Pour sa première année en senior, le pensionnaire de l’AS Monaco a enchaîné les belles prestations et tutoyé les sommets lors d’échéances internationales majeures. De bon augure pour la suite d’une carrière pleine d’ambitions.
Vice-champion de France Elite, septième aux championnats du monde et médaillé de bronze aux Europe… C’est un été glorieux que vient de vivre Téo Andant. « L’aboutissement de beaucoup de travail et de persévérance », souligne le licencié de l’AS Monaco Athlétisme, qui avait fait de sa qualification en équipe de France A l’un de ses objectifs pour sa première année en senior.
Pourtant, la saison n’avait pas commencé sous les meilleurs auspices. « Pendant toute la préparation hivernale, j’étais bon à l’entraînement mais je n’avais pas les performances voulues en compétition. Idem en début de saison estivale », confie l’athlète de 23 ans.
Pour se remettre en piste, il réalise alors un travail de fond avec son préparateur mental et sa psychologue. En parallèle, le sprinteur revoit sa stratégie de course. « En début de saison, j’essayais de faire un premier 200 mètres plus rapide, sauf que je craquais à la fin. Avec ce nouveau format de course, je pars plus prudemment, quitte à peut-être passer les 200 mètres dans les trois derniers concurrents pour ensuite réaliser une grosse dernière ligne droite. »
Le pari a payé, l’Asémiste renoue avec le succès. Et c’est à Malte, sous les couleurs de son club, qu’il retrouve enfin son rythme. « J’ai appliqué cette forme de course pour la première fois aux championnats des Petits États d’Europe et je me suis vraiment bien senti. A la fin de la course, j’étais fatigué mais sans plus. Je me suis dit que j’avais beaucoup de marge et qu’il y avait moyen de faire quelque chose cette année. Cela m’a conforté dans mes convictions et m’a motivé. »
Rentré de l’île de la Méditerranée avec deux breloques autour du cou, voilà le sprinteur reboosté. Le timing est parfait, à deux semaines des championnats de France Elite, où il arrive, conquérant. « Je me déplace toujours pour gagner, même si je ne suis pas favori ou que je n’ai pas le meilleur chrono. En série, je bats mon record personnel de quatre centièmes. Je savais que j’avais encore de la marge. En finale, avec l’adrénaline supplémentaire, je fais moins de 46 secondes, mon objectif en début de saison », relate l’athlète qui confie aussi avoir « pris énormément de plaisir à courir. Je me suis vraiment amusé. Je n’ai pas subi la course, j’en étais acteur ».
Et avec cette belle médaille d’argent et le titre de vice-champion de France, vient aussi la sélection en équipe de France A pour les échéances internationales. De Eugene à Munich Le plaisir, un des mots qui revient aussi lorsqu’on évoque ses premiers championnats du monde à Eugène (Etats-Unis). De quoi se remettre de la déception de l’an dernier et de son forfait pour blessure à quelques semaines des Mondiaux de relais.
Au sein du campus de l’Université de l’Oregon, le Monégasque découvre le monde du très haut niveau, avec ses chambres d’appels, sa zone mixte où il passe « devant des journalistes du monde entier, devant Nelson (Monfort)« . Loin de laisser le stress l’envahir, ce féru de relais s’avance sur le tartan avec l’impatience d’en découdre.
« Je devais être 3e relayeur mais Ludovic (Ouceni) s’est blessé à l’échauffement. La composition a changé et je suis passé en 4e position. Finir le relais crée une petite pression supplémentaire mais j’ai vraiment pris énormément de plaisir. C’était la première fois que je courais dans un stade pareil avec un tel public, de tels adversaires, à des intensités encore inconnues pour moi. J’ai réalisé des chronos que je n’avais jamais faits auparavant. »
Avec ses coéquipiers, le relais français passe le stade des séries – l’objectif initial – puis prend la 7e place au classement final. De bon augure en vue des Europe qui se déroulaient quelques semaines plus tard à Munich (Allemagne). Car en finissant 2e nation européenne, la sélection tricolore sait qu’elle peut viser une médaille, voire même la première place du podium.
Objectif Paris 2024
Dans le Stade Olympique de Munich, Téo vit une autre expérience unique. « L’ambiance était différente, avec plus de ferveur, de bruits. Le stade, avec ses 60 000 places, était beaucoup plus impressionnant », relate le jeune athlète.
Il ajoute : « La pression aussi était différente parce qu’on avait cette obligation de médaille. A l’échauffement, j’étais déterminé, dans un état second. Je me sentais fort. J’ai pris beaucoup de plaisir en finale. Lorsque je prends le témoin, je suis avec le Belge Kevin Borlée, une référence sur le 400 m que je suis depuis 2010. Je ne savais pas trop quoi faire : rester derrière lui ou le passer. Finalement, je décide de le passer et j’assume cette décision pour donner le témoin à Thomas (Jordier) afin qu’il puisse finir le boulot. » Malheureusement, l’essai n’est pas transformé.
Son coéquipier ressent une petite gêne au mollet dans la dernière ligne droite et le quatuor français termine sur la troisième marche du podium derrière la Grande-Bretagne et la Belgique. « Sur le moment, il y a eu un peu de frustration, mais on était heureux du résultat, on a tous fait notre travail. Avec le recul, on sait qu’on a un très gros potentiel et une grande marge de progression. C’est la première étape pour les Jeux olympiques », annonce le sprinteur.
Car cette génération vise haut. Et Téo en tête de file. Premier licencié de l’AS Monaco Athlétisme à monter sur un podium international chez les seniors, la « Locomotive », comme on le surnomme dans son club, affiche ses ambitions où se mêlent médailles aux championnats du monde de Budapest en 2023, sélections en individuel mais aussi, et surtout, Paris 2024 et un record personnel. « Seuls deux Français ont fait 44 secondes au 400 mètres, j’aimerais être le troisième. L’objectif, l’année prochaine, est de se rapprocher des 45′. Dans la vie, il ne faut pas se fixer de limites. Je pense que j’en suis capable et je vais tout donner pour le faire. »