Après une première expérience en Europe à l’Atlético Madrid et trois prêts dans son pays natal, le Brésilien de 23 ans, arrivé en Principauté l’été dernier, enchaîne les titularisations et les bonnes prestations dans une équipe jeune et performante.
Remuant et toujours disponible sur son flanc gauche lorsqu’il est sur le terrain, Caio Henrique est un garçon souriant et affable en interview. Au cours de l’entretien qu’il a accordé à Code Sport Monaco, l’international U23 auriverde n’a cessé de rappeler son plaisir d’avoir rejoint l’AS Monaco en début de saison et son ambition d’aider le club à retrouver l’Europe. Le latéral s’est aussi épanché sur d’autres sujets passionnants et parfois insolites, entre sa formation à Santos, ses parties de FIFA »avec » Cesc Fabregas et la sélection brésilienne…
Plus les journées de Ligue 1 passent et plus l’AS Monaco semble se rapprocher d’une qualification européenne… Peut-on dire que la saison est déjà réussie ou est-ce encore trop tôt ?
Tout se passe bien pour le moment, c’est vrai. On est surtout très heureux de voir que les efforts fournis la semaine se traduisent en victoire le week-end. Le chemin est encore long, ilreste des matches compliqués en championnat et beaucoup de points à prendre. La Coupe de France est également un bel objectif, c’est une compétition un peu particulière, mais on sait que l’ambition du club est de retrouver l’Europe. Mes coéquipiers et moi allons tout faire pour que la bonne dynamique se poursuive jusqu’à la fin du championnat. On veut arriver le plus haut possible.
C’est-à-dire ?
Chaque footballeur aime forcément se fixer des objectifs et penser en grand, mais on ne peut pas se projeter au-delà du match suivant. Pour le moment, on ne veut pas sauter d’étape. Si on conserve cette dynamique à cinq ou six rencontres du terme et qu’il y a la possibilité d’aller plus haut, mes coéquipiers et moi-même ferons le maximum.
Vous faites partie des dix joueurs les plus sollicités par Niko Kovac cette saison. Comment jugez-vous vos premiers mois sous le maillot monégasque ?
Quand je suis arrivé au club, je n’ai pas eu beaucoup de chance. Je sortais d’une période de plus de six mois sans compétition et j’ai malheureusement été écarté des terrains quatre semaines de plus, quelques jours seulement après mon arrivée, à la suite d’une blessure à la cheville. L’adaptation à un nouvel environnement, que ce soit un pays ou un championnat, est plus compliquée de cette manière. Mais, depuis, j’ai réussi à avancer et à trouver la bonne carburation. Je joue beaucoup, l’entraîneur me fait confiance, le staff aussi. Je suis très content de ce qui m’arrive. L’équipe est en forme, on le voit en 2021. Malgré la défaite à Strasbourg (qui a mis fin à une série de 12 matches sans défaite, NDLR), notre parcours est quasiment parfait.
Et sur le plan tactique ?
Je me suis petit à petit adapté à la Ligue 1, qui est très physique. Les attaquants sont rapides, cherchent tout le temps l’espace. Nous, défenseurs, devons absolument être concentrés à tous les instants. La moindre inattention peut avoir de grandes conséquences.
Parlons de votre rôle de piston gauche. Vous vous transformez en ailier en phase offensive puis en latéral à la perte du ballon. Aviez-vous déjà occupé un tel poste ?
Oui, à Fluminense, il y a deux ans. J’étais même plus ailier que défenseur ! (Il sourit) C’est un concept un peu différent à appréhender. Quand l’entraîneur m’a proposé d’occuper ce rôle, j’ai eu plus de facilités à m’adapter puisque je le connaissais.
Mais vous étiez milieu de terrain à vos débuts, non ?
Quand j’ai commencé le football, j’étais latéral gauche. Puis, durant mon passage à Santos, je suis monté d’un cran, au milieu du terrain. C’est d’ailleurs à ce poste que j’ai été recruté par l’Atlético Madrid.
Pourquoi cette évolution ?
Durant mon prêt à Fluminense, tous les latéraux gauche étaient blessés avant une rencontre importante. L’entraîneur était un peu embêté, il m’a demandé si je me sentais de retrouver mon poste d’antan. On a gagné le match et j’ai enchaîné une saison entière dans ce rôle. Depuis, je n’ai jamais retrouvé le milieu de terrain ! (Il se met à rire)
Est-ce que cette adaptabilité découle de vos premiers pas en tant que joueur de futsal ?
Effectivement, j’ai commencé par le futsal. C’est une pratique très reconnue dans mon pays, ses avantages sont importants. Certaines écoles en Amérique du Sud la proposent d’ailleurs aux élèves. Au futsal, le terrain est plus petit, il y a moins d’espace. Tu dois donc être très rapide dans ta prise de décision, réfléchir avant même la réception du ballon, t’adapter. Tu conserves ces réflexes lorsque tu passes à un grand terrain à 11 contre 11 : penser avant, réfléchir rapidement. C’est ce qui donne parfois un temps d’avance aux Sud-Américains face aux autres joueurs.
Quand on a la chance d’être formé dans le club mythique de Santos, comme Pelé ou plus récemment Neymar, sent-on le poids de l’Histoire et de l’institution ?
Santos, c’est particulier pour moi. Je suis né dans le quartier de Santos, j’y ai grandi. Ce club représentait le rêve de mes débuts comme footballeur. Quand j’étais en formation, Neymar disputait ses premiers matches en compagnie de Ganso. Après l’entraînement, j’allais les voir jouer. Imaginez ce que cela représentait pour moi, gamin et supporter, de voir de tels joueurs évoluer sous mes yeux (II affiche un grand sourire, ses yeux brillent). Le club est connu mondialement grâce à Pelé, qui est peut-être la plus grande star de l’Histoire de ce sport. Représenter ce maillot, lorsqu’on connaît l’importance de Santos, est incroyable. On vous le fait comprendre dès le plus jeune âge.
Que retenez-vous de votre expérience à l’Atlético Madrid ?
Elle a été très bonne, même si je n’ai pas eu beaucoup d’opportunités de montrer mes qualités en match. J’arrivais en Europe, j’étais encore un gamin de 18 ans et je faisais mes premiers pas chez le vice-champion d’Europe. D’un coup, je me retrouve à partager le vestiaire avec Antoine Griezmann, Felipe Luis et Diego Godin, des joueurs à la carrière incroyable. J’ai beaucoup appris sur le professionnalisme, la façon d’être footballeur et je m’en sers aujourd’hui quotidiennement à Monaco.
Vous n’avez disputé qu’un seul match avec l’équipe professionnelle madrilène avant d’être prêté à trois clubs brésiliens. Comment l’avez-vous vécu ?
Le plus important pour un joueur de 18, 19 ans, c’est de jouer, de prendre du rythme, de l’expérience. Si j’étais resté à l’Atlético sans temps de jeu, cela aurait été compliqué pour moi. Ces retours au Brésil m’ont permis de progresser, de rejoindre un club comme l’AS Monaco et de faire partie de la sélection olympique brésilienne. C’était le meilleur choix à l’époque et il se confirme.
Regardiez-vous le championnat français ?
J’aurais aimé mais il était très peu diffusé, contrairement à la Premier League et à la Liga. C’est en train de changer puisqu’il y a beaucoup de Brésiliens à l’OL, au PSG, à l’OM… Le vrai tournant reste l’arrivée de Neymar à Paris. C’est une méga star, les gens l’adulent au pays. Sa présence en France permet à ses compatriotes d’être diffusés au Brésil et de prouver leurs qualités. Tout le monde en profite.
La longue tradition des joueurs brésiliens en France a-t-elle été un argument supplémentaire pour signer à l’AS Monaco ?
Quand j’ai reçu l’offre de Monaco, j’ai fait mes recherches et j’ai vu le nombre de Brésiliens et surtout de Sud-Américains passés par le club. Cela a constitué l’une des raisons de ma venue, d’autant plus que l’AS Monaco est un club habitué à donner une chance aux jeunes joueurs et ainsi les faire progresser. C’était le choix parfait et j’en suis toujours très heureux.
Vous partagez le vestiaire avec Cesc Fabregas. Il paraît que vous jouiez à FIFA avec le FC Barcelone et l’équipe d’Espagne pour l’avoir dans votre équipe. Est-ce vrai ?
(Il sourit, gêné) Oui. J’y pense presque tous les jours quand je le croise au centre d’entraînement : je jouais à la console avec lui, je l’admirais à la télévision et, aujourd’hui, je suis son coéquipier ! Cesc est un grand professionnel, il a gagné dans tous les clubs où il est passé. C’est un magnifique exemple pour les jeunes. Je m’inspire de lui, j’essaie de comprendre son comportement, sa vision de jeu, ses déplacements. Cesc est un miroir dans lequel on doit se regarder et se dire : « Voilà ce que je veux devenir. »
Vous devriez disputer les Jeux olympiques cet été. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Chaque Brésilien rêve de porter le maillot de la sélection, qui plus est lors de la compétition sportive la plus suivie au monde. La pression sera grande puisque le Brésil est champion en titre, mais je le prends comme une motivation supplémentaire pour continuer de gagner. Je veux y aller, tout donner et vivre cette aventure à 100 %.
Et la sélection A, vous y pensez ?
Forcément. On travaille tous pour représenter un jour son pays, mais je n’en fais pas une obsession. Si je suis bon avec Monaco, j’aurai probablement une opportunité. Je sais aussi que les performances et les résultats de la sélection olympique sont surveillés.
Avez-vous reçu des pré-convocations ?
Non, pas encore. (Il sourit) En revanche, plusieurs journalistes brésiliens commencent à me citer dans leurs articles. C’est toujours bon signe. Je ne vais pas vous mentir, bien sûr que cela me donne envie quand on en parle mais, encore une fois, je reste très mesuré. Je sais ce que je veux accomplir. Si j’ai l’honneur d’être sélectionné, je donnerai le maximum. Pour l’instant, je me concentre sur mon quotidien à l’AS Monaco et les objectifs que mes coéquipiers et moi-même voulons atteindre.
Battre le PSG de Neymar et Mbappé à deux reprises peut-il faire pencher la balance ?
Battre à deux reprises le PSG a été une belle satisfaction. Mais le sélectionneur se base sur une performance globale et il ne servirait à rien que je fasse un très bon match puis cinq moyens. Je ne veux pas trop y penser. La seule chose qui m’importe, c’est mon travail et la contribution que je peux apporter à l’équipe. Et j’ai très envie de gagner tous les autres matches.