Fin mars, Issei Kim a terminé sixième du 50 m papillon et demi-finaliste du 50 m nage libre lors de la semaine de sélection olympique du Japon. Une semaine plus tard, le nageur de l’AS Monaco s’imposait aux Championnats de France universitaires.
Étudiant en première année de droit à la Sorbonne (Paris 5e), Issei Kim n’en reste pas moins un jeune nageur très prometteur licencié à l’AS Monaco Natation. Il vient encore de le démontrer en enchaînant deux performances de haut vol en l’espace d’une semaine, entre les Championnats du Japon sélectifs pour les Jeux olympiques organisés au Centre aquatique de Tokyo fin mars et les Championnats de France universitaires qui se sont tenus à Caen en avril.
Le périple de l’athlète de 18 ans a donc commencé dans la capitale nippone, sa ville natale où il a passé les 5 premières années de sa vie. On insiste bien sur le concept de « périple » car Issei Kim, soumis aux exigences du planning universitaire, a eu moins de deux jours pour absorber le décalage horaire de 7 heures entre la France et le Japon. « Ça lui tenait à cœur d’aller nager chez lui, il est allé au bout de ses idées », dévoile Michel Pou, son entraîneur à l’ASM Natation.
Bilan positif à Tokyo
Il faut dire que la compétition délivrant les tickets olympiques jouit d’une grande popularité au Japon. La chaîne publique NHK a retransmis les demi-finales et les finales chaque soir pendant une semaine. A une heure de grande écoute, Issei Kim s’est révélé. Il a terminé 6e du 50 m papillon en réalisant son meilleur temps (23 »80), puis demi-finaliste du 50 m nage libre (22 »52, record personnel).
S’il ne s’est pas qualifié pour Paris-2024, le Nippon tire un « bilan positif » de sa participation. « Ces performances de niveau mondial me permettent d’envisager l’avenir avec un bon espoir, d’autant que je sens que je peux encore progresser en travaillant plus physiquement et techniquement dans l’eau », argumente-t-il.
Le « half » qui grandit
« Issei a surpris ses compatriotes. Ces derniers découvrent que des nationaux s’entraînent à l’extérieur du pays, et qu’ils le font même plutôt bien », déclare Michel Pou. Né à Tokyo en 2005 mais résident monégasque depuis 2011, le nageur entretient une relation spéciale avec le Japon : « Là-bas, je suis considéré comme un « half », un Japonais à moitié. C’est un sentiment profond et compliqué à la fois. Je ressens très clairement cette double culture, qui est une grande chance à mes yeux. »
En février, Issei Kim a été retenu pour participer à un stage d’une semaine en Sierra Nevada (Espagne) dans une sélection japonaise composée de quatre autres nageurs qui représenteront le pays du Soleil-levant à Paris cet été. Il a pu « emmagasiner un maximum d’expérience en un minimum de temps » en côtoyant des références en la matière. « Cela a été très enrichissant en tout point de vue, juge l’intéressé. J’ai été très impressionné par la notion de cohésion de groupe qui est la force première des athlètes japonais et des Japonais tout court. L’individu s’efface au profit du groupe, qui le lui rend bien, dans le sens où beaucoup de moyens humains sont mis à disposition pour la performance. Il en découle un grand respect mutuel entre les nageurs et une entraide. »
Objectif : LA 2028
Une semaine après son aventure tokyoïte, Issei Kim avait rendez-vous avec les Championnats de France universitaires à Caen. Une échéance préparée au sein du Cercle des Nageurs de Paris, club partenaire de l’ASM, avec les conseils d’Yves Thomassin. En forme malgré les heures passées dans l’avion et le décalage horaire inversé, il s’est imposé sur le 50 m papillon (23 »46 en bassin de 25 m) et a terminé 2e du 50 m nage libre. Michel Pou a salué les performances de son nageur : « Il ne faut pas oublier qu’il mène un double projet, à la fois universitaire mais aussi sportif. Sa dynamique et sa progression devraient le mener à tenter une sélection en 2028 pour les Jeux de Los Angeles. Il aura acquis plus de maturité. » D’ici là, Issei Kim est attendu aux prochains Jeux des Petits d’Europe, organisés en 2025 en Andorre. Lors de la précédente édition à Malte, il avait décroché deux médailles pour Monaco : l’argent du 50 m papillon et le bronze du 50 m NL.
Jérémie Bernigole