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Charles Leclerc (Ferrari) en Arabie saoudite.Charles Leclerc (Ferrari) en Arabie saoudite.

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Charles Leclerc : « J’ai confiance, surtout avec Frédéric Vasseur aux commandes »

Mardi, à trois jours des premiers essais du Grand Prix de Monaco, Ferrari a convié les médias locaux à un point presse d’une vingtaine de minutes de Charles Leclerc. Auteur d’une entame de Championnat mitigée et cible de rumeurs sur son avenir, le pilote monégasque (7e, 34 points) va tenter de s’imposer à la maison après plusieurs essais infructueux.

Vous n’avez glané que 34 points après les cinq premières courses de la saison. Comment expliquez-vous l’entame difficile de Ferrari ?

Notre début de saison n’a pas été à la hauteur de nos espérances. L’entame a été assez compliquée entre le problème mécanique rencontré lors de la première manche alors que j’étais troisième, puis la pénalité reçue dans la suivante qui m’a rétrogradé de la deuxième à la douzième place sur la grille. Ces deux faits m’ont coûté de gros points. Petit à petit, on essaie de les récupérer. Nous devons garder la tête haute. La saison est longue, tout reste encore à jouer.

Pourquoi la Scuderia a-t-elle autant de mal à revenir au premier plan depuis ses derniers titres en 2007 et 2008 ?

Je ne vais rien vous apprendre en vous disant que la Formule 1 est un sport très compétitif. Ferrari a été confrontée à la domination de Red Bull pendant quelques années, puis à celle de Mercedes lorsque les moteurs hybrides sont arrivés. On s’est rapproché du top niveau avec la nouvelle réglementation, on a terminé deuxième chez les pilotes et les constructeurs l’an dernier. Mais, cette année, on n’est clairement pas au niveau. On a régressé en 2020, surtout au niveau du moteur, et, depuis, on essaie de rattraper les équipes de devant. Aujourd’hui, Red Bull est clairement le team à battre. J’ai confiance, surtout avec Fred (Vasseur) aux commandes. On a un plan à moyen et long terme.

Pouvez-vous nous parler de cette filiation avec votre directeur ? Vous vous connaissez depuis le karting, il vous a lancé en F1 et a débarqué chez Ferrari cet hiver pour remplacer Mattia Binotto…

Fred a toujours été super honnête avec moi. C’est quelque chose qui manque quand on arrive en F1. A ce niveau-là, on a très vite beaucoup d’amis et très peu de personnes qui vous disent vraiment les choses. Fred est très franc, il n’a pas peur de dire la vérité. C’est une qualité que j’apprécie. De plus, il a une vision extrêmement bonne de la compétition. Dès qu’on parle d’une situation, on est sur la même longueur d’onde. Tout le monde peut ainsi pousser dans la bonne direction et faire la différence dans les secteurs où nous devons encore travailler. Je suis complètement aligné avec Fred. Ça me donne confiance pour l’avenir.

Un avenir qui fait l’objet de nombreuses rumeurs. On parle d’un intérêt de Mercedes. Comment vivez-vous la situation ?

Je ne vais pas les commenter, j’ai lu de tout ces dernières semaines. C’est quelque chose de nouveau dans ma carrière. Jusqu’ici, mon parcours en F1 avait été très simple. Mon arrivée à Sauber et mon transfert chez Ferrari avaient été annoncés très rapidement. Mon très long contrat avec la Scuderia ne permettait aucun doute. J’aime Ferrari, j’ai toujours rêvé de devenir l’un de ses pilotes, et j’ai la chance d’être dans cette position. Je ne vais pas vous cacher que je ne suis pas content de la situation actuelle. Ferrari ne l’est pas non plus. On va tout faire pour revenir au meilleur niveau, et j’espère qu’on y parviendra ensemble.

Charles Leclerc (Ferrari) à Miami.
Charles Leclerc (Ferrari) à Miami.

Est-ce que les spéculations autour d’une prolongation de contrat parasitent votre quotidien ?

Non, ce n’est pas quelque chose qui m’impacte. J’ai envie d’avancer et qu’on gagne le Championnat ensemble. J’espère continuer avec Ferrari. C’est clair dans ma tête : mon contrat court jusqu’à fin 2024. Il nous reste plus d’un an et demi. Je ne me suis pas mis de deadline. Nous n’avons entamé aucune discussion. Il faudrait poser la question à Fred, savoir quand est-ce qu’il compte lancer les discussions… (Il sourit) Encore une fois, il reste encore beaucoup de temps pour discuter, la situation est totalement normale.

Vous êtes vice-champion du monde en titre. Après cinq courses, vous voilà 7e. Vous attendiez-vous à un tel déclassement ?

En arrivant aux tests à Bahreïn, on avait compris qu’Aston Martin serait très rapide, que Mercedes le serait également en course et que Red Bull serait sur une autre planète. Nos principaux défauts ? On dépend énormément des conditions. Dès qu’il y a un changement de vent ou de température, on est tout de suite à côté de la fenêtre optimale de la voiture, on perd énormément de performances. Quand le vent est de face, ce n’est pas trop mal ; quand il souffle à l’arrière, c’est très compliqué, la balance varie énormément. On est très loin d’une Red Bull qui a plus ou moins la même balance. C’est plus facile pour un pilote d’extraire le maximum de la voiture dans ces conditions. Nous, on a beaucoup de mal à le faire. La dégradation des pneus trouve son explication dans ce phénomène.

A défaut de pouvoir jouer le titre, que visez-vous en 2023 ?

C’est compliqué de se fixer un objectif car on a été assez inconstant depuis le début de la saison. A l’heure où je vous parle, on arrive sur chaque circuit sans savoir si on sera devant Aston Martin ou derrière Mercedes. Nous devons travailler pour rendre la voiture et la plateforme fiables dans toutes les conditions, et pas seulement dans une fenêtre très précise.

L’an dernier, vous aviez six points de retard sur Max Verstappen en arrivant à Monaco. Aujourd’hui, il vous distance de 85 unités et les Red Bull n’ont jamais semblé aussi rapides… Votre monoplace souffre-t-elle d’un problème de conception ou de développement ?

Je pense que les objectifs fixés aux ingénieurs cette saison n’étaient clairement pas bons. Red Bull a progressé bien plus que nous en 2022. Il s’agit donc plus d’un problème de philosophie que de développement.

Le pilote fait-il toujours plus la différence que la voiture à Monaco ?

Je l’espère ! Monaco est l’un de ces circuits où la prise de risque paie. L’an dernier, notre voiture était très rapide et constante sur tous les circuits. La donne a changé. Pendant ce temps, Aston Martin, par exemple, a fait un gros pas en avant. La qualification sera très importante à Monaco. En flirtant avec les limites, j’espère qu’on pourra partir devant. On a nos chances car la voiture n’est pas trop mal dans les virages lents.

Quel conseil donneriez-vous à votre petit frère Arthur qui va disputer son premier Grand Prix à la maison en F2 ?

Je lui ai conseillé de se protéger un maximum des distractions. A Monaco, on peut facilement perdre sa concentration avec les sollicitations des amis, de la famille… Ensuite, il devra aller crescendo sur la piste. Quand on est à la maison, il y a beaucoup d’excitation. Prendre confiance sur les circuits urbains demande malheureusement beaucoup de tours. Arthur devra donc utiliser les essais libres pour dompter progressivement la piste. Je pense qu’il prendra du plaisir en qualifications lorsqu’il faudra sortir le tour parfait. C’est un sentiment qu’on éprouve nulle part ailleurs. Il a hâte d’affronter l’un des circuits les plus difficiles de l’année.

Le Grand Prix d’Emilie-Romagne, qui devait se tenir le week-end dernier, a été annulé en raison des conditions climatiques extrêmes qui ont causé des inondations dévastatrices dans la région. Comment avez-vous vécu la situation à Imola ?

J’étais sur la route lorsque j’ai appris l’annulation du Grand Prix. J’ai découvert l’ampleur des dégâts à distance d’Imola et ses alentours. C’est très triste. C’est un endroit très proche de Maranello, le fief de Ferrari, à seulement une heure de route, donc on est forcément très touché. Ferrari a fait une grande donation. De mon côté, je travaille sur des projets pour essayer d’aider la région à se relever de cette catastrophe. Vous en saurez plus dans les prochaines semaines.

Propos recueillis par Jérémie Bernigole-Stroh

Publié le 24 Mai. 00:05