Basket, ski, tennis… Geneviève Berti, directrice de la communication du Gouvernement princier, est une véritable mordue de sport. Piquée dès son plus jeune âge par un papa athlète professionnel, elle nous dépeint cette passion qu’elle vit pleinement.
Une sportive dans l’âme. C’est ainsi que l’on pourrait rapidement décrire Geneviève Berti. « C’est dans mes gênes », nous confirme la directrice de la communication du Gouvernement princier. Passionnée par toutes les disciplines, elle peut vous parler avec la même aisance de la dernière finale de Roger Federer à Wimbledon, de la technique particulière de la skieuse Lindsey Vonn ou du style du basketteur Lebron James. Dans son travail comme dans sa vie privée, tout se rapporte au sport. Fille d’Edgar Berti, illustre joueur de l’AS Monaco Basket dans les années 70, elle fait partie du conseil d’administration de la Roca Team après avoir manié, elle aussi, la balle orange durant 15 ans. Une vie à 100 à l’heure que Geneviève Berti a accepté de retracer pendant 45 minutes dans son bureau du Quai Antoine Ier, où s’accumulent les preuves de cette passion dévorante.
Quelle place occupe le sport dans votre vie ?
C’est dans mes gênes. Le sport est un monde dans lequel je suis née, aux codes presque naturels pour moi. Il est omniprésent dans mon quotidien, que ce soit dans mon travail ou dans ma vie privée. Mon père est un ancien sportif professionnel, basketteur à l’AS Monaco. Le papa de mon fils est entraîneur de football, mon compagnon est un ancien tennisman professionnel, mon garçon est team manager de la Roca Team… Cela vous donne déjà une idée (elle sourit).
Vous avez également manié la balle orange.
Oui, j’ai pratiqué pendant plus de quinze ans au poste d’ailière. Je fais désormais partie du conseil d’administration de l’AS Monaco Basket depuis sept ans. J’ai besoin du sport dans ma vie. J’ai grandi avec des baskets aux pieds. D’ailleurs, j’ai gardé cette habitude (elle montre ses chaussures). Tout le temps en short, souvent avec des ballons. Je ne démarre pas une journée sans aller à la gymnastique ou sans faire un footing. C’est ma routine. On pourrait même quasiment parler de cycle biologique. Je pense et je vis comme une sportive.
A quel point est-ce dur d’être impliquée dans la vie d’un club pour lequel on éprouve de forts sentiments ?
Je vous l’accorde, c’est dur. J’ai l’AS Monaco Basket en moi. (Elle réfléchit) Disons que la passion m’accompagne dans chaque décision, dans chaque moment que traverse l’équipe. Un exemple : après la défaite du match 5 contre l’Olympiakos en mai dernier, nous sommes allés au restaurant. J’étais abattue par l’élimination. J’y croyais dur comme fer. Aleksej Fedoriscev était peiné et il a vu l’état dans lequel je me trouvais. Au moment de porter un toast, il a dit : « Je lève mon verre à la personne qui donnerait tout pour le club. » Je me donne entièrement dans ce projet. C’est une aventure humaine formidable. Je suis portée par mon affection.
Votre parcours est intimement lié au sport. Vous êtes à l’origine du service communication et média de l’AS Monaco Football Club, que vous avez quitté pour le G14, une organisation de lobbying entre les plus grands clubs européens de foot. Qu’avez-vous appris ?
Principalement que le métier que l’on exerce devient ce que l’on décide d’en faire. A l’ASM FC, le contexte de mon arrivée est particulier. Le club entre alors dans une période faste puisqu’il sort d’une finale européenne (perdue contre le Werder Brême en 1992) et remplace au pied levé l’Olympique de Marseille en Ligue des Champions (saison 1993-1994). Il y avait tout à faire en termes de média et de communication. C’est ainsi que j’ai découvert que le sport, et plus particulièrement le football, était un monde impitoyable. Il faut avoir le cuir épais et savoir jouer des épaules pour perdurer dans le milieu, surtout lorsqu’on est une jeune femme. Ce que j’ai fait, puisque j’ai oeuvré comme « media officer » à l’AS Monaco FC pendant huit ans.
Avez-vous fait face à des barrières ?
Ce serait vous mentir que répondre par la négative. J’en ai rencontrées, mais je ne les vivais pas comme des punitions, plutôt comme une fatalité. Elles se présentaient sous la forme de remarques, bien souvent de la part d’hommes plus âgés. Le problème était surtout générationnel. Je me souviens que la toute première portait sur la longueur de ma jupe. Une autre m’a été faite durant ma grossesse : « Soit tu as abusé du chocolat, soit tu es enceinte. » Ce ne sont pas des phrases que l’on souhaite entendre. Je remercie les générations suivantes d’avoir ouvert la voie et de s’être emparées du sujet, notamment la question de la rémunération.
Qu’est-ce qui vous plaisait dans les jeux d’influence du G14 ?
C’était exaltant de travailler avec des personnes armées d’une vision. Quand je raconte mon quotidien auprès de ces hommes brillants, on me rit au nez. Comme si l’intelligence n’était pas compatible avec le sport. Il faut cesser avec ce stéréotype. Pendant quatre ans, j’ai côtoyé des personnalités incroyables, avec qui j’ai gardé de solides liens (elle pointe du doigt deux photos avec les dirigeants du Borussia Dortmund et Jorge Pinto da Costa, président du FC Porto). Nous défendions les droits des clubs auprès des instances officielles, comme l’UEFA et la FIFA. Peter Kenyon (président de Manchester United puis directeur exécutif de Chelsea), Florentino Pérez (président du Real Madrid)… Ces hommes m’ont donné des conseils qui m’accompagnent encore aujourd’hui. C’étaient des visionnaires. Certaines de leurs idées occupent toujours l’espace médiatique. Au début des années 2000, ils pensaient déjà à créer du contenu payant pour le site officiel de leur club.
Vous quittez alors le G14 et Bruxelles pour un poste à la Direction du tourisme, chez vous, à Monaco. Pourquoi ?
Cela devenait trop contraignant. Il y avait une petite usure, mais ma décision a été motivée par des raisons familiales. Ce n’est jamais facile de quitter un secteur qui vous plaît, dans lequel vous vous sentez épanouie. Des présidents de club militaient pour que je poursuive ma mission à leur côté en indépendante, mais j’ai décliné. Et il était absolument inenvisageable pour moi de continuer à travailler dans le sport, même à l’AS Monaco. C’était une période de ma vie où j’ai préféré couper le cordon de manière franche. J’ai eu du mal à tourner la page, même si j’ai travaillé par la suite avec des personnes formidables à la Direction du tourisme et, plus tard, aux Relations extérieures, où j’ai découvert le monde diplomatique.
Avec la Direction de la communication, vous retrouvez vos premiers amours, le sport et le basket…
Le sport a toujours été un sujet important en Principauté. A mon arrivée, on s’occupait du Meeting Herculis, du tournoi de tennis… J’ai senti le manque. Après six années d’apprentissage comme adjointe, on m’a donné comme mission de développer la présence médiatique dans tous les domaines afin de contribuer au rayonnement de la Principauté. J’ai répondu ce que j’ai toujours pensé : les meilleurs ambassadeurs de Monaco, ce sont nos sportifs. Par leurs performances, ils captent l’attention du monde entier. Alors, quand un pays a un pilote de Formule 1 en lice pour le Championnat du monde, qu’il réussit à attirer un joueur comme Mike James, à disputer l’Europe avec des équipes compétitives et à avoir des résidents comme Novak Djokovic, il parvient à se positionner sur l’échiquier sportif mondial. Ces personnalités contribuent à placer Monaco sur la carte du monde. D’ailleurs, certains de ces sportifs, en rejoignant une équipe monégasque, prennent conscience qu’ils ne représentent pas seulement une ville, mais un pays.
Donc la diffusion grandissante du sport sur Monaco Info porte le sceau de Geneviève Berti ? Ou est-ce une conséquence bienheureuse de la place prépondérante du sport en Principauté ?
Là encore, un peu des deux. (Elle sourit) Les Monégasques aiment le sport et il se trouve que le pays regorge de disciplines et de grands champions. Notre grille sportive a évolué en conséquence. Nous couvrons en direct le départ du Rallye Monte-Carlo depuis cinq ans, nous nous sommes dotés de commentateurs pour le Grand Prix de Formule 1, nous avons retransmis les tentatives de record du monde du 5 et du 10 kilomètres lors du Monaco Run, ou encore la Coupe Davis et les Masters juniors… Cette année, nous nous sommes fait remarquer en diffusant l’Euroligue. Notre volonté est de continuer à retransmettre cette compétition dans la limite du budget que nous nous sommes fixé. Aussi, nous avons pris conscience que les Monégasques étaient plus enclins à s’asseoir devant leur poste de télévision pour suivre les performances de leurs compatriotes hors de nos frontières. Sans vous dévoiler entièrement nos projets, je peux vous dire que nous nous renseignons sur les droits télé de l’aviron, de la gymnastique… Et pas seulement. D’autres sports nous intéressent, comme le sport boule ou la pétanque, des disciplines historiques à Monaco.