Cent ans après la médaille d’or de John B. Kelly Sr. à Paris en aviron, le rameur Quentin Antognelli aspire à un meilleur résultat que sa quinzième place décrochée à Tokyo il y a trois ans.
Le 17 juillet 1924, John B. Kelly Sr. et son cousin Paul Costello lèvent les bras sur la Seine en deux de couple. Les voilà champions olympiques à Paris ! Pour le père de Grace Kelly, il s’agit d’une troisième médaille d’or après les deux décrochées quatre ans plus tôt à Anvers. Une prouesse historique. Cent ans plus tard, un sujet de son petit-fils, le Prince Albert II, va représenter Monaco sur les terres de son exploit. Quentin Antognelli, rameur de 29 ans, portera cet héritage sur le plan d’eau de Vaires-sur-Marne. « Me retrouver dans la capitale française, un siècle plus tard, dans le même sport, ça ajoute de l’émotion, assure l’intéressé. La famille Kelly fait partie de l’histoire olympique, et Monaco aussi. »
Exil italien
Aux Jeux de Tokyo, Antognelli était passé par toutes les émotions. Repêché, il avait subi les affres du typhon Nepartak, avant de prendre la quinzième place du général, le meilleur résultat pour un rameur monégasque. « Je me souviens avoir dit à Michel (Pou, l’entraîneur de natation) que ma seule certitude, à ce moment-là, était de vouloir prendre ma revanche à Paris », se souvient Antognelli, qui brigue « une place en demi-finale ». « Je veux battre le plus de concurrents possibles », poursuit-il. Ayant fait le choix de l’exil en Italie pour poursuivre sa progression, l’enfant de la Société nautique de Monaco s’est entraîné sans relâche pendant trois ans. Sous les ordres de son entraîneur Giovanni Calabrese, il a couvert en long, en large et en travers le lac de Varèse, sa base d’entraînement.
Critères sportifs
Sa campagne qualificative fut, malgré tout, un long chemin de croix. A la bagarre avec les meilleurs rameurs mondiaux, Antognelli a participé à toutes les régates importantes, mais il a échoué de peu : cinquième de finale B de la qualification internationale à Lucerne (Suisse), sixième de finale B de la qualification continentale à Szeged (Hongrie)… « Ç’a été assez compliqué, confirme-t-il. Manque de pot, je termine sur le premier spot non-qualificatif pour les petits états européens en me faisant dépasser une fois par un mec que j’ai systématiquement battu pendant trois ans. » Plongé dans l’incertitude, il a vu ses efforts récompensés. Alors qu’il prévoyait un plan B pour son été – « Je cherchais une motivation à l’entraînement et envisageais de faire les régates d’Henley » -, il a reçu le coup de fil tant attendu : la Fédération internationale lui a octroyé une place d’universalité sur des critères sportifs. « Nous ne devions pas l’avoir car elle nous a été accordée en 2021, mais World Rowing a changé d’avis car j’ai participé à toutes les régates et terminé pas loin à chaque fois… C’est une chance, et je compte bien en profiter. Je me rends à Paris avec l’envie de repousser mes limites. »
Dossier olympique par Jérémie Bernigole et Gaël Lanoue