C’est l’un des hommes forts du groupe de Philippe Clement qui a pris place dans l’amphithéâtre du Centre de performance le 6 janvier afin de répondre à nos questions, et non plus le timide Chilien qu’il était à son arrivée en août 2019. Promu capitaine en amical contre Leeds United cet hiver, Guillermo Maripan a renforcé sa stature ces derniers mois en Principauté. Le défenseur de 29 ans, lié jusqu’en 2025 avec le club princier, s’accommode parfaitement de son nouveau rang. Il affirme s’épanouir dans le costume de leader qu’il revêt pour ses jeunes coéquipiers.
Le Chili n’ayant pas réussi à se qualifier pour la Coupe du monde, comment vous êtes-vous occupé durant la trêve ?
Je suis rentré au pays pour retrouver ma famille et mes amis. Cela m’a fait du bien de passer du temps avec eux pendant les fêtes, sans faire d’excès. (Il sourit) Au contraire, je me suis bien entretenu.
On comprend mieux vos performances à la reprise.
C’est vrai, je me sens en très bonne forme. Pendant la coupure, je n’ai pas passé plus de deux jours sans m’entraîner.
Vous avez prolongé votre contrat avec l’AS Monaco jusqu’en 2025. Pourquoi ?
Je me sens valorisé ici. Je me suis complètement adapté à la Ligue 1. Le club a un projet structuré, clair et bien défini. On l’a vu avec la livraison du Centre de performance, qui nous permet de travailler dans les meilleures conditions. J’ai la chance de faire partie d’un super groupe, avec de jeunes pépites que l’on a envie de voir éclore. Je suis dans mon élément ! En ce sens, rester deux saisons supplémentaires à l’AS Monaco contribuera à mon épanouissement.
Votre rôle évolue puisque Philippe Clement vous a confié le brassard en amical contre Leeds United. Comment percevez-vous votre nouveau statut ?
Je suis conscient de l’épaisseur que je prends depuis mon arrivée en 2019 et de ma progression dans le jeu. J’ai disputé plus de 100 matches avec l’AS Monaco. J’ai la sensation d’entrer dans une nouvelle période de ma carrière. Je me sens plus légitime pour montrer le chemin à mes jeunes coéquipiers et les conseiller. De plus, jouer avec le brassard de capitaine a représenté beaucoup de responsabilités, mais avant tout un honneur.
Vous affectionnez ce rôle de leader ?
Il me convient très bien. Je l’appréhende de mieux en mieux. Je vois le respect que les jeunes et le club me portent. Forcément, cela me donne encore plus envie de m’impliquer dans ce rôle.
Le transfert de Benoît Badiashile vers Chelsea vous donne indirectement un poids plus conséquent au sein du club. Craignez-vous les conséquences de son départ ?
Premièrement, je souhaite féliciter Benoît. C’est un chic type, un grand joueur. On a passé beaucoup de bons moments ensemble. Je l’ai vu grandir. Je suis très content pour lui car il mérite tout ce qui lui arrive. Pour répondre à votre question, l’équipe possède des joueurs de qualité. Nous trouverons les ressources nécessaires pour maintenir notre niveau de performance et pour le suppléer correctement.
On a encore tendance à vous présenter comme un « soldat », un joueur qui ne lâche rien. Cette présentation primaire de vos compétences ne vous vexe pas ?
Je veux gagner tous les matches. Et pour gagner, il faut mettre de l’agressivité. Ça fait partie de mon jeu. Je donne le maximum, je ne triche pas, mais je n’exagère pas non plus. Si vous regardez bien mes statistiques, je ne suis pas souvent expulsé (un carton rouge direct et trois double cartons jaunes en 238 matches pro d’après le site Transfermarkt). Je veux transmettre ce sentiment de lutte, cette « grinta » à mes coéquipiers.
Vous aimez bien déstabiliser les attaquants adverses, les sortir de leur match…
J’ai toujours eu l’esprit guerrier en moi. Je ne peux pas me comporter autrement pendant un match. J’entretiens ce côté car, à mon sens, c’est ce qui me permet d’être le joueur que je suis.
Vous avez marqué onze buts avec l’ASM, ce qui est plutôt pas mal pour un défenseur. Quel est votre secret ?
(Il sourit) On en revient à la grinta ! C’est de l’agressivité dans le bon sens du terme. Dès que l’arbitre siffle le coup d’envoi, je veux prêter main-forte à l’équipe de toutes les manières possibles. J’ai la volonté infatigable de marquer. Et ça paye parfois.
Votre but contre le Paris Saint-Germain il y a deux ans ferait pâlir Marcelo Salas*. C’est votre préféré ?
(Il réfléchit) Je retiens plutôt celui que j’ai marqué face à l’Olympique Lyonnais cette saison pour son caractère décisif. En plus, il intervient lors de mon 100e match avec l’AS Monaco et face à un adversaire direct pour les places européennes.
Parlons de vos qualités de danseur.
(Il rit) Ah, ça…
Vos petits pas avec Kevin Volland ont marqué les supporters. Vous aimez danser ?
En dehors du terrain, je suis très jovial, j’adore blaguer. (Il sourit) La séquence à laquelle vous faites référence remonte à 2021. On venait d’assurer notre troisième place sur le terrain de Lens et de conclure une grande et belle saison. Alors, avec Kevin, l’un de mes grands amis dans le vestiaire, on a laissé notre joie s’exprimer.
On a une photo à vous montrer. Est-ce bien vous ?
(Surpris) Oui, c’est bien moi !
Pouvez-vous la décrire ?
J’étais ramasseur de balle pour un match de championnat chilien en 2011. Je savais que Pelé assisterait à ce derby entre l’Universidad Catolica et l’Universidad de Chile. J’ai cherché par tous les moyens à entrer en contact avec lui et à prendre une photo. En vain. Ce cliché me rappelle de très bons souvenirs. C’était un grand moment de voir le Roi de si près.
Vous n’aviez pas encore signé un contrat professionnel. Quelle était votre réalité à l’époque ?
Je vivais des moments de doute. Je ne savais pas quelle suite donner à ma passion pour le football : persévérer pour décrocher un contrat, me diriger vers un autre sport ou persister dans les études ? J’étais à la croisée des chemins. J’ai pris la bonne décision, celle de lutter malgré les avis négatifs que je recevais pour réaliser mon rêve.
Alors que vous êtes en proie à une croissance très rapide à l’adolescence, on vous aurait conseillé de vous diriger vers le basket. C’est vrai ?
Oui, tout à fait. J’étais très grand pour mon âge. C’était un avantage au rebond. J’avais aussi quelques facilités pour marquer. De là à dire que j’allais réussir dans ce sport… (Il sourit)
Comment les Chiliens perçoivent votre parcours à l’AS Monaco ?
L’opinion est plutôt bonne à mon égard. Les Chiliens connaissent la difficulté de jouer et de s’imposer en Europe. Ils me suivent depuis mon départ du pays, ils ont donc pu constater mon évolution. Je pense avoir eu une progression linéaire. La régularité est l’une de mes forces.
Vous prônez les vertus du travail lorsque vous traversez une mauvaise passe. Pourquoi ?
Quand on n’a pas l’opportunité de se montrer en match, il faut en faire plus que les autres, montrer davantage, travailler le double, le triple s’il le faut. La notion de travail est évidente pour s’améliorer physiquement et techniquement. Une opportunité arrivera tôt ou tard. Voilà pourquoi je me réfugie dans le travail.
Vous êtes très attaché à votre club formateur. Quelle place occupe-t-il dans votre vie ?
C’est ma seconde famille. J’y ai commencé le football à quatre ans. Toute ma vie se trouve là-bas. J’ai tout découvert à l’Universidad Catolica. J’ai gardé beaucoup d’attaches, et je ne le cache pas. Je me suis filmé sur Instagram avec le maillot du club sur la place du Casino afin de célébrer le quatrième titre de champion du Chili consécutif et montrer ma dévotion pour ses couleurs.
Prendre votre retraite à l’Universidad Catolica aurait du sens ?
Oui, c’est quelque chose qui est dans un coin de ma tête. J’aimerais pouvoir terminer ma carrière sur une bonne note au Chili et être en mesure d’aider mon club à remporter d’autres trophées.
Alessandro Nesta était votre idole. Que ressentiriez-vous si un jeune Chilien vous citait en exemple ?
Ça me rendrait très fier. J’aurais le sentiment d’avoir bien travaillé tout au long de ma carrière pour laisser une petite empreinte dans les pensées des supporters.