Steven Da Costa a marqué les esprits lors des Jeux olympiques de Tokyo 2021 en devenant le premier champion olympique de karaté et par son combat pour faire figurer sa discipline au programme de Paris 2024. Nous l’avons rencontré dans le cadre du Sportel 2021.
Il était parti pour Tokyo avec pour unique objectif d’aller chercher la médaille d’or. La toute première de l’histoire des Olympiades, puisque jamais auparavant la discipline n’avait figuré au programme des compétitions. La plus belle des breloques, Steven da Costa a réussi, grâce à sa rigueur et à sa combativité, à l’ajouter à son palmarès déjà bien garni. Avec la passion qui l’anime aussi dans ce quotidien, le jeune homme de 24 ans revient sur cette expérience unique dans sa vie de sportif et de karatéka.
Après vos titres européens et mondiaux, vous avez atteint le firmament à Tokyo. Qu’est ce que cela fait de savoir qu’on a marqué l’histoire en devenant le premier olympien en karaté dans la catégorie des -67 kg, dans le pays d’origine de la discipline ?
C’est magnifique. Après, je ne mesure pas l’événement. Comme déjà d’être champion olympique en soi, c’est beau, mais je ne le mesure pas. Etre le premier, c’est magnifique. Mais être le dernier, c’est un peu moins beau.
Le karaté ne sera donc pas au programme des Jeux de Paris 2024, malgré tous les efforts et l’énergie que vous avez mis après votre médaille, et malgré le soutien de nombreuses personnalités…La déception est forte de ne pouvoir remettre votre titre en jeu à domicile ?
C’est un combat qui méritait d’être mené donc je l’ai fait, même si, au fond, je savais que cela ne changerait rien. Mais cela a donné une belle image à mon sport, à moi aussi je pense. Et j’étais légitime de le faire donc je l’ai fait. Malheureusement, ce n’est pas dans mes cordes aujourd’hui de changer les choses. Mais comme c’est une belle injustice, il fallait que je me batte. Nous avons été soutenus par énormément de monde, dont la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, des députés… Je pense avoir fait une belle démarche. Je pense que 2024 sera une belle aventure quand même et peut-être que je serais acteur des Jeux de Paris d’une autre manière, mais c’est triste pour moi, pour le sport et pour tous les pratiquants.
Cela peut être un objectif aussi pour Los Angeles 2028?
Oui, je pense. Mais je serais moins acteur, parce que ce n’est pas mon travail. C’est la Fédération (Fédération Française de Karaté et Disciplines Associées, NDLR) qui va se battre. Le plus important, c’était ces Jeux à la maison. Après oui, c’est un combat sans fin parce que, pour moi, le karaté a sa place aux J.O., que ce soit à Paris ou ailleurs. Je pense que la Fédération va continuer a se battre. Je l’espère en tout cas, parce que cela vaut le coup d’être fait et les Jeux valent le coup d’être vécus.
Le karaté a été annoncé au programme de Tokyo en 2016. C’était quelque chose dont vous rêviez avant cela ?
A partir du moment où le karaté est devenu sport olympique, c’était forcément un nouvel objectif, mais je ne peux pas dire que j’ai rêvé des J.O. toute ma vie. A la base déjà, quand tu commences un sport, c’est pour le loisir et tu ne sais pas ce que tu vas devenir à travers cette discipline-là. C’est un peu comme avec les Jeux. Tout va vite, ça s’enchaîne et tu te retrouves aux Jeux, sans avoir eu le temps de réaliser tout ce qui s’est passé avant. Avant, ce n’était pas olympique, alors je n’y pensais pas forcément. Et quand tu ne les as pas vécus, tu ne sais pas à quel point c’est magique. Tu veux être champion du monde, etc… mais en vrai les Jeux ont encore une autre dimension.
Vous êtes issus d’une famille de karatékas (Son frère aîné Logan et son jumeau Jessie sont eux aussi en équipe de France). Vous êtes coachés par votre père, qui est devenu entraîneur professionnel pour vous accompagner dans cette passion. C’est un atout ce mélange personnel et professionnel ? Ou cela peut parfois être compliqué ?
Ca « clashe » des fois, mais c’est bien. Le fait que l’on soit sans filtres, c’est ce qui nous permet d’avancer aujourd’hui, parce qu’on marche beaucoup à l’orgueil. Et plus ça « clashe », plus on a envie de faire encore mieux, de montrer ce qui nous fait vraiment avancer. On se tire vers le haut. C’est une force qu’on soit tous les quatre.
Propos recueillis par Aurore Teodoro