Au fil des années, l’Academy de l’AS Monaco a acquis une solide expérience dans l’organisation d’activités socio-éducatives pour ses pensionnaires. Dernier exemple en date : un spectacle de percussions donné au Centre de la Jeunesse Princesse Stéphanie au mois de mai dernier.
Installées dans une vaste pièce du Centre de la Jeunesse Princesse Stéphanie (CJPS), des personnalités monégasques assistent à une démonstration de percussions dans le cadre des journées portes-ouvertes. A en juger les mouvements de jambes et les applaudissements rythmés, ils apprécient le spectacle. En face d’eux, des élèves pas comme les autres : des jeunes footballeurs de l’AS Monaco.
Pour réaliser cette prestation de plus de trois minutes, ils ont pris des leçons depuis le début de la saison, une fois par semaine, avec Bruno Teboul. L’objectif ? Les ouvrir à d’autres domaines que le ballon rond. Leur professeur ne masquait pas sa fierté à l’issue de la démonstration.
« Ce n’est pas notre meilleure performance, nuancent les jeunes. On a fait mieux pendant les répétitions. » Analyse de sportifs. Froide et implacable. Chassez le naturel, il revient au galop. « On avait préparé un premier son avec Bruno, mais on lui a demandé si on pouvait changer deux, trois choses, exposent Yannis Benchaouch et Kevin Sitou, deux joueurs de l’équipe U17. Finalement, on a carrément créé quelque chose qui nous ressemble. »
Fidèles à eux-mêmes, toujours à la recherche du contre-pied, ils ont feinté le public au milieu de leur performance, cessant de jouer et reprenant alors que les applaudissements commençaient à tomber. « Ils étaient très bien, ils ont le rythme dans la peau. Les mettre aux percussions était une bonne idée car ils doivent suivre un leader et jouer ensemble », analyse Virginie Gollino, responsable de la scolarité à l’Academy.
Depuis son arrivée au club il y a neuf ans, elle s’engage à déconstruire les stéréotypes du sportif uniquement concentré sur le ballon, ses performances et sa carrière : « Nous souhaitons qu’ils découvrent autre chose que le football. La musique et le théâtre ouvrent sur d’autres horizons. C’est important de planter une petite graine qui, dans quelques années, éclora en eux. Ces cours vont leur servir dans leur parcours, qu’ils soient dans le sport ou non, et dans leur vie personnelle. » Et pas seulement.
Du côté des animateurs, on a remarqué que les activités musicales avec le CJPS – un partenariat gagnant qui dure « depuis de nombreuses années » – aident les footballeurs dans leur gestuelle, sur le plan de la coordination et de la proprioception.
Concours d’éloquence
Depuis la rentrée en septembre, les jeunes pousses rouge et blanche ont participé à de nombreux ateliers, souvent avec des associations locales, en lien avec la Principauté. Une manière de les sensibiliser à d’autres domaines. L’alimentation, par exemple, avec un diététicien et le chef cuisinier du club : courses au supermarché, préparation de petits déjeuners et de repas équilibrés… Le développement durable, aussi, en prenant par exemple part à un événement organisé par la Société monégasque d’Assainissement (SMA).
Yannis Benchaouch : « On a appris plein de choses et on s’est rendu compte qu’on consommait trop de bouteilles en plastique à l’entraînement. On les a remplacées par des gourdes. Beaucoup de choses ont évolué à l’Academy grâce à ces activités. » Virginie Gollino complète : « Nous voulons former des hommes et des citoyens. Pour une association œuvrant auprès d’enfants au Cameroun, les joueurs avaient donné des crampons, des vêtements, du matériel scolaire. Lors des journées portes ouvertes de l’Academy, on avait également collecté des denrées en faveur des Banques Alimentaires. »
La responsable de la scolarité poursuit : « Ils ne deviendront pas tous professionnels. C’est pourquoi, dernièrement, nous avons organisé un forum des métiers où toutes les composantes de l’AS Monaco étaient représentées, afin de leur montrer qu’un club ce n’est pas seulement les personnes qu’ils sont habitués à voir (staff sportif, staff médical, analystes vidéos). Sans le service communication, la comptabilité et les ressources humaines le pôle organisation et sécurité, le département commercial, etc., il n’y a pas de match non plus. Cela peut créer des vocations. »
Les joueurs n’ayant que peu de temps libre en raison de leurs entraînements et de leur scolarité, les activités sont triées sur le volet : « Nous privilégions les activités qui s’inscrivent dans le cadre de leur scolarité ou du programme d’actions du Club, l’idée étant à chaque fois de leur apporter un plus dans leur construction. »
Cette année, en plus des cours, des entraînements et des matches, les jeunes talents de l’AS Monaco ont aussi eu l’opportunité d’échanger avec Ouissem Belgacem, ancien joueur qui a révélé son homosexualité dans son autobiographie, d’écouter Yvan Gastaut, historien natif de Monaco venu raconter le parcours inspirant de Joséphine Baker ou de participer à la journée internationale des droits des femmes.
Récemment, ils ont participé à un concours d’éloquence en interne, en vue d’une finale nationale face à d’autres équipes de Ligue 1. Le vainqueur monégasque devait défendre les couleurs de son club le 2 juin à Paris. Et Virginie Gollino de conclure : « Si des personnes ou des associations veulent travailler avec nous ou qu’ils ont des projets, qu’ils n’hésitent pas ! Des stages, des journées découvertes dans des entreprises… » Le message est passé.