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James Bunce décrypte la reprise de l’AS Monaco

Rentrée des classes précoce à l’AS Monaco. Les professionnels ont retrouvé le chemin de La Turbie le 18 juin afin de préparer un début de saison qui s’annonce très chargé entre les tours préliminaires de Ligue des Champions et le lancement de la Ligue 1. Décryptage avec James Bunce, directeur de la performance.

L’AS Monaco a officiellement lancé sa 64e saison dans l’élite le 18 juin dernier. La reprise intervient relativement tôt, mais les joueurs du Rocher, les premiers de Ligue 1 à retrouver les terrains, n’ont pas une minute à perdre. Troisièmes du dernier exercice, dépassés par l’Olympique de Marseille dans une fin de championnat haletante qui les a vus aligner 10 matches sans défaite, ils sont qualifiés pour le troisième tour préliminaire de la Ligue des Champions.

Le PSV Eindhoven se dressera sur leur route les 3 et 10 août, avant d’éventuels matches de barrages pour accéder à la phase de groupes de la C1. La Ligue 1, elle, reprendra ses droits entre les deux premières dates européennes. L’ASM se déplacera à Strasbourg le 6 août à 17 heures. La période est donc décisive. 

C’est dans ce contexte que Philippe Clement a accueilli ses joueurs au Centre de performance de la Turbie. Depuis son bureau donnant sur les terrains d’entraînement, James Bunce, directeur du pôle performance, avoue être particulièrement excité : « Le calendrier est compliqué à aborder, mais nous savons ce qu’il faut faire pour réussir dans cette période importante pour le club. Nous avons voulu faire revenir les joueurs plus tôt afin qu’ils soient prêts. Ce que nous avons vu au cours des deux premières semaines nous comble en termes de professionnalisme et de qualité. »

Invoquée par Philippe Clement et reprise par le directeur de la performance, l’idée d’un « sprint dans un marathon » d’une cinquantaine de matches en 2022/2023 prend tout son sens. Les Asémistes ont démarré façon diesel leurs deux dernières saisons. Après huit journées de Ligue 1, ils affichaient 11 points en 2020/2021 (12e au classement) et en 2021/2022 (8e). Les unités perdues très tôt dans la saison ont été préjudiciables, malgré une seconde partie d’année toujours aussi brillante, et ce alors que les autres équipes s’essoufflaient. 

Deux matches par semaine

Cette montée en puissance monégasque s’explique en grande partie par le travail effectué par James Bunce et le staff de qualité composant le pôle performance de l’ASM (médical, nutrition, data, psychologie, etc). Ils établissent les bases de la préparation d’avant-saison en adéquation avec les volontés et les besoins de l’entraîneur, et accompagnent les joueurs tout au long de l’année à l’aide d’une technologie de pointe : logiciels, GPS, caméras… Une rigueur de chaque instant.

« Même pendant les vacances, les joueurs sont tenus à un programme, annonce le directeur du pôle, arrivé à l’ASM en octobre 2020 après des passages à la Fédération américaine de football et en Premier League. Il est important qu’ils se reposent après avoir joué 60 matches l’an dernier, donc nous leur donnons 10 jours de coupure. Mais nous leur demandons de faire attention à leur masse graisseuse et de rester actif en allant marcher ou nager. Dans les dernières semaines, nous introduisons différents types d’exercices qu’ils doivent effectuer trois fois par semaine. Le but est que leur corps s’habitue à l’intensité, car la reprise officielle sera un choc pour l’organisme. »

La coopération des joueurs est essentielle, alors que 14 rencontres les attendent en un peu moins de sept semaines. L’objectif de la pré-saison est donc de les préparer à disputer deux matches « aux normes de la Ligue des Champions » hebdomadairement : « Nous travaillons d’abord sur le volume, les charges, les distances et les mouvements, et diminuons progressivement au profit du sprint. » Les Rouge et Blanc sont montés en gamme au fil des cinq parties amicales qu’ils ont disputées  (un sixième est prévu contre le FC Porto le 23 juillet).

Préparer 25 joueurs

A cette période de l’année, fatigue et courbatures sont les meilleurs amis des footballeurs. Et James Bunce d’imager son explication : « Lorsqu’un muscle est soumis à une charge inhabituelle, le corps se dit : « Je n’aime pas ça, je vais donc le rendre plus gros et plus fort ». Ce phénomène s’appelle la surcompensation. Pour limiter le risque de blessure, nous devons toujours trouver un équilibre entre pousser les joueurs au-delà de ce qu’ils ont fait auparavant et les laisser récupérer pour recommencer encore et encore. »

Si l’Autriche a eu les faveurs des dirigeants monégasques l’été dernier, c’est au Portugal, et plus précisément à Lagos, que le groupe professionnel a pris ses quartiers début juillet pour un stage de six jours. Parmi les 32 joueurs retenus, huit sont issus de l’Academy. Une nouvelle donnée à prendre en compte pour le pôle performance, qui doit également considérer le retour des internationaux. « Les jeunes ont une opportunité incroyable de découvrir le jeu et l’intensité de ce niveau, mais nous devons faire attention car ils ne sont pas habitués. On ne peut pas leur demander la même charge de travail qu’à Ruben (Aguilar) ou Caio (Henrique). Même cas de figure pour Wissam (Ben Yedder) à son retour de vacances », éclaire James Bunce. 

Le Britannique prolonge : « Il faut trouver la formule magique pour gérer 25 joueurs en fonction de leur profil et des paramètres. Dans une saison aussi longue, ciselée par la Coupe du monde en novembre et décembre, nous aurons besoin de tout le monde. Ils devront être prêts à jouer deux fois par semaine à haute intensité pour assurer des résultats constants. Heureusement, nous avons trouvé l’un des meilleurs entraîneurs que j’aie jamais vus pour sa capacité d’adaptation. » Philippe Clement, ingénieur de formation, a surtout compris que l’avenir appartient aux joueurs qui reprennent tôt.

Jérémie BERNIGOLE-STROH

Publié le 18 Juil. 08:30