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FERRARI F1 GP IMOLA VENERDI 22/04/2022 credit @Scuderia Ferrari Press Office

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Charles Leclerc : « Impossible que Monaco disparaisse du calendrier »

Charles Leclerc s’apprête à disputer son quatrième Grand Prix de Monaco en Formule 1, le troisième avec la Scuderia Ferrari. Le pilote monégasque n’a jamais terminé une épreuve à domicile depuis son passage en monoplace, mais il refuse d’y voir une quelconque malchance, comme il nous l’a confié durant une interview accordée aux médias locaux, mardi après-midi. Extraits choisis.

La première place du championnat chipée par Max Verstappen :

« Cela ne m’impacte pas. C’est sûr que j’aurais préféré arriver à domicile en étant en tête du classement. Mais c’est un détail à ce moment de la saison. Il reste encore une quinzaine de courses, je crois. La saison est longue. Avant Barcelone, on se posait quand même pas mal de question parce que, il faut le reconnaître, on n’avait pas forcément la même performance que Red Bull en course. Surtout au niveau de la dégradation des pneus, plus marquée chez nous. On avait du mal à contenir Max (Verstappen) et Sergio (Pérez) derrière nous pendant la course. En Espagne, on a trouvé pas mal de réponses à ces questions et ce qu’il en est ressorti est beaucoup plus positif. Il y a eu ce problème qui nous a clairement coûté la victoire dimanche. Mais, en même temps, on a retrouvé pas mal de confiance en course. La dégradation des gommes était très bonne. Encore une fois, perdre la tête du championnat ne change pas mon approche pour ce week-end. Je vais me donner à 110% comme d’habitude, comme depuis le début de l’année. C’est un Grand Prix très spécial pour moi, parce que je cours à domicile. Mais c’est exactement dans ce genre de week-end qu’il faut ne pas trop en faire. »

Vers une lutte Leclerc/Verstappen pour le titre ?

« Je pense que ce sera plus entre Red Bull et Ferrari. Mercedes fait de gros progrès. On l’a vu à Barcelone. Les Flèches d’argent sont encore un petit peu derrière, malgré un gros rapprochement ce week-end. Il est impossible de sortir Mercedes de l’équation, car c’est un Team très fort et toujours dans la course. Mais, avec les performances que je vois en ce moment, le titre se jouera certainement entre Red Bull et nous. »

Différences entre le Charles de 2019 et celui de 2022 :

« J’ai changé. Année après année, dans ma vie comme dans mon sport, j’ai grandi, j’ai acquis de l’expérience. Je reconnais ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas, j’essaie de nouvelles choses. Pour m’aider, j’écris énormément. Je couche sur papier tout ce que je ressens, ce que je tente, toutes les directions prises avec mes ingénieurs. Petit à petit, avec toutes ces notes, je m’améliore comme pilote et comme humain. Donc oui, je suis très différent. Ce sont tous ces petits détails qui font de grandes différences. Je suis probablement plus calme et mature depuis trois ans. C’est l’accumulation de toutes sortes de détails qui m’ont fait évoluer au fil des ans. »

Les premières évolutions sur la SF-75 à Barcelone :

« Elles ont été positives. Elles nous ont aidé à faire un step en performance. Nos évolutions ont fonctionné exactement comme on le voulait, ces nouvelles pièces ont eu l’impact qu’on attendait. C’est une très bonne nouvelle, car ce n’est pas toujours le cas. Parfois, il y a des petites différences entre ce que l’on voit sur les ordinateurs et ce que l’on obtient sur la vraie voiture. C’est donc positif. »

La dégradation des pneumatiques :

« Ça va beaucoup mieux. De là à dire, après une course, qu’on a plus du tout ce problème, c’est peut-être un peu tôt. Mais en tout cas, on a clairement vu des progrès. Il faut attendre quelques manches pour avoir la certitude que nos réglages fonctionnent. »

Bilan de début de saison :

« Il est extrêmement bon, en tout cas de mon côté. Je suis très satisfait du boulot que j’accomplis depuis le début de l’année. Nous avons été moins compétitifs que Max et que Red Bull sur certaines courses. A Barcelone, on a repris un peu de performance. L’épreuve ne s’est pas terminée comme je le souhaitais, mais il faut aller de l’avant. Pareil pour l’erreur à Imola. Je suis très content de la manière dont on travaille avec le Team. Le chemin est très positif pour l’instant. »

Les rumeurs sur l’éventuelle disparition du Grand Prix de Monaco :

« Pour moi, il est impossible de ne pas avoir Monaco dans le calendrier. La Formule 1 compte quelques circuits mythiques, dont Monaco. Il faut garder cette histoire, aussi bien pour la F1 que pour la Principauté. Les dirigeants n’ont pas forcément besoin de me poser la question pour savoir que je souhaite conserver ce Grand Prix qui est super spécial. Pas seulement pour moi, mais pour la F1. »

Sa malchance à Monaco :

« C’est vrai que quand je me retourne sur les dernières courses à domicile, je n’ai pas eu énormément de chance. Mais je ne crois pas en la malchance. En revanche, je crois beaucoup en l’équilibre dans la vie. Je suis sûr que toutes les années de malchance m’offriront de meilleures opportunités dans le futur. J’espère que la situation s’inversera dès cette année. »

Pas d’atteinte psychologique :

« Mes abandons à Monaco ? Je n’y pense absolument pas. Après, c’est sûr que quand on me pose la question, j’y réfléchis. (Rires) Mais quand je rentrerai dans la voiture vendredi, je n’y penserai pas une seule seconde. Il ne faut pas que je change mon approche à cause de ce qui s’est passé les dernières années. Certains épisodes n’étaient pas sous mon contrôle. Quand cela se passe comme ça, il faut tout simplement faire un reset et oublier. Ma motivation est élevée, comme depuis le début de l’année. On a fait du bon boulot jusqu’à présent, il ne faut pas surfaire à Monaco. »

L’accident avec la monoplace de Niki Lauda au Grand Prix de Monaco Historique :

« Malheureusement, je ne pouvais vraiment rien faire. En ce sens, je n’ai pas ressenti une quelconque perte de confiance après cet incident. Pareil pour dimanche, quand le moteur a lâché. Cela fait partie du sport automobile. J’espère que ce Grand Prix à domicile se passera enfin bien pour moi. C’est une année très importante, où chaque point compte. »

Son accident en qualification l’an dernier :

« Je commets une erreur le samedi, mais j’étais assez confiant le dimanche pour trouver la confiance. Malheureusement on a cassé quelque chose en allant sur la grille. La déception était très grande.

Le budget cap après la critique de Christian Horner :

« Très honnêtement, il est compliqué pour moi de commenter cela. Je ne possède pas une vision globale de la manière dont  Ferrari gère le budget cap. C’est plutôt une question pour Mattia (Binotto, directeur de la Scuderia). L’intention était bonne pour essayer de rééquilibrer le tout. Il faut bien contrôler, il y a sûrement des moyens pour passer un peu à côté. Mais s’il est bien règlementé, le budget cap est positif pour la F1. »

Le rythme en course :

« On l’a amélioré. Les nouvelles pièces introduites à Barcelone ont déjà permis un gros step. Dimanche, on gérait bien les pneus, on n’avait pas de dégradation, le feeling était bon… Petit à petit, on creusait l’écart avec Max, qui a également commis une erreur. On va devoir continuer à bosser, car Red Bull est un Team très bon, et particulièrement performant dans le développement de la voiture. Il est cependant inutile de paniquer. Nos améliorations ont bien fonctionné. Il nous faudra en produire d’autres pour continuer à progresser. »

La météo pour le Grand Prix à Monaco :

« Ces dernières années, Ferrari a rencontré pas mal de problèmes sous la pluie. On avait plus de mal que sur piste sèche. Mais cette année, ça a l’air d’aller un petit mieux. On a déjà pu le voir à Imola. Alors, qu’il pleuve ou qu’il fasse beau ce week-end, ça ne me dérange pas. »

Carlos Sainz :

« Il a prouvé l’année dernière qu’il était un très bon pilote, très rapide. Carlos est solide, toujours constant. Cette année, il a eu un peu plus de difficulté sur les premières courses, mais je pense que ce n’est qu’une question de temps avant de le voir à l’aise dans la voiture et de le retrouver à nos côtés pour jouer la gagne et nous permettre de faire des doublés avec Ferrari. »

Le marsouinage :

« Ce phénomène a surpris tout le monde en F1 car cela faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vu. J’ai de la chance car je ne suis pas du tout sensible à ces mouvements. Ca bouge pas mal dans la voiture, je le ressens, mais ce n’est pas un gros problème pour moi. Cela dépend vraiment des Teams, des voitures… Ferrari faisait partie des écuries les plus importées en début de saison. Il y a du mieux. ceux qui en avaient le plus en début de saison, ça s’est amélioré. Ce sera intéressant d’analyser la situation à Monaco, avec une piste relativement bosselée. »

Sa place en F1 :

« En fait, c’est bizarre. Quand on le vit, on perçoit la situation différemment. Je reste moi-même, même si ma vie a pas mal changé, c’est vrai. A Monaco comme ailleurs, ce n’est plus pareil, je dois m’organiser un peu différemment. Mais je reste la même personne. L’intérêt pour ma personne est est bien plus important depuis que je pilote pour Ferrari, que je gagne des courses et que je dispose d’une voiture pour jouer la gagne. Mais je ne me concentre pas sur la perception extérieure. C’est une leçon que j’ai apprise en Formule 1. Je sais ce que je fais, ce que je dois faire pour obtenir des résultats et c’est le plus important. »

Gagner le Grand Prix de Monaco ou le championnat ?

« J’adore Monaco mais si je dois faire un choix, ce sera le championnat du monde. Et comme je n’ai pas le choix, je vais essayer de faire les deux. C’est le bon compromis ! »

Son objectif de cinq victoires :

« Je le revois clairement à la hausse, oui. Viser cinq succès était un bon objectif en début d’année, quand nous ne connaissions pas notre niveau face aux autres écuries. Si l’on reste compétitif tout au long de la saison, j’espère en avoir plus. En tout cas, l’objectif est clair : j’aimerais gagner le championnat. »

Sa relation avec les fans :

« Donner en retour à mes fans est très important pour moi. Mon image publique est importante. Mais je ne veux pas jouer un rôle, je suis juste moi-même. Je ne changerai jamais. »

Sa relation avec le Prince Albert II :

« Jouer un match de football avec le Prince est quelque chose de spécial. Avec le Souverain, je joue très souvent au padel, un sport très amusant et formidable. Nous faisons beaucoup de sport ensemble. C’est toujours très spécial de l’avoir autour de moi et de le voir me soutenir depuis le début. C’est quelque chose dont je suis très fier, mais aussi très reconnaissant. »

Propos recueillis par Jérémie Bernigole-Stroh

Publié le 24 Mai. 22:31