les contacts ?
Tout a commencé en octobre quand j’ai participé au Boxam, un tournoi international en Espagne. J’ai battu l’Américain Delante Johnson, champion du monde chez les jeunes en 2016. Un sacré morceau. Cette victoire a attiré plusieurs promotions, dont Top Rank. Mon manager, Karim Bouzidi de Versus Sport Management, a été d’une grande aide dans les échanges entre Top Rank et moi.
Qu’est-ce que que ça vous évoquait, Top Rank ?
En regardant de la boxe depuis tout petit, je connaissais très bien, forcément ! On ne peut que tomber sur des combats organisés par cette société, qui a eu Floyd Mayweather à ses débuts et Manny Pacquiao, qui gère toujours Vasyl Lomachenko… Même Mohammed Ali était là-bas, à l’époque ! C’est la promotion la plus reconnue au monde, elle se tire la bourre avec Matchroom. Ce sont les deux principales. Alors, quand j’ai su qu’on parlait de Top Rank, j’étais heureux.
Vous imaginiez avoir cette opportunité aussi rapidement, dès votre passage chez les professionnels ?
Pour être franc, je visualise ce moment depuis que je suis enfant. Ça peut paraître fou. Je ne me suis jamais sous-estimé. J’ai toujours dit à mes parents : « Vous verrez, je signerai dans une promotion américaine très importante, j’en suis sûr. » J’ai tellement joué ce scénario, seul dans mon lit, à penser à ce qui allait m’arriver dans ma carrière, que lorsqu’on m’a annoncé que Top Rank s’intéressait à moi, j’ai ressenti beaucoup de joie mais je n’étais pas surpris. Ce contrat, je l’avais déjà signé des centaines de fois dans ma tête !
Le prochain objectif, c’est quoi ? Ramener un titre mondial à Monaco ?
Maintenant que je suis passé chez les professionnels, mon but sera forcément d’être le premier champion du monde de Monaco. Après, je peux toujours en parallèle faire les Jeux olympiques de Paris 2024.
Vous n’avez donc pas tiré un trait sur les Jeux ?
Non, pas du tout. J’y pense également depuis mon enfance. Les JO, c’est plus un rêve qu’un objectif. Tous les athlètes pourront le dire. Ce n’est donc pas un problème de parcours qui va m’arrêter.
Votre entourage va-t-il évoluer ?
Non. Je vis toujours à Las Palmas de Gran Canaria et m’entraîne avec Carlos Formento. Mon préparateur physique reste Thomas Cretot de Training Excellence. Pareil pour mon docteur, Ioannis Filippatos.
Quels changements provoque cette signature ?
Je m’entraîne le matin dans un centre de haut niveau, avec de la cryothérapie à chaque fin de séance, de l’hypoxie et d’autres petits outils… C’est hyper professionnel. Ça tombe bien, puisque c’est vraiment dans cette direction que je veux me diriger. L’après-midi, je suis à la salle avec Carlos. Ce qui change le plus, c’est la charge de travail. On a plus de rounds à boxer. En professionnel, on peut aller jusqu’à 12 alors qu’en amateur, c’est limité à trois.
Connaissez-vous la date de votre premier combat ?
Oui, ce sera le 10 septembre à Roland-Garros, à Paris, en sous-carte du combat de Tony Yoka. Ça fait déjà trois, quatre semaines que je me prépare. C’est une fierté parce que Tony Yoka est un athlète que j’admire beaucoup. Il a toujours gardé la tête haute et est resté fier, même quand il a essuyé pas mal de critiques à cause de son image. Je pense qu’on a la même vision de la boxe, lui et moi.
Propos recueillis par Jérémie Bernigole-Stroh