Malgré les péripéties, l’athlète français de 25 ans a récupéré le record d’Europe du 5 km route (13 »12) qu’il avait perdu en 2022 au profit de Yemaneberhan Crippa.
On ne peut compter que sur soi-même. Jimmy Gressier a vérifié l’adage lors du Monaco Run. Amoureux de la Principauté et de ses épreuves, l’athlète tricolore avait sécurisé sa participation au 5 kilomètres sur route. Avec une idée bien précise derrière la tête : récupérer le record d’Europe qu’il avait décroché ici même en 2020 et que l’Italien Yemaneberhan Crippa avait battu… dans les rues de Monaco, l’an dernier !
Embûches en pagaille
La course a démarré plus tôt que prévu pour le fondeur de l’équipe de France, originaire de Boulogne-sur-Mer. De retour d’un stage de trois semaines au Kenya où il s’est délesté de « trois, quatre kilos », il s’est autorisé un rapide passage à Paris pour soulager une douleur dorsale avant d’embarquer à l’aéroport d’Orly samedi en fin de matinée.
Embarquement qui n’aura finalement jamais lieu, la faute à une grève surprise des aiguilleurs décidée le jour même. Un coup dur pour Gressier et son entraîneur qui ont tout juste eu le temps de courir vers la gare pour prendre un train les déposant dans le Sud en fin de soirée, la veille de la course.
« Ayant vécu dans un milieu assez modeste et dans un quartier défavorisé, j’ai l’habitude des galères, préférait-il sourire après un trajet de six heures. Ces derniers temps, on m’a offert un certain confort pour me permettre de performer. Je me suis certainement embourgeoisé. Il me faut de la difficulté pour me rappeler d’où je viens et me donner l’envie de me défoncer, d’aller chercher de plus grandes performances. »
Et Jimmy Gressier de rappeler sa mésaventure pas si lointaine, survenue avant les JO de Tokyo en 2021. Alors qu’il doit s’envoler vers Huelva pour réaliser les minima olympiques, le Nordiste est retenu toute une nuit à l’aéroport de Göteborg (Suède) : le vol vers l’Espagne ayant été retardé, son test PCR est devenu caduc trente minutes avant le départ. « J’ai dormi sur le sol avant de décoller à six heures du matin. Le lendemain, j’ai signé mon record en 13 »08 et j’ai décroché mon ticket pour le Japon. »
Hautes espérances
Le scénario s’est répété et, comme pour rattraper le temps perdu dans la campagne française, le fondeur a volé sur le port de Monaco. Il n’avait pas le choix, lui qui souhaitait récupérer « son » record d’Europe. Avec de sacrés concurrents au départ dont Dominic Lobalu, vainqueur de la Diamond League de Stockholm sur 3 000 m piste à l’été 2022, le Français s’est démarqué en adoptant un excellent rythme (moyenne de 2’38 au kilomètre) dans le sillage de deux lièvres.
« Affûté » depuis son séjour kényan, il a coupé la ligne d’arrivée en 13 minutes et 12 secondes*, soit deux secondes de mieux que Crippa. « Je savais que j’avais le record dans les jambes. Les conditions étaient idéales. Comme toujours, j’ai pris énormément de plaisir ici et je suis récompensé », jubilait Jimmy Gressier, qui avait coché d’autres dates sur le calendrier pour « réussir sa saison ».
Outre le 10 km de Castellón (sixième le 26 février, record personnel à la clé) et les Championnats de France de cross (premier le 12 mars), l’athlète boulonnais rêvait de devenir le premier Français vainqueur du semi-marathon de Paris le 5 mars. Las, il terminera troisième en cassant la barrière des 1 heure (59 »55). Le train repassera.
