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Olivier Beretta a rejoint Ferrari en 2012 (Scuderia Ferrari).Olivier Beretta a rejoint Ferrari en 2012 (Scuderia Ferrari).

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Qui es-tu, Olivier Beretta ?

A chaque numéro, Code Sport Monaco vous propose de découvrir les personnalités du sport monégasque sous un autre angle. Olivier Beretta, ex-pilote automobile, s’est prêté à l’exercice du « Qui es-tu ? ».

■ Votre premier sport ?

Comme tous les enfants, j’ai essayé le football, la natation, le tennis, le squash, mais aussi le handball, que j’ai particulièrement apprécié grâce à un professeur très sympa. Puis mon père m’a acheté une petite moto à 5 ans. Je me suis amusé pendant trois ans à tourner dans les sentiers de l’arrière-pays et, à force de tomber et de revenir à la maison avec des bleus, ma mère a convaincu mon père de me faire passer sur quatre roues. Elle n’a pas eu trop à insister étant donné qu’il était passionné et roulait avec l’équipe monégasque de karting. J’ai fait mes premiers tours de piste à Vintimille. Je devais avoir 9 ou 10 ans. Un coup de foudre immédiat.

■ Ce que vous aimez le plus dans votre discipline ?

La sensation de vitesse. J’ai été imprégné dès mon plus jeune âge par la course automobile. Je suis né à l’Ermanno Palace, au niveau du virage n°1 du circuit de Monaco. Mon oncle, lui, était rallyman. Moi, j’adorais le karting, bien plus que l’école. A 12 ans, je partais avec mon mécano faire des courses en France et en Italie, j’avais l’impression de vivre mon rêve.

■ Votre premier fait d’armes ?

En karting, ma toute première victoire sur la vieille piste du Castellet. Je pense également au Grand Prix de Pau 1990 en Formule 3, que j’ai remporté depuis la pole position. A l’époque, la F3 était une très belle catégorie : des championnats nationaux partout en Europe, une course à Monaco où les pilotes de chaque pays se réunissaient, des voitures exceptionnelles avec beaucoup d’aéro…

■ Votre aventure en Formule 1 ?

J’en garde un excellent souvenir. A 24 ans, après des essais concluants, j’ai eu la chance de participer à quelques Grands Prix (10), dont Monaco, avec l’écurie Larrousse. C’était une petite structure au budget fragile, composée d’excellents mécaniciens et ingénieurs, mais des sponsors n’ont pas suivi et le manque de moyens a conduit à sa fermeture. J’aurais aimé poursuivre cette carrière, mais j’ai découvert pleins d’autres catégories. J’ai eu l’occasion de revenir en F1 pour développer les pneus Michelin pendant six ans et pendant trois ans, j’ai roulé avec une Williams. Je continue à piloter des monoplaces Ferrari d’époque, celles de Michael Schumacher, Alain Prost…

■ Votre rôle chez Ferrari ?

Je suis chez Ferrari depuis 2012. Mon rôle consiste à développer des voitures comme la 499P Modificata, une version cliente sans restrictions de la voiture du Mans. C’est un projet fantastique qui a demandé un an d’essais intensifs. Je suis fier de contribuer à cette nouvelle génération d’hypercars et de pouvoir constater l’évolution technologique remarquable depuis mes débuts en prototype dans les années 2000. A l’époque, je ne pensais pas pouvoir développer des voitures et travailler avec une équipe aussi professionnelle que Ferrari à l’âge de 55 ans. Ma vie ne tourne plus autour de la course auto, que j’ai arrêtée en 2020, mais je prends plaisir à rester dans cet univers.

■ Votre meilleur souvenir ?

Il y en a tellement. Je n’ai jamais arrêté de faire ce métier de mes 10 à mes 55 ans, j’ai eu la chance d’avoir d’excellents coéquipiers, de gagner cinq fois le Championnat American Le Mans Series, six fois les 24 Heures du Mans en catégorie GT, cinq fois les 12 Heures de Sebring… Joker ! (On le relance à propos du GP de Monaco 1994.) Tout le monde a envie de rouler à Monaco. J’avais ce rêve de le faire en F1, et je l’ai réalisé en 1994. Le soir, je dormais à la maison. Le midi, je quittais le motorhome pour aller manger chez ma grand-mère. Malheureusement, l’atmosphère était pesante cette année-là. On sortait du Grand Prix d’Imola où Ayrton Senna et Roland Ratzenberger avaient trouvé la mort. Le monde de la F1 était en deuil.

■ Est-ce votre pire souvenir ?

Oui. Aujourd’hui encore, quand je retourne à Imola, je pense à la disparition de Senna et Ratzenberger, à l’accident de Rubens Barrichello. Ce week-end noir nous survivra, hélas !

■ Le pilote le plus fort ?

Quand j’étais petit, j’adorais Didier Pironi puis Ayrton Senna. Aujourd’hui, je dirais Charles Leclerc et Max Verstappen. Senna, c’était mon enfance. Je le voyais parfois quand je faisais du footing à Monaco. Je l’ai croisé dans les escaliers avant mon premier départ en F1 à São Paulo, il m’a demandé si j’étais nouveau et m’a dit : « Si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas. » C’était quelqu’un de très ouvert, très sympathique.

■ Vos autres passions ?

J’aime toujours autant le karting. Je suis souvent sur les pistes puisque le petit en fait. En dehors du sport automobile, j’adore naviguer, sortir en mer et profiter de mes deux petits-enfants. Ce qui me tient le plus à cœur aujourd’hui, c’est de pouvoir leur consacrer du temps et les voir grandir.

■ L’anecdote que vous n’avez jamais révélée ?

En 2000, je gagne les 24 Heures de Daytona sans que personne ne se rende compte que j’avais la varicelle. Mon fils l’attrape une semaine avant la course. Ma mère ne sait plus si je l’ai eue, je sens le danger poindre, et je décide de prendre le premier avion pour Miami. Je ressens les premiers symptômes en arrivant sur place. Je les mets sur le compte du vol et de la climatisation. Je ne suis pas particulièrement en forme durant les essais et, le vendredi, j’ai de la fièvre et des boutons partout. La course doit commencer le lendemain à 13h. Ma hantise, c’est de manquer de performance et de me faire remplacer, le règlement permettant alors de changer un pilote en cas de problème. Je serre les dents, motivé par notre bagarre avec les Corvette, et on gagne finalement la montre (le cadeau offert aux vainqueurs). C’est un super souvenir aujourd’hui, mais sur le moment ce n’était pas agréable. (Il rit.)

Propos recueillis par Jérémie Bernigole

Publié le 08 Oct. 15:09

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